LE SÉMINAIRE DONNE LA NOTE JUSTE Chapitre I LES MAÎTRES DE MUSIQUE AU SÉMINAIRE Jusqu'au milieu du XXème siècle les cloisons sont encore assez étanches entre les initiatives du Séminaire et l'action musicale de la ville. C'est après le premier quart de siècle qu'on verra s'amorcer un échange de musiciens, ou plus exactement une participation discrète et occasionnelle des professeurs de musique du Séminaire aux activités de la ville. Au collège le siècle commence avec le Frère Étienne Dessert. Il enseigne le violon, la clarinette, dirige l'orchestre qu'il a fondé (1896) et s'occupe du chant. Mais à l'automne 1901 c'est le Frère Jos.-Geo. Viens qui s'occupe l'orchestre (1901-03) et le Frère Philippe Dubé qui dirige la fanfare. Chacun des deux corps de musique comprend alors une vingtaine de musiciens. On note avec curiosité la présence d'instruments anciens de la fanfare : petit bugle, piston solo, bugle solo, 1er piston, 2ème piston, cornet en mib... La Société chorale mise sur pied par le Frère Dessert est aussi en pleine activité avec sa trentaine de choristes : leurs ténors, 2nd ténors et basses... Pour 1901-1903 c'est J.-Henri Renaud Clerc St-Viateur professeur en Rhétorique qui sera directeur de la Société. Des prix récompensent à la fin de l'année de dévouement au plain-chant. 13 prix sont décernés pour les 5 divisions de la classe de plain-chant, Augustin Dufault d'Éléments latins, frère de l'abbé Dolphis, est premier de sa catégorie. (On se plaît à imaginer que ces Dufault ont quelque parenté avec le chanteur canadien Paul Dufault; ils font, en tous cas, à l'auteur du présent ouvrage l'honneur d'être ses oncles...!), 9 prix pour les 3 divisions en piano, 7 prix pour les 3 divisions en violon. On aura ainsi chaque année un plus ou moins grand nombre de divisions, au gré des professeurs qui auront chacun leur manière de récompenser les élèves. Le Père Dessert, devenu prêtre, ayant quitté, au Frère Dubé incombe le soin d'enseigner piano, violon, clarinette et de diriger, de près ou de loin, fanfare et orchestre ! Une excellente photo (1902) nous montre le groupe orchestral de 24 membres sous la direction de Philippe Dubé. On verra s'ajouter désormais au palmarès un prix de fanfare, (quelquefois...un prix de clarinette). Cette année (1902) Augustin Dufault aura un prix en violon... Le Frère Dubé va respirer d'aise avec l'arrivée maintenant du notaire J.-Antonio Beaudoin, qui enseigne le piano avec beaucoup de compétence pendant 5 années consécutives. On voit aussi son nom à la fanfare "Cornet en Mib" (Il pratiquera le notariat pendant 50 ans 1882-1932 et fera encore de la musique tous les jours à l'âge de 75 ans, après avoir été longtemps maître de chapelle et organiste de la cathédrale). En l'absence du Frère Dubé (1903-1904) qui va accéder à la prêtrise, on a nommé un sous-directeur de la musique dans la personne du Père Oswald Grégoire (un cousin des Dufault) alors préfet des études et le Frère Adélard Desmarais comme professeur de musique instrumentale. C'est M. William Loiselle ecclés. Qui s'occupe de l'orchestre (Augustin Dufault devient 1er violon...). Cette fois (1904-1905) le Père Dubé reprend le collier. Il fait tout, sauf le piano confié à Antonio Beaudoin toujours au poste. Laissons ici parler un ancien élève du temps, Maître Robert Tellier (dans un numéro du journal l'Estudiant de 1937). Étant élève je voyais, dit-il, le Père Dubé au poste, professeur d'une rare compétence, qui jouait piano, orgue et tous les instruments de fanfare. Il était le prototype du professeur de musique. Leçons de piano, solfège, pratique des aspirants à la fanfare, répétitions. À 40 ans il étudiera le violoncelle. C'est lui qui introduit le chant de l'Alma Mater... Robert Tellier décrit ensuite le climat musical du temps où il faisait bon vivre en musique. Il y avait "la petite fanfare" pendant la récréation. Gaston Beaudoin à la petite flûte, Onésime Despaties, Edmond Dubé et Jean Perreault à la clarinette, Lionel Gravel, Alphonse Fafard et Léopaul Lamoureux au cornet, Anatole Dugas à l'alto, Rosaire Chevalier au baryton, Josaphat Asselin (frère du musicien Octavien) et Jos. Laporte au trombone, Géo. Lévesque à la petite basse, Albert Renaud et Jos. Payette à la contrebasse, Philippe Coutu à la grosse caisse, Armand Champagne à la petite caisse et Sinai Lamarre qui se promenait d'un instrument à l'autre. Or on s'est mis à fabriquer, sans le déclarer, une vingtaine de lutrins en bois à même la réserve de belles planches de chêne prises au grenier du Père Léger économe...! On fit aussi des bancs, fauteuils et chaises avec dossier en forme de lyre qui ornent encore la nouvelle salle de musique (1937). On a voulu changer des instruments qui avaient 25 ans d'existence. Mais le Père Léger : "Ils ont duré 25 ans, ils peuvent durer encore 25 ans"... On les répara... Une fredaine entre plusieurs : un confère de discipline à tour de rôle la permission "d'aller faire souder sa contrebasse"... Le Père Dubé est indiqué Cornet solo à la fanfare et 1er violon à l'orchestre... ce qui laisse croire que les musiciens s'en tirent bien, seuls ou avec un directeur d'occasion... Adélard Desmarais est aussi à la fanfare (1904-05) et il y a un abbé Albert Chevalier comme responsable de l'orchestre (1905-08). À noter que le Père Dubé, au moins pour 3 ans, est aussi professeur d'anglais... (Il sera à la musique à temps plein à partir de 1909, quand il reviendra muni d'un Bacc. En musique). On doit dire ici que le nombre des musiciens de l'orchestre est sujet à variation, en fonction des départs ou des recrues. De 16 en 1903 il passera à 12 en 1904 et en 17 en 1905... La fanfare maintiendra habituellement son chiffre au-dessus de 25... Pour ceux qui veulent se souvenir, notons dans la fanfare de 1906-1907 la participation de Apollinaire Hébert cornet solo, Cléophas Dumontier 1er cornet, Gaétan Valois alto solo, Josaphat Asselin alto, Henri Raynauld trombone, Albert Geoffroy basse, Hector Leprohon et Ernest Savignac contrebasses... dont la plupart joueront aussi à l'orchestre. En 1907-1908, vu le départ d'Antonio Beaudoin, c'est le Père Dubé qui s'occupe de tout ou presque (piano compris), aidé du Père Hector Leprohon, qui s'était visiblement impliqué en musique tout en poursuivant ses études théologiques. En parcourant l'Étoile du Nord du 11 août 1904 on lit une information sur le collège
commercial et scientifique de Berthier où l'on a toujours pris la musique au sérieux.
