Chapitre deux

La chasse aux bisons

Au moment de quitter St-Boniface en 1840, Isidore Dumont décide d’aller rejoindre une caravane de Métis qui se prépare à partir vers les plaines de l’ouest pour la grande chasse annuelle aux bisons. À cette époque, les Métis partaient à la chasse pour tout l’été; on faisait la chasse au printemps et à nouveau à l’automne.

Les Dumont voyagent en charrette de la Rivière-Rouge jusqu’à Pembina, une petite communauté métisse située au sud de Saint-Boniface. Là, ils se joignent à un groupe de Métis qui ont décidé de se rendre dans la région du plateau du Coteau du Missouri (aujourd’hui aux États-Unis) pour y chasser le bison.

Comme c’est toujours le cas, l’expédition de chasse comprend chasseurs, femmes et enfants. Gabriel Dumont et sa famille se joignent en 1840 à la plus grande expédition de chasse organisée par les Métis. Il y a 1 630 personnes dans le groupe, y compris quelque 400 enfants. La caravane partant de Pembina vers l’ouest comprend 1 210 charrettes de la Rivière-Rouge tirées par des chevaux ou des boeufs.



La région du Plateau du Coteau du Missouri vers 1840

Imaginons le jeune Gabriel monté sur le siège de la charrette de son père. Pour un jeune garçon comme lui, c’est certainement un moment excitant.

La chasse aux bisons occupe une place très importante dans la vie des Métis. C’est leur principal gagne-pain. La viande du bison sera séchée pour faire du pemmican. Ce pemmican sera ensuite vendu à la Compagnie de la Baie d’Hudson pour nourrir les traiteurs de fourrure dans les postes de traite.

Avant de quitter Pembina pour la chasse, les hommes se réunissent pour choisir les capitaines et établir les lois de la caravane. Dix capitaines sont élus par tous les hommes et l’un d’entre eux est nommé chef du camp ou président de la chasse. En 1840, le président de la chasse est un Métis écossais, Jean-Baptiste Wilkie.

Les Métis aiment leur liberté. Ils sont fiers de s’appeler des «hommes libres». Toutefois, pour assurer que la chasse soit un succès, il est important d’imposer des lois. Ces lois sont simples mais elles doivent être respectées par tous les membres du groupe.

«En fait, ils ne faisaient qu’entériner une fois de plus les règlements établis lors des chasses précédentes, règlements qui restèrent à peu près inchangés jusqu’aux dernières chasses au bison, quarante ans plus tard.

1. Nul ne doit chasser le dimanche.

2. Nul groupe ne doit s’écarter du convoi, ni le précéder, ni traîner en arrière.

3. Nul groupe ou individu ne doit chasser le bison avant le signal.

4. Chaque capitaine et ses hommes, à tour de rôle, doivent patrouiller à l’intérieur du camp et monter la garde.

5. Dans le cas d’une première infraction, la selle et la bride du contrevenant seront lacérées.

6. Dans le cas d’une deuxième infraction, le manteau du coupable sera saisi et lacéré.

7. Dans le cas d’une troisième infraction, le coupable sera fouetté.

8. Toute personne trouvée coupable de vol, même si c’est une peccadille, sera amenée au milieu du campement et le crieur criera son nom trois fois, y adjoignant chaque fois le mot “voleur“. » 6.