Histoire d'animaux

Léon

Texte de Cécile Gagnon, © édition du Raton Laveur, Saint-Hubert, 1985. Dans tout le nord du pays, vivent les ours polaires. L'eau glacée, la banquise et les icebergs sont leur lot quotidien. Mais si l'un d'eux descendait vers le sud, qu'arriverait-il ? Cette histoire raconte le curieux voyage de Léon vers le sud et de sa découverte de l'herbe et des arbres verts.

Léon habite au pays des neiges. Tout y est blanc, blanc, blanc. Il fait très froid mais Léon a une épaisse fourrure qui le tient bien au chaud.

Un jour, Léon et sa maman sont poursuivis par des chiens. Derrière les chiens viennent les chasseurs. Léon se sauve à toutes pattes mais les chasseurs attrapent sa maman et la tuent. Ils emportent son corps sur leur traîneau.

Léon reste tout seul. Il est triste. Il a peur. Heureusement, les oies des neiges viennent le consoler. Elles le distraient en lui racontant leurs voyages.

- Dans le sud, j'ai vu des arbres.

- C'est quoi un arbre ? demande Léon.

- Moi, j'ai vu des champs tout verts.

- Des champs tout verts ? s'étonne Léon. Qu'est-ce que c'est ?

Léon se débrouille du mieux qu'il peut sur la banquise. Il pêche, il joue avec les oies sur les icebergs.

Il grimpe sur un gros iceberg qui flotte dans la mer.

L'iceberg s'éloigne du rivage sans que Léon s'en aperçoive. Léon ne peut plus revenir.

- Reviens, Léon ! crient les oies.

Mais Léon s'en va. Son iceberg n'est plus qu'un petit point blanc sur la mer verte.

Pendant des semaines et des semaines, Léon reste sur l'iceberg au milieu de l'océan. L'iceberg se déplace lentement.

Puis, un beau matin, Léon s'aperçoit que la mer a changé de couleur. Il trempe sa patte dans l'eau.

- Elle est chaude !

Léon regarde devant lui et voit du vert.

- Comme c'est beau !

L'iceberg sur lequel Léon est assis rapetisse de plus en plus. Maintenant, il est à peine plus grand que... son derrière. Léon saute à l'eau et nage jusqu'au rivage. Il met ses pattes sur l'herbe.

- Que c'est doux !

Léon s'avance timidement sur l'herbe. Il rencontre une bête surprenante. Il en fait le tour, la renifle, lui donne un petit coup de patte. Mais la bête ne bouge pas. Alors, Léon se souvient des paroles des oies.

- Un arbre ! C'est un arbre !

Léon lève la tête et s'adresse au tronc et aux bras pleins de poils verts. Il crie :

- Bonjour l'arbre !

Tout à coup, Léon entend bouger tout près.

- Salut ! dit Alexis, le raton laveur.

 - Euh... bonjour, dit Léon surpris et content de rencontrer quelqu'un.

- C'est le temps des fleurs, dit Alexis. Tiens, sens-les.

- Celle-ci ne sent rien, mais quelle jolie couleur ! dit Léon.

Ensemble, Alexis et Léon s'amusent à courir dans le bois. Ils sautent, ils grimpent, ils font des cabrioles. Puis, quand le soleil de midi perce à travers le feuillage, Léon s'écroule au pied d'un grand chêne.

- J'ai chaud ! J'ai chaud !

- Ton poil est trop long, remarque Alexis.

- J'ai trop chaud ! répète Léon.

- Je vais te couper le poil, comme ça tu auras moins chaud, dit Alexis.

Léon s'installe sur une souche. L'apprenti coiffeur commence à couper avec ses ciseaux. Clic ! Clic ! Clic !

Les poils blancs tombent sans bruit sur le sol. Léon se sent déjà mieux.

La coupe terminée, Léon se lève.

- Comme je suis léger ! Je n'ai plus chaud du tout.

Soudain, des centaines d'oiseaux surgissent en criant. Ils sont très excités. La nouvelle est passée de bec en bec.

- Un nouveau matériau vient d'arriver !

- Juste au bon moment !

- Moi, je viens de commencer ma construction !

- Laissez-m'en un peu !

À la tombée de la nuit, il ne reste plus un seul poil blanc par terre. Les oiseaux on tout nettoyé.

- Merci, merci Léon !

- Nos nids sont chauds...

- ...et super-confortables !

La lune est bien étonnée. Cette année dans les arbres, tous les nids sont blancs.