Ici,
une série de bandes verticales traitées
en aplat commande d'emblée un balayage en surface
de l'uvre : de haut en bas suivant la verticalité
des bandes et de gauche à droite suivant la séquence
des couleurs. Peu importe l'entrée prise, l'il
glisse sur la surface sans jamais s'y enfoncer.
En
effet, si les couleurs varient et créent une dynamique
optique vibratoire, presque ondulatoire, leur répétition
ramène tour à tour les différents
couples ou trios de bandes à la surface, ne donnant
jamais à lire un espace (où l'on pourrait
dire : cette bande-là est devant celle-ci) mais
plutôt une pulsation (où la bande passe continuellement
de l'arrière à l'avant-plan).
Au-delà
des considérations strictement picturales, l'abstraction
apparaît, tout au long du siècle, comme un
moyen d'échapper au totalitarisme de l'espace social,
le tableau abstrait constituant alors, pour l'artiste,
un espace de liberté individuelle et intellectuelle,
mais à la fois la cause de son repli du champ social.
A.M.N.