LA PRESSE, MONTRÉAL, DIMANCHE 27 JUILLET 1997




LES STRAUSS AMÈNENT 6000 PERSONNES À LANAUDIÈRE


Claude Gingras


Tout le monde sait qu'un concert de l'OSM sans soliste correspond, à la salle Wilfrid-Pelletier, à une baisse d'assistance. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle des programmes affichent automatiquement un pianiste, un violoniste, une chanteuse, dont certains commandent au surplus de forts cachets.

Hier soir, le quatrième et dernier concert de Dutoit et l'OSM en cette 20e saison de Lanaudière avait attiré un auditoire exceptionnellement nombreux : au-delà de 6000 personnes, soit plus de deux fois la pleine capacité de W.-P. La partie couverte était entièrement remplie et la vaste pelouse inclinée, qui en est comme le prolongement vers les hauteurs, offrait encore une fois le spectacle d'une immense mer de spectateurs et de chaises pliantes, celles-ci plus rapprochées que d'habitude, cependant que, sur les sommes dominant le site, les auditeurs les plus éloignés n'étaient plus disposés en une seule mais en six ou sept rangées.

D'en bas ou d'en haut, l'angle était différent mais le spectacle, tout aussi grandiose. Partout, on entendait les gens s'étonner : " C'est la plus grosse assistance que j'aie encore vue à
Amphithéâtre ! " Cette observation sera aussi la mienne.

Comment expliquer que ce programme sans soliste ait attiré une assistance aussi considérable et d'ailleurs composée d'une foule de nouveaux visages ? Le tandem Dutoit-OSM ne constitue pas un facteur déterminant puisque ceci était son quatrième engagement à Lanaudière cet été. Le beau temps non plus car ce concert fut, dès le début, le plus " vendu " des quatre, précise un membre de la direction.

Voilà donc la réponse : Strauss. C'est Strauss qui a vendu l'Amphithéâtre. En fait, Strauss et Strauss puisque Dutoit partageait le programme entre l'Autrichien Johann fils et l'Allemand Richard. Aucun lien de parenté… mais une union efficace pour vendre une salle.

J'ai moins à dire toutefois sur l'interprétation même. Aucun des deux Strauss ne fait partie
des " spécialités " de Dutoit. Des deux, c'est peut-être Johann fils qu'il servit le mieux, soulignant le charme de cette musique par de petits ritardandos appropriés. La pièce de résistance, la colossale Symphonie alpestre faisant hier soir 49 minutes, reçut une lecture efficace mais généralement peu engagée, sauf dans l'apaisant tableau final. Pour l'ensemble, on était davantage impressionné par la masse orchestrale, augmentée à 110 musiciens, et par sa virtuosité.

Mais le public parut ravi et l'ovation fut tellement considérable que Dutoit donna deux rappels, dont la marche Radetzky de Johann Strauss… père, cette fois. On procéda aussi au tirage d'une partition de la Kaiser-Walker autographiée par la maestro.

ORCHESTRE SYMPHONIQUE DE MONTRÉAL Chef d'orchestre : Charles Dutoit. Samedi soir, Amphithéâtre de Lanaudière. Dans le cadre du 20e Festival international de Lanaudière
Programme :
Ouverture de l'opérette Die Fledermaus (1874) - Johann Strauss fils
Kaiser-Wallker, valse, op. 437 (1888) - Johann Strauss fils Suite de valses de l'opéra
DerRosenkavalier, op. 59
(1911-46) - Richard Strauss
Eine Alpensinfonie, op. 64 (1911-15) - Richard Strauss