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Victor BourgeaultVictor Bourgeault est né à la mi-mars 1863 dans la région de Berthierville au Québec. Après des études médicales à l'université McGill, il fait son internat au Rhode Island et revient s'établir au Québec. Mais la profession est encombrée et ne rapporte pas gros; le docteur Bourgeault exerce donc la médecine à plusieurs endroits dans la région de Saint-Hyacinthe, espérant toujours trouver un village où s'installer en permanence. Vers 1902, il décide de venir à Duck Lake, en Saskatchewan, où il est «officier de la santé» pour plusieurs réserves indiennes du nord de la province. Il n'est pas clair s'il a obtenu ce poste avant ou après son arrivée à Duck Lake, ce qui pourrait expliquer sa décision de venir s'établir dans l'Ouest. Les voyages dans l'arrière-pays sont encore pénibles à cette époque et il doit en effectuer plusieurs pour enrayer des épidémies ou pour enquêter sur les circonstances entourant certains décès, dont un au lac Brochet, à plus de 700 kilomètres à vol d'oiseau au nord-ouest de Prince-Albert: «En 1904, la police montée de la Saskatchewan eut à débrouiller les circonstances mystérieuses qui entouraient la disparition d'un homme trouvé mort au Lac Brochet, endroit éloigné très au nord. Dans le cas, les lumières d'un médecin expérimenté en autopsie étaient devenues nécessaires. Le docteur Bourgeault fut donc spécialement mandé et, accompagné d'un détective et d'un policier, il prit le chemin du Nord, atteignant la destination un mois plus tard. Là, le Docteur se mit tout de suite à l'ouvrage et, en peu de temps, prouva avec évidence qu'il ne s'agissait pas d'un meurtre, mais seulement d'une mort accidentelle. Le voyage de retour s'effectua sans incidents, mais le docteur et ses compagnons avaient alors parcouru, tant en canot qu'en traîne à chiens, l'imposante distance de 1750 milles.» En octobre de la même année, le médecin se réserve un homestead à environ trois milles à l'est du premier site de Marcelin. L'agent du médecin dans cette transaction est nul autre que Me Alphonse Turgeon, appelé à devenir député libéral et procureur du gouvernement provincial. D'autres membres de la famille Bourgeault viennent à la même époque se prendre eux aussi des homesteads et des préemptions dans le district. Le terrain a déjà été abandonné par deux homesteaders, l'un d'eux déclarant que la moitié était inondée une bonne partie de l'année. Néanmoins, le médecin y élève une dizaine de chevaux, des bêtes à cornes et il en obtiendra les lettres patentes trois ans plus tard, presque jour pour jour. Il se fait construire sur ses terres, en février 1905, une maison considérée comme luxueuse pour l'époque et il y emménage en avril. Il décide aussi de construire un hôtel. Pour des raisons qui ne sont pas claires mais probablement de nature politique, on lui refuse un permis pour la vente de l'alcool, que l'on accorde pourtant à d'autres hôteliers qui sont arrivés à peu près en même temps. Dans ces conditions, il est futile de songer à exploiter l'hôtel. Le bâtiment est transformé en restaurant. Le médecin fait aussi ériger un magasin général, qu'exploite un fils pendant quelques années. «Peu de temps après les premières hostilités de la guerre de 1914, la Serbie, dévastée par de terribles épidémies, avait fait appel à ses Alliés pour obtenir de l'aide médicale. Le docteur Bourgeault, en l'occasion, fut le premier Canadien à répondre à l'invitation, 14 médecins devant ensuite suivre son exemple. Il se rendit en Angleterre à ses frais et de là fut envoyé en Serbie. Quand l'ennemi envahit ce pays, le docteur Bourgeault et ses compagnons durent s'enfuir en toute hâte, et connurent de longs mois de misères et d'angoisses avant d'être recueillis par un navire italien. Descendu en France, le docteur Bourgeault n'en continua pas moins à se dévouer dans ce pays, aux soins des malades et des blessés.» À son retour au Canada, le docteur Bourgeault s'installe à Howell, rebaptisé Prud'homme quelques années plus tard. C'est là qu'il pratique la médecine jusqu'au printemps de 1940, alors qu'il prend sa retraite à l'âge de 76 ans. Comme tous les autres médecins de campagne, il court la campagne par tous les temps et en toutes saisons, pour un accouchement, une jambe cassée ou une fièvre contagieuse. Bien des fermiers et leurs familles lui doivent la vie. C'est le samedi 15 février 1941 qu'il meurt à l'hôpital Saint-Paul de Saskatoon. (citations: La Liberté et le Patriote, 12 mars 1941, p. 8; renseignements: Regina Leader-Post, 17 février 1941, p. 5; History of Marcelin and District, Marcelin Historical Society, Marcelin, 1980, pp. 49-54; Life As It Was, Prudhomme History Committee, Prud'homme, 1981, pp. 220-222) |