"Les cours de piano sont à $ 2 par mois; le violon, le cornet, la clarinette, la
flûte à $ 1.50"... Le moins qu'on puisse avancer, c'est que les sujets éventuels
de Berthier pour le Séminaire, même au début du siècle, étaient bien lancés en
musique... Quand le professeur de musique est à temps plein ce sera la cas avec le retour du Père Dubé, il a difficilement des assistants. Pourtant le Père Leprohon est encore là pour s'occuper du chant. Il semble bien cependant que le 1910 à 1913 l'orchestre est délaissé : les nominations n'indiquent pas de responsable et l'Ordo ne donne plus la liste des membres... Côté palmarès, depuis deux ans on voit sur les listes le nom de Wilfrid Corbeil pour ses progrès en piano. En cette année (1909-1910) et aussi dans la suite, le prix de la fanfare est sagement décerné à Alphonse Fafard qui en deviendra 10 ans plus tard le dévoué directeur, pendant que Robert Tellier tient successivement cornet, clarinette, flûte... En 1910-1911 le Père Leprohon donne aussi des cours de piano avec le Père Dubé. On note un prix spécial de plain-chant et de fanfare à Robert Tellier, futur musicien et arranger musical de Joliette. Azellus Brunelle, Paul-Auguste Boisclair, Jean Perreault... de nouveaux noms sur la liste de fanfare. Une lettre d'un rare intérêt est adressée le 1er novembre 1911 au Père Charles Ducharme, supérieur Provinciale des Clercs St-Viateur, par le Père Philippe Dubé responsable de la musique au collège. C'est en réalité un petit mémoire qu'il présente "en instance pour faire installer un petit orgue dans les salles de musique". Selon lui il faut orienter les élèves à l'étude et à la pratique de l'orgue. Rien de difficile, les plus avancés en piano sont en état d'en profiter dès maintenant. "L'orgue répond mieux à leurs besoins. Mon expérience des dix dernières années me le démontre clairement. Ceux de nos élèves qui étaient habiles en musique se sont trouvé une place d'organiste une fois sortis du Séminaire" (autre nom du collège après 1904). Donc acquérir au moins les éléments véritables, la technique rudimentaire, "le goût de la musique spécialement écrite pour orgue"... Au lieu de végéter (...), donner un instrument qui leur serait plus profitable à tous points de vue. L'orgue répond mieux à leurs goûts et à leur ambition... Les parents sont disposés à payer un peu plus pour avoir beaucoup plus..." L'orgue est davantage un élément de l'éducation à donner que le piano... On n'a qu'à penser au latin, à la liturgie, aux rubriques... Le règlement de nos élèves ne leur permet pas les soirées récréatives où le piano et d'autres instruments à musique de chambre sont en faveur (...). L'orgue en question coûterait $ 775 installé. Pour les leçons je suggère orgue et piano $ 40 par année à une leçon par semaine et orgue seul $ 50 à deux leçons par semaine". Dans l'annulaire 1911-1912 on note pour la 1ère fois le texte officiel d'un examen de musique que trois délégués viennent juger au Séminaire même. "À un examen présidé par Joseph Saucier, artiste lyrique et président de l'Académie de musique de Québec, Arthur Laurendeau artiste lyrique et J.-E. Nuckle, trois membres du comité pour la section de Montréal, 9 élèves se sont présentés pour obtenir des diplômes. Omettant ici les "distinctions" nous pouvons lire : En classe supérieure Théodore Bernard et Paul-Auguste Boisclair (futur professeur de piano); en classe moyenne Chs.-Ed. Roy; en classe élémentaire Normand Beaudoin, Arthur Bernier et Louis Désormiers; en classe élémentaire Chs.-Ed. Ferland, Raymond Lussier, Lionel Manny", tous en piano. Mentionnons aussi au palmarès de fin d'année un prix spécial de plain-chant à Azellus Brunelle. Le texte cité plus haut concernant l'examen officiel sera sensiblement le même pendant quelques années. C'est sans doute cette présence de M. Joseph Saucier qui inspira aux autorités musicales du Séminaire de projeter un concert donné par J.-Saucier baryton et Mme Saucier pianiste avec la participation du violoniste canadien Émile Taranto (qui a étudié avec Isaye), une brillante prestation qui eut lieu le 10 février (1913) où l'on put entendre une sonate de E. Grief et un concerto de H. Wienawski joués par Taranto, quelques chants de Pierné, de Paladilhe et de Godard par Saucier. En 1912-1913 au jury s'ajoute le nom d'Arthur Letondal. Paul-Aug. Boisclair obtient le Lauréat. Au palmarès du collège on voit apparaître cette année les prix "Piette", "Leblanc" et "Tellier-Beaudoin" qui visent ceux qui ont réussi l'obtention des diplômes mentionnés... Pendant que le Père Dubé tient bon, autour de lui quelques changements. Le Père Leprohon n'est plus sur la liste (après un bon service de 6 ans), un Frère Désiré Pelland s'occupe de chant, de fanfare. Une acquisition : M. Martial Saint-Goerges qui vient enseigner le violon. Il y demeurera jusqu'en 1918, tout comme le Père Dubé. Allait-on donner un nouveau souffle à l'orchestre... ? En cette année 1913-1914 s'ajoutent des noms connus des Anciens : Honoré Lesage et Maurice Tellier à la clarinette... Tandis que le jury de l'examen de musique se nomme Joseph Chamberland et Édouard Lebel. On présume qu'au "pique-nique des musiciens au parc Vessot" au cours du mois qui précédait cet examen (on est le 28 mai 1914), quand pour le repas arrivèrent des invités comme "J.