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Les Clercs de Saint-Viateur
arrivent “en Canada”

En 1847, en visite à Vourles (France), Mgr Bourget prend contact avec le père Louis Querbes, supérieur-fondateur des Clercs de Saint-Viateur. Pour le collège de Barthélemy Joliette, il obtient trois religieux, les frères Étienne Champagneur, supérieur, Augustin Fayard et Louis Chrétien. Pendant la traversée, parfois houleuse, Mgr Bourget les initie à la vie canadienne.

 

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Échos de la traversée

     Notre vaisseau est un bon voilier, il dépasse tous les navires que nous rencontrons. Aujourd'hui il fait quatre lieues à l'heure. Si le vent d'est continue à souffler ainsi, on espère arriver vendredi à New York. Le 16 du courant nous avons franchi les bancs de Terre-Neuve. C'est l'endroit le plus dangereux dans cette saison à cause des glaces qui se détachent de la mer glaciale et qui s'avancent vers le sud; on les découvre au moyen de certains brouillards dont elles sont couvertes. Elles emmènent aussi le froid car plus nous avançons, plus nous sentons que l'air est vif. Nous sommes obligés de prendre nos manteaux pour aller nous promener sur le pont. C'est peut-être aussi le climat du Canada qui commence à se faire sentir, ses secousses ne sont pas des plus douces.[…]

Champagneur, Fayard et Chrétien
écrivent à Querbes, mai 1847

 

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Les premiers Clercs de Saint-Viateur français décriront leur voyage et leurs impressions sur les Canadiens dans plusieurs lettres. Le père Champagneur, dans les Annales de la Société de Saint-Viateur en Canada de mai 1847, relate ainsi leur voyage en bateau à vapeur et en diligence jusqu'à L'Industrie.

 

     À New York nous fûmes régalés d’anglais tant qu’on a voulu, ainsi que dans le trajet de cette ville à St Jean, en Canada, trajet qu’on fit par eau: sur un steamboat sur le fleuve Hudson jusqu’à Troy, puis sur un bateau jusqu’à White Hall, enfin sur le lac Champlain jusqu’à St Jean où un steamboat nous débarqua. Le changement subit de langage nous surprit tellement que nous écriâmes: nous voici dans une nouvelle France! Nous trouvâmes là Mgr Prince, coadjuteur de Mgr Bourget, et le chanoine Paré.

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De New York à L'Industrie

     Sans nous arrêter dans cette place, nous montâmes sur les chars qui nous conduisirent, en très peu de temps, jusqu’à St Lambert où nous embarquâmes dans le traversier de cette place à Montréal. Rien de plus beau que cette traversée sur le grand fleuve St Laurent! Rien de plus touchant que l’arrivée de l’Évêque dans sa ville épiscopale; les vendeuses de fruits s’écriaient en pleurant: le voilà donc ce saint Évêque: toutes les cloches sonnaient en branle et la foule nous enveloppait de toutes parts. Enfin nous arrivâmes à l'évêché où après le dîner nous partîmes pour l’industrie par le steamboat, le St-Louis, dont le capitaine était le père St. Louis.

Champagneur, Annales, mai 1847

 

Le village de l'Industrie (en 1846-1847)

Les trois premiers Clercs de Saint-Viateur arrivent à L'Industrie le 28 mai 1847. Barthélemy Joliette et les notables du village les accueillent, et les trois ecclésiastiques qui dirigeaient le collège depuis septembre 1846 leur cèdent la place. Bientôt arriveront des États-Unis les pères François-Thérèse Lahaye et Antoine Thibaudier. Leur connaissance de la langue anglaise fut une contribution précieuse pour le collège bilingue de Barthélemy Joliette.

 

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     L’Industrie est un bourg à peu près de la grandeur de Vourles. Il n’y a que 23 ans qu’il existe. Là où il est bâti, ce n'était autrefois qu'une vaste forêt. Mr. Joliette a fait couper le premier arbre en 1824. Il est situé à 3 lieues du fleuve St. Laurent avec lequel on veut le faire communiquer par un chemin de fer. De Montréal il faut remonter ce grand fleuve une distance de 10 lieues. L’Industrie se trouve dans une belle plaine au milieu de trois à six autres bourgs aussi considérables.

