Le mot Mi-Carême veut simplement dire le milieu du carême; le jeudi de la troisième semaine entière des quarante jours de jeûne et de pénitence avant la fête de Pâques. Cette journée fut réservée pour fêter et oublier la sévérité du carême. Amenée en Amérique du Nord par les colons français, la Mi-Carême a survécu dans seulement quatre villages canadiens: Saint-Antoine-de-l’Île-aux-Grues et Natashquan au Québec, Fatima aux Îles de la Madeleine, et la région de Chéticamp, St-Joseph-du-Moine et Margaree en Nouvelle-Écosse.

Depuis le Moyen Âge, la Mi-Carême en France fut une occasion qui inclut un défilé de chars en fleurs ou en papier. On retrouve aussi d’autres colonies françaises qui ont retenu cette journée de congé du carême. La Guadeloupe et la Martinique comme exemple, réservent encore le vingtième jour du carême comme une journée remplie de vin, de rhum, de manger et de danse afin d’oublier les sacrifices du carême. La fête populaire du Mardi-Gras en Louisiane a une origine semblable où le dernier jour avant le carême est désigné le jour de fête.

Au Canada, on nous dit qu’il y avait une dame légendaire semblable à la légende du Père Noël, qui se promenait dans le village, costumée d’une grande robe, avec la tête couverte, laissant des bonbons pour les enfants. La plupart du temps les enfants ne la voyaient pas, mais le lendemain, on leur disait que la Mi-Carême avait laissé ces friandises. Il y avait même des enfants qui accrochaient leur bas de laine ou leur tuque pour que la Mi-Carême les remplisse de bonbons pendant la nuit.

La Mi-Carême servait aussi de personnage effrayant par les parents des enfants désobéissants, leur disant que la vieille Mi-Carême allait venir les punir s’ils n’écoutaient pas. Les parents faisaient aussi croire aux enfants que c’était la Mi-Carême qui amenait les bébés.

La Mi-Carême a éventuellement développé dans un congé non seulement pour les enfants mais aussi pour n’importe qui voulant s’échapper de ces quarante jours de pénitence. La veille de la Mi-Carême était appelée la <<Petite Mi-Carême>> et était réservée aux enfants. Ils se déguisaient et allaient de maison à maison, demandant des friandises. Pour cette journée seulement, ils étaient permis de manger des bonbons.

La journée suivante, étant la Mi-Carême, c’était au tour des adultes. Ils se déguisaient et allaient de maison à maison dans le but de ne pas se faire reconnaître par leurs voisins. C’était le devoir de ceux en costume de changer leur voix et leurs manières pour rendre encore plus difficile le jeu et le devoir de ceux qui demeuraient à la maison d’essayer d’identifier les personnes déguisées. C’était une fête accompagnée de musique, de manger et de beaucoup d’excitement.

Même après plus de 200 ans, cette célébration est encore fêtée dans la région de Chéticamp, St-Joseph-du-Moine et Margaree. Cependant, au lieu d’une journée, la célébration dure toute la semaine! Ce n’est pas rare pour une personne de cette région de prendre son congé de travail pendant la semaine de la Mi-Carême afin de ne pas manquer un moment de cet événement.