-A. Contant, Dr A. Geoffroy, Hector Beaudoin et Robert Tellier", la question des examens officiels organisés par le Père Dubé courait dans les conversations. Peut-être aussi, bien malgré soi, on commentait le désastre maritime survenu la veille à 20 milles de Rimouski où plus de 1,000 personnes périrent quand l'Express of Ireland fut frappé dans le brouillard par le charbonnier Starstad. "Le bateau coula avant même qu'on ait le temps de jeter les embarcations à la mer"... Lors des pique-niques - puisqu'on y est - on s'amuse ferme. "V'la les pique-niqueurs qui passent" chantait-on. Parmi les inventions de l'imagination écolière, on relève dans le menu de mai 1916..." Comme entremets cigares pec-top tout neufs, cigarettes "de vieilles sweet", le calumet est toléré dans l'pit, bière de "prohibition" (la loi venait d'être votée) fournie gratuitement par la rivière L'Assomption. À cause de la guerre nous n'avons pu nous procurer ni ferlouche, ni pomme de terre pour le dessert"... Au moins 10 diplômés cette année-là, dont deux en violon cette fois (Martial Saint-Georges lui-même obtient le diplôme de classe supérieure). Si on voulait élargir ici le domaine culturel et citer de futures célébrités on dirait que cette année le prix de composition française est donné à Léopold Desrosiers de Rhétorique et le prix Cadenas de poésie à Fulgence Charpentier de Belles-Lettres, futur ambassadeur du Canada à Paris (1957) et ministre des Affaires Extérieur à Ottawa (1961). En 1914-1915 ce prix ira à Paul-Émile Lavallée. Un professeur adjoint vient souvent combler certaines lacunes. Ainsi en 1914-1915 l'abbé Jos.-C. Morin enseigne le piano, il continuera jusqu'en 1916 alors que l'abbé Donat Martineau fera du chant, dirigera la chorale. Entre-temps le palmarès indique que Lionel et Benjamin Brunelle obtiennent des prix en plain-chant... Ils sont aussi musiciens à l'orchestre ou à la fanfare. Le Père Leprohon vient encore prêter main forte de 1917 à 1919 comme maître de chapelle et directeur de la fanfare. Au départ du Père Dubé, le Père Étienne Dessert vient retrouver pour deux ans son orchestre - qui a plus de 20 ans d'existence - en attendant qu'arrive le Père Henri Hurtubise comme maître de chapelle et directeur de la fanfare et de l'orchestre, ce qui aura lieu en 1919. Mais pendant cette période de 1917 à 1920, l'Ordo ne mentionne par l'orchestre, qui semble fonctionner au ralenti avec un Père Dessert déjà chargé d'une Harmonie qui va compter en 1919 plus de 40 musiciens - une excellente photo le confirme - dont un quatuor de saxophones incluant le Baryton. Les effets de la guerre et de la grippe n'allaient pas aider non plus. L'année 1918 accueille le Père W. Corbeil qui devient l'organiste attitré (il sera à ce poste, sauf exception, jusqu'en 1940... !) et, pour cinq années, M. J.-Albert Contant comme professeur de piano. À l'examen de 1919-1920, on mentionne des prix de chant à Clément Morin, futur directeur du choeur des Séminaristes de Montréal, et à Adrias Ricard, futur organiste à Joliette. Un prix sûrement bien mérité à Maurice Ducharme, étudiant en violon, qui en recueillera bien d'autres et contribuera plus globalement au progrès de la musique à Joliette. Ce sera aussi le début des cours de diction avec Jean Mélançon dont le théâtre sera le premier bénéficiaire... Déjà Paul-Maurice Farley d'Éléments latins recueille ici un prix... (en 1990 le Père se souvient encore de multiples détails entourant des scènes de théâtre, dans lesquelles d'ailleurs il a excellé). Depuis le départ de Martial Saint-Georges (1918), il manquait un professeur régulier en violon. M. Eugène Chartier viendra combler ce vide, il sera professeur au Séminaire pendant 10 ans. L'Ordo de 1920-1921 mentionne que le Père Hurtubise est assisté dans la direction de l'Harmonie par J.-A. Contant et dans la direction de l'orchestre par M. Eugène Chartier, tandis que l'ecclésiastique Lionel Brunelle enseigne le chant. En 1921-1923 cette tâche reviendra à l'abbé Alphonse Fafard. C'est la période où le jeune Étienne Marion commencera à prouver ses dispositions pour le piano et le chant en y remportant des prix. En 1922-1923 le nom du Père Jean Perreault s'ajoute à la liste. Pendant 5 ans le Père s'occupera de la fanfare. Il est temps de dire de quels instruments était composée cette imposante fanfare de plus de 45 musiciens. Une petite clarinette, trois 1ère clarinettes (dont Roger Deshaies, Chs.