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M. Phidélem Harvey (Source: Simone Tanguay) |
"IL est une maison...un manoir...un château... Chef-d'oeuvre encadré dans la mémoire Aussi vivant qu'une page d'histoire. Pour tous les fils et les filles du village Il est orgueil, patrimoine, héritage!" ( Tiré du recueil: Plus loin que mirage… de Anne-Marie Tanguay) |
Cet extrait du poème : Quand l'histoire se fait maison…terminait, en 1997, la description de la maison Johan-Beetz lors d'une fête commémorant le centième anniversaire de l'arrivée de Johan Beetz au petit village de Piastrebaie. Si la conclusion de ce poème s'applique à toutes les personnes natives de Baie-Johan-Beetz, elle était d'une sincérité encore plus marquante pour Monsieur Phidélem Harvey, gardien de cette chère Maison pendant plus de soixante ans!
Hélas! En 1997, Monsieur Harvey nous avait déjà quittés depuis 3 ans, laissant, à 2 de ses filles, le privilège de poursuivre un travail ou plutôt un loisir, devrais-je dire, pratiqué sans cesse dans le plaisir, la simplicité et l'amour.
Monsieur Phidélem vint au monde le 10 août 1913 à Piastrebaie à l'époque où Johan Beetz y habitait encore. Son père Thaddée, né à Anticosti, épousa Rose-Anna Loiseau et s'installa au village natal de sa conjointe. Dès la petite enfance, leur fils, comme tous les enfants de Piastrebaie, fut fasciné par la grande maison qui dominait, par ses dimensions,
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Mme Fife avec son guide, Phidélem Harvey, lors d'une pêche fructueuse. (Source: Simone Tanguay) |
Avant même d'atteindre l'âge de travailler, monsieur Phidélem a sûrement suivi son père, un des deux derniers guides de monsieur Beetz, dans les nombreuses allées et venues à la villa et aux dépendances. Son intérêt pour tout ce qui touchait cet environnement spécial était assez fort pour qu'il se souvienne encore, quelques soixante-quinze ans plus tard, du changement de nom du village qui prit en 1919 les prénom et patronyme de l'illustre personnage soit : Baie-Johan-Beetz. Il n'avait alors que 6 ans.
Et c'est ainsi qu'en 1933, le jeune homme de 20 ans, à la suite de ses père et grand-père, devint guide pour la pêche au saumon, côtoyant Johan Beetz revenu en vacances avec quelques distingués invités et servant de son mieux les propriétaires américains qui avaient acquis la maison en 1926. À chaque année, tout au long des saisons estivales, il continuait d'en découvrir en profondeur les nombreux trésors. Durant l'absence de ses patrons retournés aux États-Unis passer automnes et hivers, il en assurait la surveillance consciencieuse et fidèle. Il était donc devenu le véritable gardien d'un patrimoine qui défie encore le temps. La fascination d'autrefois se changea facilement en un sentiment plus grand : l'attachement. Si, au fil des années, monsieur Phidélem s'est installé à quelques endroits différents du village, il a toujours pu avoir vue prenante sur la Maison pour finalement, en 1965, élire domicile tout près de cette dernière.
Déjà, durant les années " 60 ", les voyageurs que l'avion et le bateau amenaient à Baie-Johan-Beetz s'intéressaient à la Maison. Sans horaire et en toute gratuité, monsieur Phidélem réservait à tous un accueil chaleureux et agrémentait la conversation d'anecdotes et d'explications pertinentes. Grâce à ces visiteurs, il a pris davantage conscience de l'importance de l'héritage culturel dont il était dépositaire. Soutenu par ses concitoyens et plusieurs personnes influentes, il entreprit des démarches auprès des instances gouvernementales pour que la Maison soit classée monument historique. Son rêve se réalisa en 1979.
MM. Denis Perron, Phidélem Harvey et René Lévesque à la Maison Johan-Beetz. (Source: Simone Tanguay) |
Le 3 mai 1995 alors qu'il revenait d'un voyage dans la région, le cœur et l'esprit remplis de projets pour la Pourvoirie qu'il gérait depuis 1983 et dont la saison de pêche allait débuter dans les prochaines semaines, monsieur Phidélem Harvey décéda subitement à Sept-Iles, laissant sa femme, ses 4 filles, leur famille et toute la population de Baie-Johan-Beetz dans une profonde tristesse.
Ici comme ailleurs, la vie se devait de continuer. Sa fille aînée Renée, son gendre Marcel Bourque, déjà employés de la Pourvoirie de Baie-Johan-Beetz inc., elle-même responsable de la Maison Johan-Beetz depuis 12 ans, reprirent courageusement la relève. Les visites continuèrent ainsi jusqu'à l'ouverture de la route 138 vers Havre-Saint- Pierre et le reste du pays à l'automne 1996. Depuis 3 ans maintenant, une de ses filles, Lise, s'est jointe à Renée pour recevoir , à chaque jour de mai à septembre, tous ces visiteurs qui franchissent le seuil de la grande Maison pour se faire raconter ,à leur tour, l'histoire de cette " centenaire " née de la merveilleuse aventure de Johan Beetz.
"Si monsieur Phidélem était là… Il saurait à sa manière à lui À prendre plus que plaisir À voir tant de désirs Enfin mutés en douce réalité!" |
Oui quel bonheur! Quel orgueil! Il ressentirait en accueillant ces 2 à 3 mille visiteurs qui, à chaque été, regardent, découvrent , admirent, photographient et finalement emportent dans leur souvenir la belle et précieuse Maison qu'il a, lui-même, si longtemps affectionnée et gardée!
Texte composé par Anne-Marie Tanguay
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