Une expérience sur une île tropicale | Une nouvelle aventure au Canada |
Raymond Denis naît à Courcelles, près de Saint-Jean d’Angely en France, le 15 octobre 1885. Cette année-là, Victor Hugo, le grand poète français, meurt à Paris, tandis que dans les prairies lointaines de l’Ouest canadien, les Métis et Louis Riel se battent une dernière fois contre les autorités canadiennes. Né dans le pays de Hugo, c’est sur le territoire de Louis Riel et de Gabriel Dumont que Raymond Denis mènera ses plus belles batailles pour la défense des droits des francophones.
Raymond, le fils aîné de Léon Denis et d’Héloïse Bon, passe ses premières années en France avec ses deux frères, Clodomir et Clotaire, et ses deux soeurs, Marie et Maria. Son père est cordonnier et propriétaire d’une épicerie.
Au sujet de sa jeunesse, Raymond Denis écrit: «Ma jeunesse, je suppose, fut tout à fait normale. Des études plutôt écourtées pour différentes raisons: tempérament batailleur et m’intéressant beaucoup à la politique.»1 Dès l’âge de dix ans, le jeune Raymond connaît le nom de la plupart des 562 membres de la Chambre des députés de Paris.
Son père lui fait lire les journaux à haute voix. Mais le jeune garçon de Courcelles n’est pas un enfant facile à élever. Il est têtu et il n’aime pas céder dans les discussions.
Comme bien d’autres jeunes de son âge à l’époque, ou même de nos jours, Raymond se lance en affaires à l’âge de 12 ans. Il livre le journal du dimanche. Son territoire comprend quatre paroisses: Courcelles, Vervant, Antezand et Poursay Garneau. Pour faire ses livraisons, il doit parcourir de 12 à 16 kilomètres chaque dimanche. Il livre surtout des journaux catholiques et il lui arrive souvent de revenir chez lui le soir avec des vêtements déchirés ou un oeil au beurre noir, parce qu’il s’est battu avec des jeunes qui livrent des journaux socialistes.
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La famille Denis achète une plantation de 300 hectares. Sur cette plantation, il y a des oranges, des bananes et des noix de coco. Et surtout, il y a une multitude d’oiseaux de toutes les couleurs. La Nouvelle-Calédonie semble être un véritable paradis terrestre aux yeux du jeune Raymond.
De ce pays tropical, Raymond Denis allait écrire, soixante ans plus tard: «La végétation était merveilleuse. Jamais de neige bien entendu et jamais de gelées. Les arbres avaient toujours des feuilles. L’hiver y était inconnu. C’était un pays tropical, mais la chaleur était tempérée par la brise de la mer et on n’en souffrait pas. Pas d’animaux sauvages, ni serpents d’aucune sorte, mais des maringouins par millions.»3
Trois ans plus tard, la famille décide de rentrer en France. La mère de Raymond est atteinte de tuberculose et elle tient à revoir son pays natal avant de mourir.
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