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L'animatrice de radio

Le 1er juin 1952, la première station de radio française privée en Saskatchewan ouvre ses portes à Gravelbourg. Lors des cérémonies d’ouverture de CFRG à Gravelbourg, Antonio de Margerie, chef du Secrétariat de l’ACFC, rappelle l’histoire des démarches, douloureuses parfois, qui ont mené à cette journée.

Puis, il livre le message de l’ACFC, l’organisme qui a tellement oeuvré à l’établissement des stations françaises dans l’Ouest: «Et maintenant, poste de Gravelbourg, nous te souhaitons d’abord une longue vie. Nous te souhaitons assez de prospérité matérielle pour que tu sois libre de te consacrer tout entier aux choses de l’esprit, du coeur et de l’âme pour lesquelles, ne l’oublie pas, tu as été créé.

Tu t’es choisi une fort belle devise, parlez français, ferez valoir. Reste-s-y toujours fidèle! Oui, poste CFRG, fais valoir notre parler français! C’est là ta mission première. Fais vibrer le verbe français dans tous nos foyers. Fais le apprécier et aimer!

Apprends à nos petits enfants, surtout, à en être fier! Apprends-nous tous à le parler correctement, énergiquement, avec élégance et naturel. N’oublie jamais que tu viens d’assumer un rôle d’une importance sans égal, celui d’être l’éducateur de notre peuple. Rappelle-toi que chaque syllabe qui sortira de ta bouche aura de lointaines et profondes répercussions. Que ta voix serve donc à éduquer, à élever notre population; à la cultiver selon ses origines et ses aspirations propres, à lui faire aimer le beau, le vrai, le bien.»17

Tout au long de sa carrière d’animatrice à la radio, Marie-Antoinette Papen s’inspirera de ce discours de son frère; elle fera vibrer le verbe français en province, elle éduquera la population fransaskoise et elle les poussera à se cultiver et à aimer le beau, le vrai et le bien.

L’animatrice de l’émission «Au fil de l’heure»

Cinq mois après l’ouverture de CFRG, le 6 novembre 1952, c’est au tour des Franco-Canadiens du nord de la Saskatchewan de capter les émissions de CFNS à Saskatoon. Cette station diffuse ses émissions sur la fréquence 1170 kilocycles avec une capacité émettrice de 1 000 watts. Les lettres d’appel signifient: Canadiens français du Nord de la Saskatchewan.

Marie-Antoinette Papen a été embauchée pour s’occuper de la discothèque de CFNS ainsi que des annonces publicitaires.
«En 1952, Fernand Ippersiel, directeur des programmes à CFNS, l’invite à animer une émission pour les femmes. Elle accepte et l’émission Au fil de l’heure devient une institution, étant diffusée sans relâche jusqu’à la retraite de l’animatrice en 1972. Lors de sa dernière émission en 1972, madame Papen a rappelé à ses auditrices comment elle en était venue à animer cette émission.

"Il y a vingt ans cette année, M. Ippersiel, notre directeur des programmes de ce temps-là, m’avait appelée dans son bureau et puis il m’avait dit: ‘Mme Papen, on va vous confier l’émission féminine lorsque le poste CFNS entrera en ondes. C’est votre bébé, occupez-vous en! Eh bien, mon bébé a vingt ans et je pense qu’il est capable de voler de ses propres ailes, je l’espère du moins. Il y a vingt ans que vous êtes fidèles à votre émission féminine, alors je veux profiter des quelques dernières minutes qui me restent pour remercier toutes mes auditrices."»18

Ainsi est née la carrière au micro d’une des plus populaires animatrices des annales de la radio française en Saskatchewan. Madame Papen est donc devenue une des premières employées de CFNS à Saskatoon. Au cours des vingt années suivantes, elle deviendra, selon les besoins, secrétaire, traductrice de nouvelles, discothécaire, annonceure, opératrice et, pour quatre mois en 1961, directrice de la station.


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