L’Atelier des
jeunes conteurs de Lanaudière
Contes et récits d’aventure
Le Sapin Vivant
Par un beau matin d’hiver, papa nous amena, ma sœur
et moi, en forêt dans le but d’y chercher notre sapin de Noël.
Le soleil brillait à travers les branches
des arbres.
Les sapins que nous regardions étaient soit
trop gros, soit trop grands ou encore, trop petits. Mais agrès avoir
marché pendant quelques minutes, je me suis tournée vers
la gauche et j’ai alors aperçu le sapin qu’il nous fallait. Papa
le coupa avec sa petite scie. Puis on le transporta à la maison.
Quand arriva le temps de le décorer, maman
m’apporta les boîtes de boules et de guirlandes. Je saisis donc une
boule et l’accrochai à une branche. À mon grand étonnement,
la boule tomba. Je la repris et la suspendis de nouveau. Mais cette fois,
je décidai de ne pas la quitter des yeux.
Elle resta à sa place pendant quelques instants,
mais cela ne dura pas. Non cela ne dura pas ! En effet, la branche du sapin
se mit à gigoter et la fameuse boule... tomba !!!
En me baissant pour la ramasser, je sentis quelque
chose me toucher le dos. « Me toucher le dos ??? Ca n’a pas de sens
; je suis seule au salon... » Aussi étrange que cela puisse
paraître, je me dis que je n’étais sûrement pas folle
car quelque chose me caressait maintenant le cou.
En me retournant, j’aperçus une petite branche
de sapin plutôt taquine qui faisait pianoter ses aiguilles ! Mais
je n’étais pas au comble de mon étonnement !
Imaginez-vous donc qu’après avoir observé
cet arbre étrange pendant plus de cinq minutes, je ne pouvais que
constater qu’il se déplaçait ! Comment le dire à ma
petite sœur, Marie-Ève ?
C’est alors qu’elle arriva. Je lui suggérai
d’accrocher une boule dans le sapin.
Comme je m’y attendais, la boule retomba par terre.
- Manon ! s’écria Marie-Ève, la boule
est tombée toute seule. Je vais le dire à maman...
Soudain, tout en accrochant la même boule,
j’entendis quelque chose, comme si quelqu’un me parlait à voix basse.
J’ouvris donc grandes mes oreilles. Croyez-le ou non, le sapin articulait
des mots :
- Fais attention...Tu me fais mal !
- Comment un sapin peut-il parler ? Comment un sapin
peut-il avoir mal ? marmonnai-je.
- C’est parce que je suis unique. La gentille fée
qui m’a semé m’a donné deux dons, celui de parler et celui
de bouger ; mais malheureusement, j’ai aussi reçu des défauts
tels qu’une sensibilité très vive et la peur. Voilà
pourquoi tu me fais mal lorsque tu suspends une boule à l’une de
mes branches...
- Mais comment faire un sapin de Noël sans le
décorer ?
- Tu peux me décorer mais seulement avec des
guirlandes. C’est la seule décoration qui ne me fait pas souffrir.
- On ne pourra même pas mettre de lumières
!?!
- Hélas ! non... Si tu ne veux pas de moi,
tu n’as qu’à me brûler et tu seras débarrassée...
- Oh ! non... Tu es bien trop beau et gentil... On
te mettra seulement des guirlandes, je te le promets...
Au même moment, maman arriva dans le salon
:
- Ma foi ! tu parles toute seule !
Je ne savais que répondre. . Puis elle ajouta
:
- Tu n’as pas encore commencé à décorer
le sapin !
- Il n’y a pas le feu, maman...
- Je dois retourner à la cuisine... Ton père
et moi, nous préparons la dinde de Noël.
Dans les minutes qui suivirent, je disposai délicatement
les guirlandes. Quand ma mère revint un peu plus tard, elle s’écria
:
- Tu n’a pas encore fini !
- Mais si, maman, j’ai fini. N’est-ce pas qu’il est
mignon, ce sapin de Noël ?
- Mais... où sont les boules ?... Où
sont les lumières ?
- Nous n’en mettrons pas cette année...
- Je vais t’en faire, moi !!!
- Oh ! maman, s’il te plaît, il est bien plus
original comme ça !
- Ah ! si tu le dis... Tous les goûts sont
dans la nature.
Enfin !
Lorsque maman fut partie, je me retournai vers le
sapin et je lui dis :
- Ce Noël sera le plus beau de tous les Noëls
car tu es mon ami.
Quand, après le temps des Fêtes, vint
le moment de brûler le sapin, je lui murmurai à l’oreille
:
- Ne t’en fais pas, gentil sapin, je t’aimerai toujours...
Et saisissant une aiguille de sapin, j’ajoutai :
- Comme ça, je te garderai toujours tout près
de mon cœur.
- Oh ! ne t’en fais pas trop pour moi. Tu sais, j’avais
oublié de te dire que la fée m’a donné le pouvoir
de ne pas souffrir quand on me brûlera...
C’est ainsi que mon cœur ne s’attrista pas devant
les flammes crépitantes.. .Et comme dans toutes les belles histoires,
tout est bien qui finit bien...
Manon Beaudry, 13 ans.
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