-Ed. Beaudry), deux 2ème clarinettes, quatre 3ème clarinettes, une grande flûte, une petite flûte, les saxophones soprano-alto-ténor-baryton, trois cornets solos, un 1er cornet, deux 2ème cornets, trois 3ème cornets, 1er bugle, 2ème bugle, deux 1er altos, 2ème alto, 3ème alto, trombone à coulisse, 1er trombone, 2ème trombone, 1er baryton, 2nd baryton, 1ère basse, 2nd basse, contrebasse en mib, contrebasse en sib, trois tambourines, grosse caisse, cymbales, tambour-major (Clovis Marion). Profitons des bons effectifs de l'orchestre (25 musiciens) pour en détailler aussi les constitutions. Quatre 1er violons (dont Maurice Ducharme et Edmond Bellemare), deux violons "obligato", cinq 2ème violons, un viola, 1er cornet, 2ème cornet, cor d'harmonie, trombone, 1ère clarinette, flûte, saxophone alto, saxophone ténor, contrebasse, petite caisse, piano avec Lucien Trottier. Pour la 1ère fois depuis 1901 l'Ordo parle cette année de "La chorale"... dirigée par le Père H. Hurtubise. Celles des Grands compte 32 membres, celle des Petits 35 membres, groupe dont Étienne Marion est le vice-président. L'année suivante chaque section s'enrichira d'une dizaine de membres... Un nouveau professeur de piano en 1923-1924 pour succéder à M. J,-A. Contant. : P.-A. Boisclair, qu'on a déjà admiré comme élève musicien, tiendra ce poste trois ans. Le tarif pour ses leçons restera à $ 40 par année, mais le professeur Chartier demande $ 50 pour les cours de violon. Pour les autres instruments (fanfare) ça demeure toujours $ 20. Cette année on compte 54 fanfaristes, (en 1924, tenez-vous bien, on en aura plus de 65...! si l'on compte les 6 tambourineurs. C'est au point que l'Ordo va discontinuer les listes !). Gaston Brunelle y joue alors trombone. À l'orchestre c'est Rolland Simoneau qui est au piano, il recevra d'ailleurs des prix, entre autres pour sa participation au fameux "quatuor" qu'on va citer plus loin. Dans les années subséquentes les prix de musique se multiplient, on a le prix Sainte-Cécile pour orgue, prix Piette et prix Mignault pour la chorale, prix Saint-Viateur (donné par le noviciat) pour le chant, prix Boisclair, prix Chartier, prix de fanfare, prix d'orchestre... le Père Ch.-Honoré Lesage s'occupe alors (1925-27) activement de chant. En 1926-1927 sous la direction générale du Père Cléophas Dumontier, l'abbé Léo Paradis nouveau prêtre vient succéder au Père Hurtubise dans la direction de l'orchestre, M. J.-Élie Savaria enseigne le piano et l'orgue (3 ans) et Arthur Laurendeau le chant (un an). En octobre 1925, un quatuor d'élèves donne pour le Saint-Viateur "un très joli concert à quelques professeurs et à plusieurs élèves musiciens ou chantres". Il s'agit de Maurice Ducharme et Edmond Bellemare violon et viola, Roger Deshaies clarinette, Roland Simoneau piano (Il est intéressant d'observer qu'en l'année 1925-26 l'élève Edmond Bellemare était carrément sur la fiche des professeurs comme responsable de l'orchestre...). On pourrait tout aussi bien inscrire cette soirée au chapitre du Théâtre ou à celui des Concerts, mais il n'est pas mauvais non plus de voir ces prestations comme l'aboutissement d'études musicales intenses. En novembre notre quatuor se rend au noviciat, puis ce sera la Sainte-Cécile etc. Une sorte de sommet à l'automne 1927 alors qu'ayant terminé leurs études au Séminaire, ces valeureux se tapent encore un concert à la salle du Gésu de Montréal, y trouvant là leur "consécration" et sans doute aussi leur fin... comme il arrive pour tous les ensembles que les nécessités de la vie trop tôt dispersent... À propos de Maurice Ducharme, le Père É. Marion rappellera en 1941 les grandes qualités de son ami violoniste, emporté prématurément. Étienne, qui à l'époque "tournait les pages du quatuor", se souvient de "cette sonorité pure, rigoureuse, cette discipline, ce goût sans défaillance" qui ont caractérisé le jeu de Maurice. Il est "le violoniste le plus complet, le plus cultivé qui soit sorti du Séminaire", témoignage auquel le docteur Paul Dionne souscrit sans hésiter : "Maurice Ducharme fut le meilleur violoniste de Joliette". Il faut ici ouvrir une large parenthèse pour décrire ce qu'on aurait pu placer dans la rubrique des "concerts". Il s'agit d'une manifestation (le 26 avril 1927) des trois corps de musique du Séminaire, organisée au profit de l'orchestre, auquel on ajoute la chorale puis l'Harmonie qui compte 50 membres. Tout cela avec le concours du professeur Eugène Chartier qui jouera pour sa part un Concerto de Vieuxtemps avec Lucille Dionne accompagnatrice "digne de lui" et de Lucien Dugas dont on dira qu'il possède "une belle et sonore voix de baryton, une voix riche et généreuse", que sa physionomie, ses gestes, sa diction, sa respiration "révèlent beaucoup de maîtrise". Il choisit d'exécuter Écoutez les voix de Père Azerro, Le carillonneur de Daniderf et Sancta Maria de J. Faure avec au piano Lucien Thériault. L'orchestre joue Marche du couronnement de l'opéra Folkunger de Krektschmer, Iphigénie en Aulide ouv. de Gluck, Dans le jardin d'un monastère de Ketelbey, Marche militaire de Schubert..."Quelle habile exécution pour des élèves". Quatre musiciens de Philo II vont s'illustrer brillamment. Roger Deshaies d'abord dans un Concerto de clarinette de Franz Berr avec au piano son confrère Léonard Derome; on dira du premier qu'il n'est pas inconnu du public