Ses divers emplois
Chapitre 1

Le traiteur de fourrures

Jean-Louis dans le marché du travail

Le 25 octobre 1841, à Saint-Jacques de l’Achigan au Québec, dans la maison de François-Xavier Légaré, naît un jeune garçon que l’on dénomme Jean-Louis. À cette époque, il n’y a pas d’hôpitaux et les mères donnent naissance à leurs enfants à la maison avec l’aide de sages-femmes qui remplacent les médecins.

Région de Montréal, Saint-Jacques de l'Achigan et Saint-Gabriel de Brandon au Québec...

Le père du jeune garçon, François-Xavier Légaré, est canadien-français, tandis que sa mère, Julie Melançon, a été élevée dans une famille de descendance acadienne, un foyer qui n’a jamais oublié la grande déportation des Acadiens en 1755. Durant sa jeunesse, le jeune Jean-Louis écoute avec passion les histoires de sa mère racontant les aventures des Acadiens, leur déportation de Port Royal en 1755, leur séjour en sol américain et leur retour en pays français, au Québec. De son père, il entend des histoires au sujet de la Rébellion de 1837-1838.

Lorsqu’il a cinq ans, la famille Légaré quitte Saint-Jacques et va s’établir dans une paroisse voisine, Saint-Gabriel-de-Brandon. Il s’agit d’une toute nouvelle paroisse. On ne tarde pas à construire une église et une école. Jean-Louis, comme les enfants des autres colons de Saint-Gabriel-de-Brandon, fréquente la petite école du rang.

Une fois qu’il a terminé sa septième année, il n’est pas question qu’il poursuive ses études. Il n’y a pas d’école secondaire à Saint-Gabriel et son père n’a pas les moyens de l’envoyer dans un collège classique. Jean-Louis abandonne donc ses études et commence à travailler sur la ferme de son père.

Quelques années plus tard, à l’âge de 24 ans, Jean-Louis décide de quitter le Québec pour aller tenter fortune aux États-Unis. Plusieurs des jeunes hommes du village sont à Providence dans le Rhode Island où ils travaillent en usine.

Ses parents ne veulent pas le voir partir et Jean-Louis se sent déchiré. S’il s’en va aux États-Unis, il ne reviendra probablement jamais. D’autre part, il n’y a plus grand espoir pour lui au Québec. Ses frères vont hériter de la ferme paternelle et il n’y a plus de terres libres dans la région.

La semaine suivante, comme tant d'autres, il prend la route de Montréal pour ensuite se rendre aux États-Unis. À Providence, dans le Rhode Island, il réussit à se trouver un emploi, mais le salaire est peu élevé et le jeune homme a de la difficulté à payer son loyer et acheter sa nourriture.

Après quelques mois, il décide de reprendre la route et se dirige cette fois vers l’Ouest. Il écrit à son père pour lui demander des conseils. François-Xavier lui répond que deux de ses oncles sont installés à Saint-Paul au Minnesota et qu’ils pourraient avoir du travail pour lui. De peine et de misère, Jean-Louis se rend à Saint-Paul. Hélas! La situation n’est pas meilleure qu’au Rhode Island. Un de ses oncles lui conseille d’aller travailler dans le bois comme bûcheron. Il y a du travail dans le bois dans la région de Saint-Cloud. Jean-Louis pourrait passer l’hiver là-bas et, au printemps, revenir à Saint-Paul, où ses oncles auraient peut-être du travail à lui offrir.

La maison de Jean-Louis Légaré
à Willow Bunch

Le jeune homme se rend compte que la vie de bûcheron sera dure, mais au moins il pourra manger trois repas par jour. Il se rend à Saint-Cloud et obtient du travail comme bûcheron. Il passe l’hiver dans le bois. Le printemps suivant, il revient à Saint-Cloud et travaille comme fabriquant de briques, mais l'’usine de fabrication de briques ferme ses portes six mois plus tard et Jean-Louis ne réussit à obtenir que 17, 50 $ pour six mois de travail.