Chapitre:3 L'éducation française en Saskatchewan

Depuis le tout début de la colonisation en Saskatchewan, les Franco-Canadiens ont dû se battre pour conserver leur religion et leur langue. Mais souvent, comme de nos jours, la défense de nos droits est remplacée par d’autres préoccupations. Au début du siècle, pour nos ancêtres «la résistance aux pressions assimilatrices du milieu anglais passait souvent au second plan, derrière les problèmes de l’adaptation au nouveau type d’agriculture, la nécessité de se créer un cadre de vie confortable, le besoin tout naturel d’évasion par les amusements, les problèmes de la vie familiale, le quotidien.»13

Eh oui, nos ancêtres ne pouvaient pas consacrer tout leur temps à des batailles pour obtenir des écoles et d’autres institutions qui aideraient à conserver la langue française dans la province. Ce n’est pas que la question ne les intéressait pas, mais ils n’avaient pas toujours le temps.
Le clergé et les religieuses faisaient leur possible pour soutenir le travail des Franco-Canadiens de la Saskatchewan et ils ont aidé à fonder plusieurs organisations comme la Société Saint-Jean-Baptiste, l’Association catholique franco-canadienne de la Saskatchewan (ACFC), l’Association Interprovinciale et l’Association des commissaires d’écoles Franco-Canadiens de la Saskatchewan (ACEFC). Mais, le clergé et les religieuses ne pouvaient pas tout faire et ils ont alors demandé de l’aide à plusieurs Franco-Canadiens.

L’un de ceux qui répond à l’appel est Raymond Denis. Nous avons vu dans les chapitres précédents qu’il n’était pas nécessairement un bon fermier - certes, il aimait ses chevaux, mais pour être bon fermier, il fallait davantage.

Raymond Denis s’intéresse aux causes francophones dès 1909. Il est installé dans la petite communauté rurale de Saint-Denis quand le curé de Vonda, l’abbé Philippe-Antoine Bérubé, décide de fonder une fédération provinciale des cercles locaux de la Société Saint-Jean-Baptiste. Il existe déjà des clubs dans plusieurs régions: Willow Bunch, Wauchope, Delmas et Vonda. Le curé convoque une assemblée de représentants de ces clubs locaux à Vonda les 29 et 30 juin 1909.

Raymond Denis n’allait pas manquer cette réunion. En France, durant sa jeunesse, il s’était passionné pour la politique. Il connaissait les noms de tous les députés de l’Assemblée nationale à Paris, il avait fait des discours politiques et il avait participé à des manifestations. Même s’il est simple fermier à Saint-Denis, pourquoi éviterait-il une belle petite bagarre politique sur la question de l’avenir des francophones de la Saskatchewan?

Pendant la réunion, on soulève la question des écoles françaises. Les Franco-Canadiens de la Saskatchewan pourront-ils garder leurs écoles maintenant que les Territoires du Nord-Ouest ont été divisés en deux provinces, la Saskatchewan et l’Alberta?

Durant l’après-midi du 29 juin, l’abbé Bérubé vient retrouver Raymond Denis et lui
Mgr Langevin
demande de prononcer un discours. Mgr Langevin, archévêque de Saint-Boniface, doit également dire quelques mots.14 L’abbé Bérubé lui demande de parler sur la question de La langue gardienne de la foi . Raymond Denis est heureux de lui faire cette faveur. C’est son premier discours en Saskatchewan sur cette question mais ce ne sera pas le dernier.

Les délégués, à la réunion de Vonda, ne réussissent pas à se mettre d’accord pour fonder une fédération provinciale des cercles locaux de la Société Saint-Jean-Baptiste. Il faudra attendre jusqu’en 1912 pour voir la création d’une association provinciale de Canadiens français. C’est à Duck Lake, en 1912, que les Franco-Canadiens de la Saskatchewan acceptent de créer l’Association catholique franco-canadienne de la Saskatchewan, l’ACFC. Raymond Denis est présent à cette rencontre et il appuie probablement la nomination de Maurice Quennelle comme président de l’association.

Au cours des années suivantes, Raymond Denis s’engage de plus en plus dans la cause de la survivance française en Saskatchewan. L’éducation française lui tient à coeur. Il est à Regina en 1917 lors de la création de l’Association Interprovinciale dont le but est de recruter et de former des enseignants pour les écoles élémentaires françaises en Saskatchewan et dans l’Ouest.