et qu'il s'est joué des difficultés les plus ardues, son camarade Derome joue aussi "avec grande perfection". Puis Rolland Simoneau au piano dans Études symphoniques de Schumann, enfin Edmond Bellemare au violon dans Rhapsodie russe de V. Ranzato "hérissée de difficultés" qu'accompagne R. Simoneau. L'Harmonie (directeur Père Jean Perreault) rend une Sélection de Carmen de Bizet comportant de "grandes difficultés". Enfin la chorale (directeur Albert Bélanger) chante Scène champêtre de Edm. Missa. Comme il s'agit ici d'un orchestre d'élèves où l'on reconnaîtra de futurs maîtres de musique on nous permettra d'en dresser la liste en indiquant même les prénoms de ces futures célébrités... : l'abbé Léo Paradis directeur, 1er violons Edmond Bellemare, L. Delisle, Émile Jetté, L.-P. Laporte, Eug. Desrochers, 2ème violons Paul Duclos, Rolland Brunelle, C. DeGrandmont, M. Piuze, violoncelles Julien Asselin, P. Chs.-H. Lesage, basses J. Beauvilliers, Lucien Bellemare, flûte N. Coutu, clarinettes Roger Deshaies, J. Ricard, trompettes A. Dugas, Chs.-L. Lussier, trombone E. Lécuyer, batterie Père Audet et M. Grenier, piano R. Simoneau. Veut-on badiner avec les commerciaux du programme imprimé ? En voici : "Magasin 5c à $ 1.00, Pagé et fils, Château Windsor le rendez-vous des voyageurs cuisine bourgeoise salle de quilles attachée à l'hôtel". De son côté le supérieur du Séminaire inscrit au journal "L'assistance comprenait l'élite artistique de la ville. Les élèves ont écouté religieusement toutes les pièces du programme préparé sous haute direction du P.C. Dumontier, directeur en chef des salles de musique (Notons qu'il y demeurera approximativement 5 ans, tout en assumant d'importantes fonctions au collège pendant une douzaine d'années). L'abbé Paradis s'est relevé un chef d'orchestre de haute culture musicale et d'un goût exquis". Même si on ne le voit pas figurer au programme, on nous informera, vers la fin de juin, que l'élève Léopold Dénommé est allé à Montréal pour subir un examen en piano au Conserv. Royal et en est revenu avec un lauréat a.d. dont pouvait être fier le professeur M. J.-Élie Savaria. L'année suivante (1927-1928), l'abbé Alphonse Fafard (déjà professeur depuis 1916...) arrive comme directeur de la fanfare (il remplace le Père Jean Perreault) et comme responsable de chant. Il dirigera aussi l'orchestre (1930-38) surtout quand l'abbé Paradis quittera (1932) après 7 ans de service. Mais les membres de la fanfare auront tout le temps (1927-1935) de connaître le "Faf" omniprésent et impayable. Depuis 1928, c'était J.-Alfed Migneault qui donnait les cours d'orgue et de piano (Un abbé Lucien Allard dut en profiter, qui devint organiste en 1930-32). Il y enseigne jusqu'en 1933. Entre-temps c'est la période où les élèves Rolland Brunelle, Émile Jetté, Étienne Marion, Gaston Brunelle, Lucien Bellemare et bientôt Paul Dionne remportent des prix ou des mentions à l'orchestre, à la chorale... À partir de 1928 c'est Alphonse Fafard qui se trouve maître de chapelle quand ce n'est pas l'abbé Albert Bélanger (1926-29). Tiens ! Un abbé Henri Bélanger dirige le choeur des élèves et donne le solfège en 1927-28. En 1930 Octavien Asselin remplace le professeur Chartier pour l'enseignement du violon. Le tarif pour les cours est désormais le même que pour les cours de piano et d'orgue et est établi à $ 4.00 par mois ( de $5.00 qu'il était avec M. Chartier). M. Octavien Asselin tiendra ce poste pendant presque 10 ans. Jusqu'à l'arrivée du Père Rolland Brunelle en 1939. Les cours de diction sont maintenant donnés (1930) par Jean Riddez de l'Opéra de Paris, qui donnera aussi des cours de chant dont on parlera plus longuement. On n'oubliera pas la présence au Séminaire depuis quelques années du Père Gustave Lamarche comme organiste (et professeur de Lettres) avec le Père Corbeil et surtout pendant les années d'études de celui-ci (1926-1929). En 1931 on accorde un prix spécial d'art musical pour le maintien de la chanson canadienne mérité par les Troubadours de l'Industrie dont font partie Rolland Brunelle, Émile Jetté, Julien Beausoleil et d'autres. On y reviendra. Un groupe de troubadours cadets sera aussi formé... En 1933 le Frère Odilon Carbonneau, organiste et professeur au collège de Berthierville, vient remplacer J.-A. Migneault comme professeur de piano (notons ici un prix mérité par Rivard Dubeau), c'est ensuite le Père Étienne Marion qui prendra la relève dès 1935 ("l'année de Jonathas" comme on se plaisait à le dire). À cette époque passe comme une étoile filante le Père Antonin Lamarche (frère de Gustave) qui laissa davantage à Rigaud sa marque comme directeur de chorale et de spectacle. On peut souligner comme véritable école de musique une cellule de qualité, au moins épisodiquement, celle du Scolasticat Saint-Charles, quand le hasard réunissait des étudiants "musiciens". En 1935 par exemple, on y avait formé un orchestre avec les scolastiques issus du collège Bourget (Rigaud) et de Joliette. Le 3 novembre, en la fête de Saint-Charles, on y joue l'Ouverture d'Iphigénie en Aulide de Gluck et la Symphonie des jouets de Haydn, tandis que le Père Gustave Lamarche, en grande forme, joue avec l'orchestre une partie du Concerto en Sol de Beethoven pour piano. Le Cercle musical du Séminaire, écrit-on ailleurs, aura le plaisir d'accueillir ces musiciens. Si l'on regarde du côté de Berthierville en constate aussi un développement musical intéressant. Après la fanfare on a vu, dès le début du siècle, un effort pour maintenir un ensemble de cordes au collège. Signalons cette fois (1919) l'installation d'un nouvel orgue inauguré par J.