Chapitre 3

Jean-Louis Légaré, rancher

Ses expériences sur les ranchs


La chasse au bison
À cette époque, le bison a été presque exterminé. Il n’est plus question de partir chaque printemps pour la chasse annuelle aux bisons. De plus en plus, les Métis commencent à s’établir sur des fermes. Dans la région de Willow Bunch, durant les années 1880, on commence à établir de gros ranches pour faire l’élevage du bétail et des chevaux.

Jean-Louis est l'un des premiers à se lancer dans cette nouvelle aventure. Plusieurs Métis sont embauchés comme cowboys sur les trois ranches de l’ancien traiteur de fourrures. (Voir carte, Willow Bunch.) Au début, il fait surtout l’élevage des chevaux. Mais, en 1884, il décide d’échanger un bon nombre de ses chevaux contre des vaches. Petit à petit, il se bâtit un troupeau de vaches laitières.

Maintenant qu’il a des vaches laitières, il faut les traire. Mais que va-t-il faire du lait? Il n’y a pas assez d’habitants dans la région pour consommer tout ce lait. En 1889, Légaré décide de se faire construire une fromagerie à Willow Bunch. Le premier fromager est un Métis, Gaspard Beaupré, père du géant Édouard.16

Mais Gaspard Beaupré n’a pas étudié le métier de fromager et pour assurer le succès de son entreprise, Jean-Louis fait venir un expert fromager de Saint-Gabriel-de-Brandon. Joseph Boucher arrive à Willow Bunch en 1890 pour apporter son expertise dans cette industrie.

Cette année-là, la fromagerie produit 30 000 livres de fromage de première qualité. Puisqu’il faut 10 livres de lait pour produire une livre de fromage, les Métis de Willow Bunch (plusieurs à leur propre compte, d’autres travaillant pour Jean-Louis Légaré) doivent traire des vaches pour produire 300 000 livres de lait.

Les Métis qui possèdent leurs propres vaches reçoivent 75 cents pour 100 livres de lait. Ceux qui traient des vaches pour Légaré reçoivent 50 cents pour 100 livres. La fromagerie rapporte un revenu de 3 000 dollars à Willow Bunch en 1890.

Jean-Louis Légaré continue d’augmenter son troupeau. En 1891, il est propriétaire de 180 vaches laitières et 220 autres bêtes à cornes (bétail destiné à l’abattoir). Deux ans plus tard, l’hiver est très froid et Légaré perd une bonne partie de son troupeau. La misère revient à Willow Bunch. Pour créer de l’emploi et éviter la famine dans la région, Légaré embauche plusieurs Métis pour ramasser les os de bison qu’on trouve ici et là sur la prairie. Ces os seront envoyés à Weyburn et transformés en engrais.17

Les employés de Jean-Louis amassent des os en quantité au printemps de 1893. Ils en ont assez pour remplir 84 boxcars ou wagons de train. Les os se vendent 6,50 $ la tonne.

En 1899, Jean-Louis Légaré décide de vendre son troupeau de bétail qui compte maintenant 1 100 têtes. Mais il n’a pas l’intention de prendre sa retraite. Il se rend au Montana, où il achète 1 500 chevaux et 600 poulains. (Voir Willow Bunch.)

Jean-Louis continuera à élever des chevaux jusqu’à sa mort, le 1er février 1918.

Fin du 3e chapitre