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La fête de la St-Jean-Baptiste à Dollard

par Thérèse Lefebvre-Prince

C'est en 1834 que la St-Jean-Baptiste a pris une allure plutôt officielle et organisée au Québec. Cette année-là, Ludger Duvernay, futur fondateur de la Société Saint-Jean-Baptiste, a conçu l'idée d'une fête nationale annuelle qui regrouperait les Canadiens-français. (Source: Yvon Desautels, Les coutumes de nos ancêtres, Éditions Paulines, 1984.) À la fin du siècle, plusieurs cercles locaux de la Société St-Jean-Baptiste furent fondés en Saskatchewan.

Dollard, village et district autrefois peuplé en majorité de francophones, est situé dans le sud-ouest de la province, tout près des Montagnes Cyprès. La paroisse débuta en 1908, d'abord avec l'érection d'une croix sur une haute colline, par le missionnaire Jérome Boutin de St-Hubert. Ensuite, ce fut le bureau de poste que l'on établit en 1909 et en 1911, le curé V. Jayet bâtit une église sur son homestead dans le district de Villeroy. Tôt après, c'est un magasin qui vit le jour sur la terre voisine de Trefflé St-Hilaire, puis en 1912, on construisit une école. Mais avec l'arrivée du chemin de fer en 1914, l'emplacement du village subit un changement de quelques milles au nord de Villeroy, et éventuellement en 1922, l'église fut déménagée en ce même endroit.

Les colons avaient été dirigés dans cette région d'après les efforts de missionnaires-colonisateurs, tels que l'abbé P. Gravel, de son bureau de colonisation à Moose Jaw, l'abbé A. Dufresne, curé de Gull Lake, Mgr O. Mathieu, évêque du diocèse de Regina, et les agents colonisateurs Léon Roy et Joseph Roy.

Le plan de colonisation était de transplanter la culture canadienne-française dans l'Ouest, et c'était le rêve des colons de préserver la langue et les traditions des ancêtres. Ces plans prirent un départ sérieux avec la formation du groupe local de l'ACFC en 1913, sous la direction du curé de la paroisse, l'abbé Henri Kugener. Ce mouvement patriotique se manifestait dans les rassemblements des membres, des conférences, et au cours des années, la célébration de la St-Jean-Baptiste, le 24 juin.

On retrouve dans certains journaux des récits de ces célébrations:

"Le 24 juin 1918: – La célébration de St-Jean commençait avec une grande messe chantée par l'abbé Gendron suivie d'une parade jusqu'aux champs de sports. Une foule impressionnante était présente pour jouir du programme sous la direction de monsieur Trefflé St-Hilaire. Le soir eut lieu un concert avec monologues et chants accompagnés au piano par madame DeSerres. Les discours de circonstance étaient délivrés par l'abbé Gendron et monsieur Lucien Tourigny, avocat de Shaunavon."

"Le 25 juin 1919: – L'abbé Kugener revenu de la guerre était l'invité d'honneur. La grande messe chantée par M. le curé J.O. Rioux était suivie d'une fête champêtre. Il y avait courses de chevaux et autres amusements. La soirée était agrémentée de chants, musiques, causeries et se terminait par un goûter."

"Le 25 juin 1921: – La St-Jean fut célébrée avec un éclat particulier. Après la messe, la foule se rendait sur le terrain d'amusements, où on servait un dîner champêtre. Il y avait une variété de jeux et parties de baseball contre Shaunavon et Eastend. Le soir, une opérette par des acteurs locaux fut présentée. Des discours patriotiques furent prononcés par le docteur P.E. Ayotte et monsieur Lucien Tourigny."

Parfois, on remplaçait le programme régulier par un évènement spécial. Par exemple, le 28 juin 1922, la salle Gagnon était remplie d'une foule enthousiaste pour entendre le Trio Larrieu de Bretagne, et le 4 juillet 1929, le grand chanteur de folklore québecois, Charles Marchand, enchantait la foule.

Au fil des années, les célébrations prenaient un cachet moins nationaliste. Mes souvenirs des années quarante sont de bazars, de soupers champêtres et parfois de musique, de chants et de discours pour maintenir l'intérêt dans l'ACFC. Avec l'érosion de la population, attribuable à l'évolution sociale et technologique, et l'assimilation de nombres de francophones, la paroisse de Dollard a dû se joindre à celle de Shaunavon dans les années '60.

Les rêves de la colonisation ne se sont pas perpétués. Les célébrations de la St-Jean ne sont plus qu'un souvenir. Mais, grâce aux récits du passé, je peux percevoir mes jeunes parents, participants et témoins privilégiés de ces festivals remplis d'entrain et d'espoir.

Bibliographie

Croquis historiques des paroisses du diocèse de Gravelbourg, à l'occasion de son Jubilé d'Argent 1930-1955.

Township General Register, Archives de la Saskatchewan, Regina.

Historic Register, Régistre de la paroisse Ste-Jeanne d'Arc de Dollard, Shaunavon Rectory Library, Christ the King Parish. Juin 1987.

Canada Post Corporation, Regina, Sask. Lettre du 15 décembre 1988: "Post Offices in Southwest Saskatchewan".

Homestead Records, Archives de la Saskatchewan, Université de la Saskatchewan. Lettre du "Department of the Interior", le 27 mars, 1913, de James Duff, Agent du C.P.R.

Shaunavon Standard, Dollard Column, June 30, 1918.

Le Patriote de l'Ouest, Prince Albert, Sask. Le 29 mai 1913. "Un groupe local à Dollard dans la Saskatchewan Sud."

Le Patriote de l'Ouest, Chronique – DOLLARD, Sask. Le 16 juillet 1919.

Le Patriote de l'Ouest, Chronique – DOLLARD, Sask. Le 20 juillet 1921.

Le Patriote de l'Ouest, Chronique – À DOLLARD. Le 5 juillet 1922.

Le Patriote de l'Ouest, Chronique – DOLLARD, Sask. Le 7 juillet 1929.

Listen! The Wind is Rising! Ecoutez! Le vent se lève! Étude historique de Dollard et District. Publié en 1989 par Thérèse Lefebvre-Prince.

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