-Albert Contant. L'année suivante une "soirée concertante" par les élèves, avec le concours de M. Eugène Chartier qui se joint en solo au programme de l'Harmonie et de l'orchestre. À l'orgue s'illustrera plus tard le Frère Odilon Charbonneau, qu'on a mentionné comme professeur au Séminaire en 1934-1935. Très connu alors au collège de Berthierville, il y donnera plus officiellement des récitals d'orgue. On invitera aussi de l'extérieur : l'orchestre Asselin, Gilles Laferrière violoniste de Montréal, Pierre Brabant, Aurèle Lecompte, le baryton, Benoît Dufour... Vers les années 1950, la chorale sera brillante avec le Frère André Jetté, tandis que c'est en connaisseur que le frère Marcel Archambault dirigera la fanfare. À Joliette c'est en 1936 que se présente le Père Lucien Bellemare qui marquera un
tournant dans l'histoire de l'orchestre et de la musique classique au Séminaire. Quand,
à la Sainte-Cécile on joua des extraits de Jonathas (musique de Gabriel Cusson)
pour honorer le jubilé d'argent du Père J. Latour, MM. Jean Lallemand et Jean Dufresne
se déclarèrent transportés par le choeur, la pièce et la musique. Gabriel Cusson
lui-même était présent. Or les choeurs étaient confiés au Père Antonin Lamarche et
l'orchestre au Père Bellemare, un orchestre de 32 musiciens où l'on retrouve ceux qui
n'ont jamais laissé : les Asselin, Ducharme, Bellemare, Jetté, Duclos et de nouvelles
figures qui vont tenir longtemps... dont J.-Paul Brunelle (flûte), Paul Dionne
(clarinette). C'est l'année où l'on va tâcher de se structurer en Sociétés musicales
: fanfare, orchestre, chorale des grands, chorale des petits avec chacune leur comité
d'organisation... Absent pour études de 1939 à 1941 où il devra laisser toute la tâche musicale au Père Rolland Brunelle, le Père Lucien Bellemare aura à son retour tout le temps pour imprimer une solide orientation à l'Orchestre "symphonique" qu'il va pratiquement "refonder". À cette époque le Père É. Marion se consacre plus entièrement à sa tâche de professeur de Lettres puisqu'on a trouvé un professeur de piano dans la personne de Lucien Jolicoeur, qui y enseignera jusqu'à l'arrivée de Georges Lindsay en 1942. Voilà donc le quatuor : Brunelle, Bellemare, Lindsay, Marion (sans oublier W. Corbeil) fin prêts pour souligner musicalement comme il conviendra l'événement Centenaire des Clercs Saint-Viateur à Joliette (1947). Dans un numéro de l'Estudiant le Père Bellemare décrit bien la situation musicale au Séminaire en 1943. "Une centaine d'élèves fréquentent la salle de musique où travaillent 6 professeurs. Depuis deux ans Maître Lucien Dugas donne des leçons de chant à 8 de nos élèves les plus doués; de plus il a enseigné chaque semaine pendant deux mois à une vingtaine d'écoliers le mécanisme de la voix, de la respiration, de l'émission des voyelles, bref les principes généraux de l'art vocal. Georges Lindsay, de son côté, enseigne le piano à 36 élèves. Le nombre de 12 pianos est encore insuffisant. Le Père Rolland Brunelle qui s'occupe des cours de solfège, de l'Harmonie et de la schola grégorienne a 20 élèves en violon. Pour les cordes l'orchestre compte 5 premiers violons, 5 seconds, 2 altos, 3 contrebasses... La présence de nos amis de la ville constitue un renfort précieux, d'autant que M. Julien Asselin est encore seul au violoncelle. Mais il a pris trois élèves...!" Il semble que c'est en mai 1944 que l'on fait état la 1ère fois d'un récital donné conjointement par les élèves en piano de Georges Lindsay et les élèves en violon du Père Rolland Brunelle. On est tenté de relever quelques noms parmi les nombreux figurants. Ainsi une Marche des étudiants de Melant jouée en duo par Jean-Marc et Fernand Lindsay ouvre la soirée, un orchestre à cordes donne la Sonate d'or de Purcell, puis au violon : Bourrée de Bach est joué par le trio des frères Plourde : Michel, Philippe, Jules au piano, Air et deux variations de Zamecnik par les trois frères Farmer : Louis, Paul et Jean, Fleurs de mai de Zamecnik par un quintette de Syntaxe. Au piano : Romance de Rubinstein est joué par Fernand Houle, Sonate en Sol de Beethoven, Scherzo et Choral de Dubois le sont par Fernand Lindsay. Enfin un groupe de 25 violonistes joue Cavattina de Raff, accompagnés au piano par Raymond Locat. Le journal local mentionne (1946) une inscription de 47 élèves en piano aux cours de G. Lindsay et de son assistant Armand Robert, 40 élèves en violon ou violoncelle aux cours du