Chapitre 3
Charles Papen devient gérant de CFNS

Son association avec CFNS ne sera pas ininterrompue. À un moment, Marie-Antoinette Papen quitte la station pour suivre son mari qui a accepté un emploi de gérant d’une compagnie d’automobiles à Melfort. Mais, en 1955, elle est de retour à CFNS, cette fois-ci en compagnie de son mari qui a accepté d’en être le nouveau gérant. Dans son rapport aux directeurs de Radio-Prairie-Nord Limitée en 1956, Charles Papen rappelait comment il en était arrivé à obtenir le poste de gérant.

«Je ne sais pas ce que j’ai fait de mal à M. l’abbé Beaulac 19 pour que son choix tombe sur moi, mais il ne m’a pas lâché jusqu’à ce que je dise oui. Il faut dire aussi qu’il avait bien envie et était bien décidé de vouloir réengager ma femme comme employée. Alors fin comme il est, il a ainsi tué, et je dis bien tué, deux mouches du même coup. Nous étions bien heureux et tranquille pourtant à Melfort.»20

Au cours des six années suivantes, Marie-Antoinette Papen appuiera toutes les démarches de son mari. La première chose qui les accueille quand ils arrivent à CFNS en 1955 est une situation financière peu encourageante. Ils devront travailler d’arrache-pied pour augmenter le volume des annonces publicitaires afin d'assurer la survie de la station. Une autre de leur préoccupation est l’arrivée de la télévision. Par chance, beaucoup foyers canadiens-français n'ont pas de téléviseur.

Dans un autre rapport aux directeurs, Charles Papen écrit:«9 400 foyers francophones en Saskatchewan n’ont pas encore de télévision et que ces gens-là écoutent la radio.»21

Charles et Marie-Antoinette Papen n’ont pas peur d’apporter de nouvelles idées à CFNS. En 1957, par exemple, ils commencent «un espèce de service de placement, ceci plus particulièrement pour de la main-d’oeuvre agricole. Nous avons eu le plaisir d’aider plusieurs fermiers et par le fait même plusieurs jeunes gens.»22

Ils inaugurent un service de nouvelles locales et régionales en collaboration avec les trois autres stations de l’Ouest. Ils offrent plus de nouvelles des villages francophones du nord de la Saskatchewan (annonces de mariages, de naissances, de décès, d'anniversaires et de visites importantes. «Ces nouvelles donneraient un caractère plus intime et plus personnel à l’émission et la rendraient plus intéressante aux auditeurs.»23

Bien sûr, en plus d’aider son mari à gérer CFNS, Marie-Antoinette revient au micro et reprend son émission «Au fil de l’heure». Dans son rapport du 28 novembre 1959 aux directeurs de RPN, Charles Papen nous donne un aperçu des tâches de sa femme: «elle fait tout le commercial, tenue des livres, contacte les commanditaires pour de l’annonce ou de la continuité, vérifie les textes qui doivent être envoyés aux clients et s’occupe du programme féminin. Elle fait aussi de la promotion pour les commanditaires et arrive avec de bonnes suggestions pour attirer l’attention des auditeurs vers le poste.»24

Il ne faudrait pas oublier non plus que Mme Papen écoute tous les disques qui arrivent à CFNS et elle choisit ceux qui pourront être diffusés sur les ondes.
À cette époque, Charles et Marie-Antoinette Papen vivent au sous-sol de la station CFNS et tous les soirs, ainsi que les fins de semaine, ils remontent au bureau pour finir le travail qu’ils n’ont pas eu le temps de faire pendant la journée.