Chapitre 2...

Le député de Saint-Boniface


Une fois effectué le transfert du territoire de la Terre de Rupert au Dominion du Canada, on procède à l’élection d’une première assemblée législative pour la nouvelle province du Manitoba. Les élections ont lieu le 30 décembre 1870. Un recensement a révélé qu’il y avait 5 757 Métis d’origine française, 4 083 Métis d’origine anglaise et écossaise, 1 565 colons anglais et 558 Indiens.

Le territoire de la nouvelle province est alors divisé en 24 circonscriptions électorales et il doit y avoir douze députés francophones et douze députés anglophones. Louis Schmidt est élu député de la circonscription de Saint-Boniface-Ouest.

À l’ordre du jour de la première session de l'Assemblée législative du Manitoba qui s’ouvre le 15 mars 1871, il est question d’adopter une loi scolaire. Louis Schmidt aide à la rédaction de cette loi, qui permettra l’enseignement en anglais et en français et l’établissement d’écoles catholiques. «L’organisme supérieur de l’enseignement public ne sera rien d’autre qu’un conseil général ou bureau, divisé en deux sections, l’une catholique, l’autre protestante. À chaque section, pourvue d’un surintendant, ressortiront l’administration et la direction des écoles de sa foi religieuse. Et ces écoles, publiques ou nationales, n’en seront pas moins confessionnelles, dotées des mêmes droits et des mêmes libertés, avec part égale aux fonds publics.»27

Si Louis Schmidt se souvenait de sa participation à la rédaction de cette loi en 1871 dans ses mémoires, il déplorait le fait qu’on ait abrogé la loi en 1890. «L’une des principales lois passées à cette session fut la loi des écoles, basées sur celle de Québec. Les catholiques et les protestants avaient le contrôle de leurs écoles respectives et se partageaient les octrois d’argent proportionnellement à leur population. C’est le système que nous avions également au Nord-Ouest jusqu’à 1892. Ici cette loi fut abrogée en 1890, au mépris de tout droit et de toute justice et des écoles neutres, dite nationales, lui furent substituées.»28

En 1872, Louis Schmidt est choisi pour répondre au discours du trône. Le journaliste du journal français, Le Métis , écrivait au sujet de ce discours: «M. Schmidt parle avec facilité; il est regrettable qu’il ne parle pas plus souvent.»29

Lorsque la Loi du Manitoba est adopté par le Parlement canadien en 1870, le respect du droit de propriété des Métis est incorporé dans la loi. Toutefois, Ottawa n’agit pas vite pour régler la question des terres et Louis Schmidt devient alors le principal porte-parole des Métis auprès du gouvernement fédéral à ce sujet.

Si la population de langue française était une faible majorité au Manitoba en 1870, tel n’est plus le cas en 1874. Puisqu’il y a maintenant plus d’anglophones que de francophones, on procède à une redistribution des districts électoraux. Aux élections de 1874, quatorze des députés viendront de circonscriptions anglaises et seulement dix seront élus par les francophones. L’ancienne circonscription de Saint-Boniface-Ouest est jumelée avec celle de Saint-Charles et Louis Schmidt perd son siège à l’Assemblée législative.

En 1878, il est élu dans la circonscription de Saint-François-Xavier, mais le gouvernement est défait un an plus tard et Schmidt abandonne la politique.

En 1872, Louis Schmidt épouse Justine Laviolette, une jeune fille de 18 ans. À part son salaire de député qui s’élève à 300 $ par année, quels sont ses moyens de subsistance? «En 1873, il devient un des trois surintendants des licences pour la province, un poste qu’il occupera jusqu’à son départ du Manitoba. Comme Métis, il a droit à un scrip et il consacre une partie de son temps à l’agriculture.»30

Entre 1870 et 1880, il milite dans des organisations nationales comme la Société Saint-Jean-Baptiste de Saint-Boniface, dont il est le premier secrétaire, et dans les affaires scolaires. Il est trésorier de l’école catholique de Saint-Boniface. Il est également probable qu’il contribue régulièrement au journal Le Métis fondé par Joseph Royal en 1871.

En 1880, Louis Schmidt quitte le Manitoba pour venir s’établir dans le district de la Saskatchewan.

-Fin de chapitre deux-