Père Brunelle, enfin on compte une Harmonie de 40 membres et une chorale de 150 voix. La distribution des prix de juin 1946 sera justement rehaussée par la participation de l'Harmonie et de l'orchestre. La marche traditionnelle Hot Shot inaugure cette séance solennelle. On intercale, entre les Prix de classe, les Prix spéciaux et les Grands prix, tantôt un canon Comme de vrais collégiens, La Bonne humeur, ou une pièce d'orchestre : La valse empereur de Stauss et London Suite de Er. Cotes, ou encore un choeur des élèves dans Au clair de la lune (sur un air de La veuve joyeuse de Strauss) et un pot-pourri de chants canadiens accompagnés par l'orchestre... Pour honorer la présence de Mgr Ed. Jetté curé de la cathédrale qui vient de répondre à l'adresse des Finissants, un Hymne final (air de Hansel and Gretel de Humperdink) que le directeur L. Bellemare affectionne particulièrement : "Seigneur au long du jour J'ai mis devant toi mon labeur, Voici la nuit, reçois-moi sur ton cur, Sans toi tout est fatigue et fantôme et frayeur, O Dieu prends soin de mon repos, prends soin de mon bonheur". L'année suivante (1947), le Chant des Jeunesses viatoriennes, une composition toute récente du Père Brunelle à l'occasion de cette année centenaire, sera repris aussi souvent qu'il se doit, et avec quel enthousiasme ! Les abbés Léo et Lionel Lanoie apporteront (1946-49) leur contribution au solfège, au plain-chant, à la fanfare. L'automne de 1947 marque l'arrivée de deux nouveaux professeurs : Marcel Savaria en piano et Edgar Lechasseur en orgue. On note qu'au palmarès de 1948 Victor Lambert, jeune violoniste, joue l'Allégro de Fiocco avec Onil Abran au piano, tandis que l'orchestre à cordes joue Yester Dream de Zamecnik. Le soir de ce même jour Yolande Piette, de retour de San Francisco (où elle a étudié avec Robert Schmidt), de même que la basse Yoland Guérard viennent compléter cette journée de cérémonial et de musique... Justement en mai 1948, un récital couronnait le travail accompli par les élèves de Marcel Savaria et de Rolland Brunelle. C'est Émile Prévost, directeur De l'Union Musicale, qui est invité à présider. Une première sans doute : on a formé un "jury" composé de W. Corbeil, Robert Tellier, Engelbert Jetté, Étienne Marion et Émile Jetté. À noter que les décisions du jury vont déterminer les prix de fin d'année. On invite aussi, à l'aide d'un carrelage au dos du programme, les assistants eux-mêmes à attribuer des notes sur 10 aux participants : tenue, mémoire, justesse, interprétation, technique. Une façon qui ressemble étrangement aux trucs que va désormais utiliser le Père Brunelle pour attirer l'attention des jeunes à la chose musicale. On aura donc ce soir-là d'importantes pièces par des groupes de cordes, par exemple un trio Brunelle : André, Viateur, Maurice, une Marche des héros de Zamecnik par le trio Caron : Rolland, Jean-Yves et Germain, l'incomparable Cygne de S.Saens par Jean-Y. Caron au violoncelle et O'nil Abran au piano, ensuite 4 Impromptus de Schubert par Bruno Villemure, Sonate pathétique de Beethoven par Magella Couture, Arabesque de Bedussy et Danse Rituelle du feu de Manuel de Falla par Cécile Gendreau déjà brillant, enfin un concerto pour violon de Vivaldi par Yves Bédard et l'orchestre. Ce qui paraît caractériser les "récitals" à partir des années 50, c'est qu'ils prennent de plus en plus la forme de "revues", où la musique d'ensemble prend du relief : part prépondérante de l'orchestre, de groupes de cordes, de l'Harmonie, participation de chorales, une ou deux pièces de piano... (!). On profitera d'anniversaires à célébrer pour exécuter des chants de groupe : religieux, pot-pourri, chansons à la mode. On entendra encore (1950) au piano Mouvement perpétuel de Weber par Gabriel Vilemure, Prélude de Rachmaninoff par Gilles Poirier. Mais, fait nouveau, voici cette année-là une violoniste de 6 ans Martine Dufresne... qui joue une Danse hongroise de Brahms ainsi qu'un trio de Bach avec ses soeurs Raymonde et Colette (de Sainte-Émélie). Une pièce de l'Harmonie mettra en valeur un trombone et un sousaphone, de même de la Marche des collégiens (R. Brunelle) aura des cornettiste en solos, enfin un choral de Bach sera chanté par toute l'assistance. Pendant le séjour du Père Rolland Brunelle en Europe (1950-51), M. Jean Paiement donne les cours de violon. De même Marcel Savaria, professeur de piano pendant la décennie 1947-57, pourra compter temporairement sur les assistants ou remplaçants Lévis Tremblay Clerc St-Viateur (1951-52) et Bernardin Houle (1953-55). En novembre 1953, pour rendre hommage au Père Wilfrid Corbeil, on aura une chorale à 4 voix mixtes qui va chanter In virtute tua (composition Brunelle) avec accompagnement de trompettes. Un orchestre est dirigé par le Père Fernand Lindsay, le choeur des 550 voix chante l'Hymne au printemps (Frère Leclerc) sous la direction du Père Brunelle. En 1954 la revue musicale est donnée à l'occasion de la Sainte-Cécile (un bref retour aux bonnes habitudes...) en hommage au Père Philippe