Parmi les nombreux aspects qui se dégagent de l'étude de Christian Morissonneau, je signalerai, pour la collection d'éthnologie québécoise, l'apport fondamental qu'il fait de notre culture. L'Auteur démontre la volonté consciente de l'élite de canaliser et de chapeauter les éléments de la population trop mobiles et trop désordonnés. C'est retrouver l'opposition culture savante / culture populaire, c'est aussi entrevoir que la culture est essentiellement populaire et qu'elle échappe en grande partie aux déterminismes politico-économiques. La « tension fondamentale » de l'histoire québécoise se trouve dans ce que l'Auteur dichotomise en sédentarité / nomadisme. Le mythe du Nord donne sens au contrôle de l'élite canadienne-francaise, mais le migrant permanent qui, lui, fait notre culture, se soucie aussi peu de l'idéologie des commerçants anglophones que de celle du clergé canadien-français.

Ce livre me paraît ainsi toucher à la spécificité de notre culture ; il en montre aussi toute la force et surtout la continuité profonde.

Jean-claude Dupont,
Directeur de la Collection
Ethnologie québécoise