Champagneur à Querbes, 6 juin 1847

 

     L'augmentation de ce village, les progrès qui y ont lieu tous les jours vont rendre ce lieu un des plus célèbres du Canada; le moulin qui contient déjà huit moulanges va en recevoir quatre autres d'ici à l’hiver prochain. Dans quinze jours il y aura une fonderie en opération, c’est à cette fonderie qu’on va fondre les rouages d’un nouveau moulin et une cloche pour le collège. Ce qu'il y a de flatteur pour les Canadiens c’est que les maîtres-fondeurs sont deux Canadiens du nom de Blo. Ils ont appris leur art dans les États-Unis où ils ont resté douze ans chez M. Ward, de New York. L'établissement d'une verrerie est réservé pour le printemps prochain.

Mélanges religieux, 28 septembre 1846

 

     Si vous voulez avoir une idée du village de 1’Industrie, figurez-vous le au milieu d'une petite plaine entourée presqu’entièrement de bois. La plus grande partie des maisons sont en bois et très basses.

Fayard à Querbes, 6 juin 1847

     Mais le bois n'est pas cher: les forêts nous environnent. Dans les champs et dans les prés, on aperçoit des tas de bois qui pourissent, ou bien on les fait brûler. Une partie de la plaine de St.Charles de l’Industrie est encore couverte de souches à moitié brûlées. L’Industrie se trouve bâti sur la rive droite d'une belle rivière qui prend sa source dans une forêt dont on ne connaît pas les limites. Tous les ans on fait charrier à cette petite rivière plusieurs milliers de sapins jusqu'à l’Industrie où, au moyen de plusieurs moulins à scie, on en fait des madriers qu’on fait encore charrier sur la même rivière jusqu'au fleuve St- Laurent, le plus beau fleuve du globe. Là, on l’embarque pour l’Angleterre et de l’Angleterre, il arrive en France.

Champagneur à Querbes, 7 juillet 1847

 

 

 

Notre maison est magnifique

 

     Notre maison est magnifique, elle a 80 pieds de long, 35 de large, 3 étages et au-dessus du toit se trouve dans le milieu un petit clocher surmonté d'une croix. Autour de la maison, il y a deux grandes cours et un jardin à peu près de la grandeur de celui de Vourles, le tout entouré d'une palissade. À un hectomètre de là se trouve la maison d'école de la paroisse dirigée par un maître laïque, elle est entourée d'un joli jardin et de 80 à 100 arpents tout presque terre et bois, et tout cela est encore pour nous.

Fayard à Querbes, 6 juin 1847

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Aussi bon que le sucre en France


     Sur les terres de l'église et sur les terres du collège, [village de l'Industrie], il y a de belles prairies, le bois du presbytère qui est tout près du collège est une belle sucrerie, c'est-à-dire qu'il est rempli d'arbre à sucre. C'est la sève de l'érable, qui fournit la matière pour le sucre. Il est aussi bon que le sucre qu'on a en France.

Champagneur à Querbes, 7 juillet 1847

 

En 1866, presque vingt ans plus tard, le père Champagneur écrira que “les Canadiens aiment le temps des sucres comme les Français le temps des vendanges”. Dans cette lettre à Mgr Favre, il situe le temps des sucres entre le 25 mars et le 25 avril. 01csv9.GIF (5744 octets)

 

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L'hiver est extrêmement dur...

     On chauffe des poêles pendant la nuit à l'intérieur des maisons. Dans l'établissement où nous sommes, quatre énormes poêles ont ronflé nuit et jour pendant l'hiver dernier; deux dans le dortoir où étaient 40 pensionnaires et où on peut loger 70 à peu près, et deux autres dans différentes parties de la maison. Il faut un bon ouvrier pour pouvoir alimenter continuellement ces poêles.

Fayard à Querbes, 27 décembre 1847

 

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