Chapitre quatre

Les événements de Batoche

Au printemps 1884, les Métis et les Anglais décident qu’ils ont besoin d’un homme comme Louis Riel pour mener leur lutte contre Ottawa. Une délégation est mandatée pour aller à Saint-Pierre au Montana, demander l’aide du fondateur du Manitoba. Gabriel Dumont est à la tête de la délégation qui arrive dans la vallée de la rivière au Lait le 4 juin. Ils rencontrent Riel à la porte de la petite église de la mission. Ils lui demandent de revenir au Canada pour les aider à formuler leurs pétitions et leurs revendications. Riel accepte.

Le village de Batoche vers 1885
Louis Riel arrive à Batoche avec sa famille au début juillet. Il commence immédiatement à consulter les Métis, les Anglais et les Indiens. Comme au Manitoba en 1870, Riel et les Métis dressent une liste des Droits des habitants du Nord-Ouest.





«Cette liste ne contenait que sept clauses:

  1. Subdivision des Territoires du Nord-Ouest en provinces.
  2. Concessions de terres et autres avantages, pour les Métis, semblables à ceux qui avaient été accordés à leurs frères du Manitoba.
  3. Émission immédiate de lettres patentes aux colons en possession.
  4. Vente d’un demi-million d’acres des terres de la Couronne pour la fondation d’écoles, d’hôpitaux et d’autres institutions de ce genre dans les établissements métis, et pour fournir des graines de semence et des instruments aratoires aux Métis pauvres.
  5. Réserve de cent cantons de terres marécageuses destinées à être distribuées aux enfants des Métis au cours des 120 années à venir.
  6. Une allocation de 1000 $ pour le maintien d’une institution de religieuses dans chaque établissement métis.
  7. Dispositions pour le bien-être des Indiens.»21

La région de Batoche en 1885(Carte 9k) . . .

Cette liste des Droits des Métis est envoyée à Ottawa avec une pétition le 16 décembre 1884, mais le gouvernement ne répond pas immédiatement aux demandes des Métis. C’est seulement au mois de février 1885 qu’un télégramme annonce que le gouvernement a l’intention d’établir une commission d’enquête pour étudier les demandes des Métis.

Mais entre-temps, à Batoche, des rumeurs commencent à circuler, selon lesquelles le gouvernement va demander à la Police montée d’intervenir: «Ah! vous faites encore des assemblées! C’est Riel et Dumont qui vous mènent! Eh bien! il y a en route cinq cents hommes de police qui les feront taire. Comme réponse à vos requêtes, ils ont des chaînes pour Riel, des balles pour les membres de son Conseil.»22 Ces propos furent attribués à Lawrence Clark, un agent de la Compagnie de la Baie d’Hudson dans la région de Duck Lake.

Riel décide alors de former un gouvernement provisoire. Cependant, la situation n’est plus la même qu’en 1870. À cette époque, la Compagnie de la Baie d’Hudson avait abdiqué son autorité sur le territoire et le gouvernement canadien n’avait pas encore pris possession de la Terre de Rupert. Ce n’est pas le cas en 1885. Il y a un gouvernement légitimement établi dans les Territoires du Nord-Ouest. L’établissement d’un gouvernement provisoire est un acte de haute trahison.

Le gouvernement provisoire est créé le 18 mars 1885 à Batoche. Riel devient le chef politique et spirituel des Métis, tandis que Gabriel Dumont devient leur chef militaire. À cause de la création du gouvernement provisoire, les Métis perdent l’appui des Anglais et du clergé. Riel demande que l’on fasse une neuvaine23 avant de passer à l’action.

C’est le 26 mars que les troubles commencent, au Lac aux Canards. La première bataille est livrée contre la Police montée, et après la victoire des Métis au Lac aux Canards, Ottawa décide d’envoyer l’armée pour rétablir la paix dans le Nord-Ouest. Le général Frederick Dobson Middleton est nommé chef de l’expédition. L’armée arrive à Qu’Appelle au début d’avril et commence une longue marche vers Batoche.

Sachant que l’armée marche sur Batoche, Dumont veut aller à sa rencontre pour la harceler: voler les provisions et les armes, brûler le foin pour nourrir les animaux et les diriger loin de Batoche. Mais Riel ne veut pas voir couler le sang et c’est seulement lorsque l’armée arrive près de l’anse aux Poissons (Fish Creek), ou coulée des Touronds, qu’il accepte d’envoyer des hommes.

La bataille de Fish Creek a lieu le 24 avril. Elle se termine par une autre victoire des Métis. Quelque 80 soldats métis arrêtent une armée de plus de 1 000 hommes. Après la victoire, Dumont et ses hommes se replient sur Batoche. Riel veut que la dernière grande bataille ait lieu à Batoche. Dumont n’est pas d’accord, mais il se soumet à la volonté de son chef. Pendant que l’armée du général Middleton soigne ses blessés, Dumont et ses hommes se mettent au travail et préparent une série de tranchées le long de la rivière et dans les environs du village de Batoche.

Le 9 mai, les Métis aperçoivent l’armée qui arrive de Fish Creek. La bataille commence vers midi et se poursuit jusqu’au 12 mai. Les Métis manquent de munitions. L’armée envahit le village et les Métis doivent se disperser. Douze Métis sont tués.

Après la bataille, Dumont s’enfuit vers les États-Unis. Avant de partir, il essaie de convaincre Riel de l’accompagner, mais le chef décide de se livrer aux autorités canadiennes.

Il est emmené à Regina où il est accusé de haute trahison. Un jury le déclare coupable au début août 1885 et il est condamné à mort. Le 16 novembre 1885, Riel monte les marches de l’échafaud à Regina et il est pendu.

Pour finir, parlons un peu de la famille de Louis Riel. Louis et Marguerite Monet, dite Belhumeur,24 ont eu trois enfants. L’aîné, Jean,25 se marie en 1908 à Laura Casault au Québec. Il meurt quelque temps après, à la suite d’un accident au Manitoba, sans laisser d’enfants. Les deux autres enfants de Louis Riel sont morts très jeunes. Louis Riel n’a donc pas laissé de descendants.