Historique des Hopitaux de la Péninsule Acadienne
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Lazaret - Biographies du Personnel Hospitalier

Mère Pagé - Sr Brault - Sr Viger - Sr Quesnel - Sr Reid - Sr Sicotte - Sr Clémence - Sr Fournier

Soeur Marie-Philomène Sicotte

Religieuse hospitalière de Saint-Joseh, la "mère des pauvres". Dotée d'une nature plutôt sensible, Marie-Philomène Sicotte était loin d'être de taille à affronter la vie ardue des Religieuses Hospitalières de Saint-Joseph durant les premières années de l'établissement de la communauté à Tracadie. Née le 21 juillet 1842, à Boucherville, elle était la fille de Louis Sicotte. La lettre circulaire nécrologique publiée après son décès indique qu'elle était issue d'une famille assez à l'aise. De constitution plutôt robuste, elle pouvait faire, en un jour, le travail d'une semaine, mais sous cette carapace solide, elle cachait une nature sensible et discrète. Peu de temps après son arrivée à Tracadie, alors qu'elle prenait soin des lépreux à titre d'infirmière en chef, elle fut frappée d'une profonde dépression dont elle ne se remit jamais complètement.

Très jeune, elle étudia chez les religieuses de la Congrégation Notre-Dame ayant comme compagne de classe Amanda Viger, fille de Bonaventure Viger, héros de l'insurrection de 1837. Cette dernière, future soeur Saint-Jean-de-Goto, pionnière de la fondation de Tracadie, était de trois ans sa cadette les jeunes filles se lièrent d'amitié. Marie-Philomène fit son entrée en communauté à Montréal, en 1861, un an après Amanda. Peu de temps après, les religieuses Hospitalières déménagèrent dans leurs nouveaux quartiers au mont Sainte-Famille à l'extérieur de la ville.

En 1874, Soeur Sicotte et une compagne reçurent la permission de sortir du cloître afin de se rendre à Caraquet pour y soigner les victime de la picote, maladie souvent mortelle à l'époque. Des quinze personnes soignées, quatre seulement guérirent. Soeur Sicotte, qui avait travaillé sans arrêt, fut frappée d'une grippe intestinale et fut très malade pendant plusieurs jours après son retour à Tracadie. Le curé de Caraquet, qu'elles avaient soigné dans cette circonstance, disait, le jour des funérailles de soeur Sicotte que "le sacrifice des Soeurs en cette occasion avait été héroïque".

A l'exception de ce court séjour à l'extérieur, soeur Sicotte oeuvra de façon discrète à l'intérieur de la petite communauté de Tracadie. Elle reçut la charge de l'orphelinat ouvert en 1888. Cette tâche, en plus de celle de dépositaire des pauvres, qu'elle accomplit pendant plusieurs années, fit d'elle une spécialiste de l'économie. Aucune pièce de tissu n'était ni trop petite, ni trop usée pour servir. Elle entrevoyait à cette époque la construction d'un nouvel hôpital et en préparait les plans avec soeur Saint-Jean et soeur Doucet. Ce projet lui tenait particulièrement à coeur: "S'il n'y a pas assez d'hommes pour nous aider, nos porterons nous-mêmes les pierres dans nos tabliers. Mais il faudra souvent se contenter de manger des vieilles patates et de la mélasse. " Malheureusement elle mourut avant les débuts de la nouvelle construction.

Elle fut maîtresse des novices pendant une courte période et assistante à la maîtresse des novices pendant neuf ans. Ce dernier rôle lui convenait mieux et elle y était plus heureuse. Habituée à l'activité physique ardue, elle n'hésitait pas à accomplir les travaux les plus minables. Sa grande foi et son amour du beau se reflétaient dans le soin avec lequel elle se consacrait à son rôle de sacristine. La petite chapelle était une merveille, les ornements et les fleurs artificielles oeuvres de ses mains.

Soeur Sicotte avait un attachement particulier pour les enfants, affection qui lui était bien rendue. Malgré une faiblesse cardiaque progressive, elle demeura avec les orphelins jusqu'à 17 jours avant son décès, le 3 novembre 1891. Son départ laissa un grand vide chez ses compagnes religieuses, le clergé, les victimes de la lèpre et particulièrement chez ses chers orphelins. Malgré qu'elle eut une vie intérieure assaillie de craintes de toutes sortes et ceci durant ses vingt-deux ans à Tracadie, ceux qui entouraient soeur Sicotte ressentaient son profond attachement pour eux et son amour de Dieu. On l'appelait "la mère des pauvres ". Sa contribution au progrès et à la stabilité de la communauté de Tracadie fut considérable.