Dubé, ancien directeur musical au Séminaire. On a curieusement un programme digne des plus belles années de la Sainte-Cécile. Le choeur des élèves chante l'Alma mater, un choral de Bach avec orchestre et orgue, puis du Trenet, du Ray Ventura. Au moins 6 pièces sont jouées au piano dont le Rondo alla turca de Mozart par Hermel Bruneau. L'orchestre joue la Symphonie des jouets de Haydn, on entend le baryton Peter Poissant et la basse Pierre Dumas, Papillon de Schuman par André Dupuis au piano, une Sonate de Haendel par Claude Desroches violoniste, un Concerto de Rieding par un ensemble de 7 violonistes. La schola grégorienne, sous la dir. de Gaston Charbonneau, chante des extrait de la liturgie. Enfin des Troubadours s'amènent avec un répertoire folklorique. On précise que les choeurs, l'orchestre et l'Harmonie sont dirigés par le Père Brunelle. Est-ce l'influence du nouveau festival-concours ? On ne verra apparaître de piano dans les Revues musicales que pour accompagner d'autres solistes. D'ailleurs au programme d'avril 1956 le morceau principal est une opérette Le chêne de Saint-Louis de Luigi Bordèse, et si l'on excepte une participation des Gais lurons chantant à la façon de troubadours, c'est l'orchestre qui occupe la plus large place. Un signe précurseur des temps nouveaux : une sorte de bilan inscrit au dos du programme, où l'on soupçonne les préoccupations du Père Brunelle qui anticipe de grands changements : "Les corps de musique du Séminaire sont au service des élèves pour un complément de culture". Il donne ici des statistiques concernant les effectifs de musiciens. "109 élèves actuellement au collège font ou ont fait partie de l'orchestre ou de l'Harmonie, et donc ont eu l'avantage d'étudier la musique instrumentale... sans compter les 26 étudiants en piano et les 5 jeunes violonistes qui se préparent à faire partie de l'orchestre. 59 élèves forment actuellement l'orchestre et la fanfare"... En mars 1957, on veut rendre hommage à l'Union Musicale, Paul Dionne, qui dirige désormais ce cops de musique, a bien voulu se joindre ici à l'Harmonie du Séminaire pour couvrir la majeure partie du programme (le Père Brunelle travaille déjà à former des musiciens qui pourront éventuellement s'inscrire à l'U.M.). On peut encore entendre avec joie un quatuor à cordes de Haydn joué par Claude Desroches, Pierre Perreault, Rolland Brunelle et Hermel Bruneau. La chorale à 4 voix mixtes chante Bach et le folklore canadien, tandis que l'orchestre joue (déjà) La danse des heures de Ponchielli, un Ballet parisien d'Offenbach... Avec une salle de musique transformée en dortoir... à la suite de l'incendie de 1957, il pouvait paraître impossible de préparer une revue pour 1958. Or un groupe de 30 violons était sur la scène au jour dit, l'orchestre joua La danse des Comédiens de Smétana, Finlandia de Sibelius, le choeur des élèves chanta des pots-pourris et même le Chant des Jeunesses viatoriennes. Comme aux plus beaux jours on eut des pièces de piano, des solos de violons, c'est à croire que les jeunes et la direction musicale ont voulu "faire contre mauvaise fortune bon cur"... La construction de l'aile Beaudry a forcé la suspension des Revues. Quand on tenta de reprendre la tradition en 1960, rien n'était plus pareil... et en 1963 la Revue, présidée par le P.L. Bellemare (ancien directeur de l'orchestre) à qui on veut rendre hommage, est devenu un concert de l'orchestre et de l'Harmonie (une Harmonie rythmique "nouvelle vague"), où s'inscrivent timidement un quatuor de clarinettes, un trio pour cordes. Le Père Corbeil souligne - avec combien de raison - le travail opiniâtre du Père Brunelle "en dépit des circonstances et des événements contrariants... Tenez bon, Père Brunelle" fait-il dans son commentaire au Journal. Côté distribution des prix, jusque vers les années 60 on continuera d'adoucir la rigueur du protocole de fin d'année par des interventions musicales. Ainsi pendant que les spectateurs cherchent à identifier les "vocations" par le symbolisme des couleurs au dos des programmes, les violons du Père Brunelle exécutent le Concerto no 6 de Seitz, le Concerto en La de Vivaldi (1952), ou encore le Menuet de la Symphonie militaire de Haydn, le Concertino de Portnoff (1954), Bourrée de Haendel (1956)... Mais comme plusieurs "institutions" qui ont fait la petite histoire de nos collèges, la distribution des prix subira assez tôt le choc de transformations radicales imposées par les nouveaux cadres académiques. Si dans notre enquête sur les "écoles de musique" (au Séminaire) l'on a poussé bien avant dans le siècle, si l'on a visiblement débordé le milieu du siècle, c'est pour identifier tout ce qui pouvait encore se rattacher au passé du Séminaire. La dernière partie de l'ouvrage sera carrément tournée vers ce qui est neuf, vers un avenir riche de nouvelles promesses, avec un orchestre nouveau genre, enrichi d'éléments de tous niveaux, une réalisation toutefois qu'il eût été impensable d'entrevoir sans le poids culturel des générations précédentes. |