Chapitre trois

Le frétage

Après la chasse de 1840, Isidore Dumont et sa famille se dirigent vers la vallée de la Saskatchewan. Ils voyagent avec d’autres familles métisses et traversent la fourche des Gros Ventres à l’endroit où va naître, trente ans plus tard, la petite communauté de Batoche. En 1840, il n’y a même pas de bac 7 à cet endroit.

Les Dumont se rendent à Fort Carlton et ensuite à Fort Pitt. C’est près de ce fort, l’endroit de sa naissance, qu’Isidore Dumont décide de s’installer. Il se lance dans la traite des fourrures. C’est dans cette région que le jeune Gabriel va passer la majeure partie de sa jeunesse.

La chasse aux bisons est le principal gagne-pain des Métis. Ils vendent une partie du pemmican à la Compagnie de la Baie d’Hudson; ce pemmican sert à nourrir les traiteurs de fourrures dans les postes de traite et les forts dans la région qui est aujourd’hui l’Alberta et la Saskatchewan.



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Piste Humbolt de Winnipeg à Batoche et Piste Carlton de Batoche à Edmonton

Pistes métisses dans le Nord-Ouest au XIXième siècle.

Toutefois, les Métis se lancent dans une autre industrie, celle du «frétage».8 De la colonie de la Rivière-Rouge, les Métis et leurs caravanes de charrettes se dirigent vers l’ouest, en direction du Fort Carlton, du Fort Pitt et du Fort Edmonton. Les charrettes sont chargées de provisions; du pemmican, de la mélasse, de la farine et des objets (couteaux, plats, etc.) à échanger contre les fourrures.

Après avoir livré leurs marchandises, les «fréteurs» métis remplissent leurs charrettes de fourrures et reviennent à la Rivière-Rouge. Avant longtemps, les «fréteurs» métis et leurs charrettes de la Rivière-Rouge font concurrence aux bateliers de la Compagnie de la Baie d’Hudson et leurs barges et bateaux York.

Une série de pistes, les grandes routes de l’époque, se trace dans les prairies de l’Ouest. La plus importante de ces pistes quitte la colonie de la Rivière-Rouge, passe près du Fort Ellice et se rend au Fort Carlton. De là, elle continue vers l’ouest jusqu’à Edmonton. Il s’agit de la piste Carlton.

D’autres pistes quittent le Fort Carlton et s’étendent vers les régions du nord de la Saskatchewan (piste du Lac Vert) tandis que d’autres se dirigent vers le sud et les États-Unis (piste Batoche).

Gabriel Dumont, comme bien d’autres Métis, fait un peu de «frétage». Il retourne à la Rivière-Rouge une fois par année, généralement à l’automne, pour y acheter des marchandises et vendre son pemmican et ses fourrures. Mais il préfère la chasse au «frétage» et il semble qu’il ne retourne plus à la Rivière-Rouge après 1860.