Potentiel de la couleur

 

1965


Guido Molinari
Mutation rythmique bi-jaune
1965

(c) Guido Molinari/SODRAC (Montréal) 2000

 

 

 

 

 

 

 

 

Figure incontournable de l'abstraction canadienne, Guido Molinari, avec ses collègues néo-plasticiens, réagit fortement à l'automatisme de Borduas et impose, dès la fin des années 1950, une peinture abstraite géométrique longuement planifiée.

 

À la suite des travaux réalisés par Malevitch, Mondrian et Kandinsky, il cherche à faire du tableau une surface dynamique, essentiellement construite et animée par les forces en jeu dans le support lui-même et par le potentiel énergétique de la couleur, évitant toute référence au monde réel ou même à l'espace dans lequel nous nous mouvons.

 

Ici, une série de bandes verticales traitées en aplat commande d'emblée un balayage en surface de l'œuvre : de haut en bas suivant la verticalité des bandes et de gauche à droite suivant la séquence des couleurs. Peu importe l'entrée prise, l'œil glisse sur la surface sans jamais s'y enfoncer.

En effet, si les couleurs varient et créent une dynamique optique vibratoire, presque ondulatoire, leur répétition ramène tour à tour les différents couples ou trios de bandes à la surface, ne donnant jamais à lire un espace (où l'on pourrait dire : cette bande-là est devant celle-ci) mais plutôt une pulsation (où la bande passe continuellement de l'arrière à l'avant-plan).

Au-delà des considérations strictement picturales, l'abstraction apparaît, tout au long du siècle, comme un moyen d'échapper au totalitarisme de l'espace social, le tableau abstrait constituant alors, pour l'artiste, un espace de liberté individuelle et intellectuelle, mais à la fois la cause de son repli du champ social.

 

A.M.N.