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Portrait de Johan Beetz |
Pour les gens de Baie-Johan-Beetz, Johan Beetz fut plus qu'un naturaliste. Plusieurs personnes se rappellent de lui comme étant médecin. Même s'il ne l'a jamais été, Johan Beetz possédait de bonnes connaissances en médecine, acquises à l'Université de Louvain. La région de Piastrebaie, à l'époque de Johan Beetz, ne disposait d'aucun médecin, ni d'infirmière. Alors, lorsqu'une maladie ou un accident arrivait, les gens de la région, Blancs et Amérindiens, allaient voir M. Beetz. Celui-ci, ne pouvant rester immobile devant la souffrance, les soignait gratuitement et payait les médicaments nécessaires. Voici un témoignage de son beau-frère, M. Délias Tanguay, tiré du livre La merveilleuse aventure de Johan Beetz :
«Gaston, mon fils aîné, tout jeune encore, tombe sur une hache vive, sa rotule était coupée en deux. Johan est venu, arrêta immédiatement le sang, en liant la partie supérieure, après la désinfection, fit des bandages , me demanda de faire une boîte solide et y installa la jambe du petit. Il télégraphia à un médecin qu'il connaissait bien : Edmond Dufresne de Montréal, son bon ami, pour expliquer ce qu'il avait fait. Le docteur le rassura en lui disant qu'il ne pouvait faire mieux. Un mois après mon petit bonhomme courait comme auparavant.»
Et ce n'est pas le seul témoignage. Tous les habitants du village, ou presque, ont déjà demandé l'aide de Johan Beetz pour enlever un kyste, assister les sages-femmes lors des accouchements, désinfecter une plaie ou simplement soulager un mal de dent. Mais un événement tragique au niveau planétaire permit à Johan Beetz de s'illustrer...
En 1918, l'épidémie de grippe espagnole faisait rage sur la Côte-Nord. Étant informé que la maladie descendait la rive du Saint-Laurent, Johan Beetz prit les grands moyens. Il mit littéralement le village de Piastrebaie (Baie-Johan-Beetz) en quarantaine, sachant que la maladie se propageait par les voyageurs. Lorsqu'une embarcation arrivait en vue du village, Johan et deux de ses hommes allaient à sa rencontre pour l'empêcher de débarquer au village. S'il s'agissait d'un voyageur, ils lui barraient le chemin; si c'était le service postal ou des marchandises qui arrivaient, Johan désinfecta chaque item en mer, avant de revenir sur la terre ferme. Il demanda aux villages voisins, Havre-Saint-Pierre et Aguanish, de faire de même. Malheureusement, leurs habitants ne suivirent pas à la lettre les conseils de M. Beetz, ce qui fit que leurs villages ne furent pas épargnés par la terrible maladie. Cependant, à Piastrebaie, aucun cas n'a été rapporté.
Par contre, certaines personnes, qui s'étaient butées au « blocus » de Johan Beetz, ont porté plainte à la Gendarmerie Royale. Cette dernière décida d'intervenir et de mettre fin au système de Johan Beetz. Cependant, Johan fut mis au courant de la visite prochaine des policiers. Il télégraphia sans plus attendre au ministre J.E. Perrault pour expliquer les raisons de sa conduite. Quelques jours plus tard, Johan reçu la réponse du ministre. Celui-ci l'encouragea dans ses démarches préventives. Lorsque les gendarmes arrivèrent au large de Piastrebaie, Johan alla à leur rencontre avec le télégramme du ministre à la main. À la lecture du message, les policiers repartirent. Ses démarches préventives étant approuvées et appliquées, Johan Beetz permit donc au village de Piastrebaie de devenir le seul village de la Côte-Nord, et un des rares au Canada, à n'avoir enregistré aucun cas de grippe espagnole.
En bref, le village de Piastrebaie bénéficia grandement de la présence de Johan Beetz, dans un temps où les services de santé étaient trop éloignés. C'est en bonne partie pour son oeuvre de charité et de générosité à Piastrebaie que le village, avec l'accord de tous, changea de nom pour s'appeler Baie-Johan-Beetz.
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