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Source : L’Estudiant, Nov. – Déc. 1942, Vol. 7 – No. 2

Le Mois du Bon Parler

  

     Ce n’est pas d’hier qu’on critique la qualité de la langue parlée au Québec et qu’on souhaite l’améliorer.

     De nos aînés nous gardons l'héritage, nous maintenons les traditions. Et parmi celles-là il en est une qui ramène chaque année le mois des morts. Si novembre est pour la nature un engourdissement, un ensevelissement, pour la langue française, au contraire, il est une période de résurrection.

     Pour lancer la campagne de bon parler, il fallait un stimulant et, en l'occurrence, ce fut une conférence. donnée par M. l'abbé Lionel Groulx, le 3 novembre.

     À cette occasion, les murs de la Salle académique étaient ornés de panneaux célébrant les beautés de notre langue. Les élèves du studio de dessin, sous la direction du Père Corbeil, semblaient s'être surpassés.

     Nous ne connaissions M. l'abbé Groulx que par ses oeuvres; c'est aujourd'hui un plaisir pour nous de pouvoir dire que nous le connaissons en personne. Avec un indiscutable talent d'orateur accompli, M. Groulx nous peignit à grands traits notre situation actuelle. “En face de cette situation, quelle est l'attitude qui convient?” Ce fut là le sujet de la conférence. Avec la maîtrise qui lui est coutumière, notre aimable conférencier discuta ces graves problèmes et nous montra la route à suivre. Si nous avions un souhait à formuler ce serait d'avoir encore le bonheur de recevoir parmi nous l'un des plus zélés défenseurs de notre langue et de nos droits.

     Décidément, cette année, le Mois du Bon Parler nous ménageait encore la connaissance d'un autre personnage qui fait parler de lui, un de nos anciens cette fois. En effet, le 5, à la Salle d'étude, le Dr Roméo Boucher, animateur du S.V.P. radiophonique, présidait une soirée du même genre. Les questions portaient sur les sujets les plus diverses mais étaient des mieux choisies; Les à-côtés de l'histoire, tel aurait pu être le titre de ce questionnaire. Il faut remercier M. Boucher de l'intéressante et fructueuse soirée qu'il a organisée et féliciter les gagnants des prix offerts généreusement par des professeurs de la maison et par M. Boucher

     7 novembre. — Ce soir, pendant que les Académies françaises Sr et Jr tiennent leurs séances bimensuelles, nos cadets d'Éléments latins nous présentent un programme nouveau genre: récitation de Fables de LaFontaine avec mise en scène de trois d'entre elles. Si quelques élèves durent se retirer, embarrassés qu'ils furent par le questionnaire du Père Préfet des Études, les acteurs ne faillirent point à la tâche. Toutes nos félicitations à Messieurs les Élémentaires pour leur succès.

     13 novembre. — L'exemple entraîne: ce soir, c'est au tour des Syntaxistes de nous dire quelques fables. La partie dramatique fut fort appréciée des spectateurs.

     20 novembre. — Les élèves de Versification et de Méthode présentent des extraits de LaFontaine, de Malherbe et de Lamartine. La scénète au programme est “Le Savetier et le Financier”: les récitateurs méritaient bien les applaudissements qu'on leur a prodigués.

     27 novembre. — À leur tour, les Humanistes ont tenu à présenter, eux aussi, leur programme. Ce soir, c'est le poète prosateur, Chateaubriand qui est à l'affiche. Messieurs, vous êtes d'autant plus dignes de nos hommages, que les morceaux que vous aviez choisis étaient plus difficiles à apprendre: le style emphatique et grandiose de Chateaubriand est d'une étude ardue. Aussi, le Père Préfet des Études n'eut pas à rougir des élèves.

     Ces divers programmes visaient surtout à la bonne diction. Cependant les anglicismes n'en furent pas moins combattus aussi vigoureusement. Chaque jour, à l'un des tableaux de la salle de récréation, était inscrite une série d'anglicismes avec leurs équivalents en un français épuré. Tous les élèves se sont intéressés à cette campagne.

     Et ainsi, grâce à l'heureuse initiative du R. Père Préfet des Études, grâce aussi à la bonne volonté de chacun, notre patois collégien est à faire peau neuve, et l'on remarque déjà une grande amélioration dans les conversations. Mais attention! Ce n'est pas seulement durant le mois de novembre qu'il faut bien parler, mais toujours! C'est là un devoir et un honneur.

     Pour clôturer cette campagne en faveur du bon parler, un concours final eut lieu le vendredi, 11 décembre. Quatre-vingts élèves eurent le courage de monter sur la scène, et de répondre aux questions du Père Préfet des Études, en corrigeant les anglicismes et les expressions fautives qu'il leur a proposés. La soirée s'est terminée par la distribution de plusieurs prix.

     Ainsi ont été inaugurés les SEXTIDIS; il serait à souhaiter que ces réunions enthousiastes du vendredi soir aient un autre lendemain.

Louis GERMAIN
Rhétorique “A”

 

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