L’Atelier des jeunes conteurs de Lanaudière

Contes et récits d’aventure



L’énigme de Maître crapaud



Les Domipous sont de petits personnages habitant la forêt, les plaines, les vallées, les collines, les plateaux... En fait, ils se sentent partout chez eux.

Juste avant l’aube, un fracas a réveillé Libou et Noubi.

D’un caractère plutôt curieux, Noubi s’empressa de sortir de l’obscurité—la maison de ces deux personnages est située dans un chêne au beau milieu de la forêt—et de découvrir le premier d’où venait ce bruit très étrange. Libou, d’un tempérament doux et tranquille, prenait tout son temps.

Noubi, au lieu d’emprunter l’escalier, décida de se laisser glisser le long du tronc. Comme il avait les yeux fermés, il s’étonna de tomber dans une substance à la fois froide et douce ainsi que moelleuse. Libou, constatant la joie de son frère, en fit tout autant. Mais quelle ne fut pas sa surprise quand elle arriva à terre !

- Qu’est-ce que c’est que ça ?

- Je ne sais pas plus que toi, Libou.

- Allons le demander à madame chenille ; elle pourra peut-être nous renseigner.

Et nos deux personnages pas plus haut que trois pommes commencèrent à marcher péniblement sur cette substance étrange en direction de la maison en forme de champignon de madame chenille...

- Toc ! toc ! toc !

- Oui, entrez.

- Bonjour, madame chenille, nous aimerions savoir quelle est cette bizarre qui recouvre le sol et nous gèle les pieds.

- D’après moi, dit-elle, ça ne peut être que de la ouate que les humains ont oubliée ou encore du lin. Mais pour en savoir plus long sur le textile, allez voir madame araignée ; elle est experte dans le tissage.

- Merci beaucoup, madame.

- Oui, merci beaucoup, madame chenille.

- De rien, chers Domipous. Qu’ils sont donc mignons ! s’exclama-t-elle.

Et nos deux petits amis reprirent leur chemin, mais cette fois-ci vers la maison de madame araignée qui tenait un magasin de vêtements.

- Pouvons-nous entrer, madame araignée ?

- Bien sûr... Mais si ce n’est pas les adorables Domipous ! Venez donc vous asseoir, venez, venez...

- Merci beaucoup. Vous êtes gentille, madame, dit Libou.

- Oui, vous êtes bien gentille, madame, répéta Noubi.

- Mais puis-je savoir le but de votre visite ? Serait-ce pour m’acheter des vêtements ?

- Non, pas vraiment, s’empressa de répliquer Noubi.

- C’est que tantôt nous sommes allés chez madame la chenille pour savoir ce qui recouvre la terre.

- Oui, c’est ça... et elle nous a dit que ça pouvait être de la ouate ou du lin.

- En plus, ajouta Libou, elle a affirmé que vous étiez la spécialiste du textile.

- En effet, je suis la spécialiste du textile. Cependant, en ce qui concerne cette chose bizarre, je crois bien qu’elle vous a induits en erreur. Si vous voulez, allez rendre visite à Maître crapaud qui vit de l’autre côté de l’étang. Il vous renseignera mieux que personne.

Les Domipous se remirent donc en route, confiants de découvrir la clef de l’énigme...

Vers l’heure du midi, ils aperçurent la maison de Maître crapaud.

- Eh ! s’exclama Noubi en tentant de mettre un orteil à l’eau, la surface de l’étang est dure comme de la roche.

- Ça, ça doit être un tour de magie de Maître crapaud, ajouta Libou, tout en regardant sa sœur danser.

- Alors, nous y allons, suggéra Noubi d’un ton entraînant.

- Oui, allons-y !

Et nos deux amis, courageux comme tout, s’avancèrent tranquillement sur l’étang. Rendus à la maison, ils se dépêchèrent sur l’étang. Rendus à la maison, ils se dépêchèrent d’aller cogner à la porte : « Toc ! toc ! toc !... toc ! toc ! toc !... toc ! toc !
toc !...
» Pas de réponse... Après l’avoir entrouverte, ils jetèrent un coup d’œil à l’intérieur. Ne voyant aucun signe de vie, ils décidèrent d’entrer. Devant eux se dessinait un grand couloir sombre et sinistre.

- On dirait le manoir d’un vieux sorcier, chuchota Noubi.

- Chut !!! Noubi, on pourrait nous entendre.

Soudain apparurent quatre portes : une, à gauche et trois, à droite.

- Laquelle allons-nous ouvrir, Libou ?

- Peut-être celle qui est déjà entrebâillée...

- Oui, allons-y... Tiens, une salle à dîner... Ouvrons l’autre porte...

- Regarde le grand bureau et les tablettes bourrées de livres...

- Ça doit être une bibliothèque.

- Sûrement, Libou... Allons voir ce que cache la troisième porte...

- La chambre à coucher !

Au milieu de cette pièce, on pouvait apercevoir un immense lit fait de feuilles, de plumes douillettes ainsi que les fourrures d’animaux minuscules... Il ne leur restait donc plus qu’une seule porte à ouvrir et c’était la plus grande. En la poussant ensemble, ils entendirent une voix grave :

- Libou, Noubi, faites comme chez vous, je vous attendais.

À la fois inquiets et intrigués, les Domipous avancèrent à pas feutrés... dans la pénombre.

- Bienvenue, les amis. Attendez que j’allume une bougie.

- Bien sûr... dit Noubi.

Le dos bien droit, Maître crapaud était assis sur un coussin.

- Que faites-vous, Maître crapaud ?

- Je médite, mon petit Domipous, je médite...

- Vous méditez ? questionna Noubi.

- Oui, je médite...

- Comme ça, vous voulez me demander ce qui vous a réveillés cette nuit et ce qui recouvre le sol. Le fracas étrange ne peut provenir, si j’en crois mon expérience passée, que d’une glace cassée et cette chose bizarre qui se trouve par terre, c’est tout simplement... de la neige.

- De la neige ! de la neige ! s’exclama Libou, puis elle s’arrêta sec. Mais comment avez-vous pu deviner le but de notre visite ?

- C’est que je lis dans les pensées...

- C’est pourquoi on vous appelle « Maître » crapaud, dit Noubi.

- Oui, c’est un peu pour ça...

- D’abord, si vous savez tout, pouvez-vous nous dire comment ça se fait que l’eau de l’étang est devenue dure comme de la roche ? Serait-ce un tour de magie ?

- Non, du tout... comme il fait très froid dehors, l’eau gèle. Oui, c’est ainsi qu’elle durcit. Quant à la pluie, elle se transforme en neige.

- Ah !!! je comprends ! s’exclama Libou.

- Courons vite le dire à madame araignée ainsi qu’à madame chenille, dit Noubi. À bientôt, Maître crapaud.

- Il n’y a pas le feu, les amis.

- Merci pour tout, Maître crapaud.

Le cœur gonflé de joie, les Domipous avaient déjà traversé le seuil de la porte de la salle de méditation du divin animal.

- Au revoir, les Domipous, songea-t-il.

Et nos deux copains reprirent tout de suite le chemin qu’ils avaient emprunté en se promettant d’aller annoncer tout de suite la bonne nouvelle à leurs amis.



Jean-Sébastien Meilleur, 15 ans