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Jules-S. Casgrain


La ville de Prince-Albert est un grand centre commercial et administratif, en même temps qu'un important noeud ferroviaire autour duquel ont longtemps gravité bon nombre de villages de langue française alors que le chemin de fer était encore le principal moyen de transport: Albertville et Henribourg vers le nord, Debden, Victoire et Spiritwood vers le nord-ouest, Saint-Louis, Hoey et Domrémy vers le sud, Duck Lake et Marcelin par deux lignes différentes vers le sud-ouest. C'est pour cette raison, et aussi à cause de la présence d'un important contingent de langue française et du journal Le Patriote de l'Ouest, que Prince-Albert a plusieurs fois accueilli le congrès de l'Association Catholique Franco-Canadienne de la Saskatchewan. Au début, l'organisation de ces congrès incombait presque entièrement à des comités formés de membres du cercle local de l'association. Le nom de Jules-S. Casgrain figure en bonne place parmi ces organisateurs, de même que dans la liste des membres les plus actifs de l'A.C.F.C. provinciale.

Jules Casgrain est né à l'Islet, à environ 75 kilomètres en aval de Québec, le 7 mars 1886. Sa famille s'installe à Saint-Boniface en 1901 et Jules vient à Prince-Albert vers 1910. Il travaille tout d'abord comme commis et préposé aux livres à l'épicerie de Louis Valade, puis il devient comptable d'une ferme privée avant d'accéder à un poste semblable à la prison provinciale de Prince-Albert au tout début des années 1920. Il occupera ce même poste jusqu'à sa retraite en 1951.

Le nom de Jules Casgrain apparaît pour la première fois dans un encart préparé par Le Patriote de l'Ouest à l'occasion du congrès de juin 1914. Le jeune homme est alors «président du Comité de chant pour le Congrès». Le programme qu'il a préparé remporte un vif succès et Le Patriote vante l'esprit d'entente qui règne au sein du cercle de Prince-Albert:

«Le cercle local de l'A.C.F.C. de Prince-Albert a travaillé dans l'union et l'harmonie la plus parfaite à la préparation du Congrès. Il s'est mis à l'oeuvre plusieurs semaines à l'avance et en de fréquentes réunions toujours bien suivies, il s'est appliqué à pourvoir à tous les détails de l'organisation en partageant le travail entre divers comités qui n'ont rien épargné pour assurer le succès.»

Lors du congrès de 1923 – passablement houleux et au cours duquel il apparaît clairement que les intérêts du Nord ne sont pas nécessairement identiques à ceux du Sud de la province – Jules Casgrain fait partie du comité général d'organisation. C'est d'ailleurs lui qui a l'honneur de prononcer l'allocution de bienvenue aux délégués. Il se charge aussi des décorations pendant que sa femme, Sarah de Lorimier, qu'il a épousée à la Cathédrale du Sacré-Coeur de Prince-Albert à la mi-juin 1917, est présidente du comité des Dames. Les congressistes peuvent aussi entendre la voix de Jules Casgrain lors d'un concert à la cathédrale, alors qu'il exécute en solo le «Gloria» de Gounod et un «Jesu» de Verdi.

L'A.C.F.C. et son organisation-soeur, l'Association des Commissaires d'École Franco-Canadiens, ont déjà reconnu l'excellence de ses services: élu deuxième vice-président de l'A.C.E.F.C., il occupe pendant plusieurs années le poste important de trésorier général de l'A.C.F.C., chargé de l'administration financière de l'association. Il fait aussi partie du cercle Pascal de l'association des Artisans canadiens-français et en est le délégué au congrès de 1914 à Montréal.

La musique demeure la grande passion de M. Casgrain. Il est membre du choeur de chant de la cathédrale de Prince-Albert durant une quarantaine d'années en tout. Au cours des années 1920, ce choeur est généralement reconnu comme l'un des meilleurs groupes vocaux de tout l'Ouest canadien et il offre de nombreux récitals, le plus souvent le dimanche après-midi. À cette époque, il est dirigé par Mme Emma Morrier, épouse du Commandeur Eldège Morrier; à Noël, à Pâques et dans les autres grandes occasions, un orchestre ajoute ses voix à celles des grandes orgues pour une messe solennelle. Le public a souvent l'occasion d'apprécier la belle voix de M. Casgrain, comme le rapporte Le Patriote après un récital en avril 1923:

«Le Choeur a rendu avec art deux «Gloria», l'un de Mozart et l'autre de Gounod; on a remarqué la pureté des attaques et l'observation parfaite des nuances. Les solistes, Mme Spear Miller, MM. J. Casgrain, F.G. Harvey et C. Greening ont mis beaucoup d'expression dans leur chant.»

Son désir de voir progresser l'éducation catholique à Prince-Albert l'amène à occuper pendant plus de quarante ans le poste de secrétaire-trésorier de la commission des écoles séparées Saint-Paul. Il dirige ainsi l'expansion de la commission scolaire qui se résumait à son arrivée en 1915 à une seule petite école et quatre enseignantes, et qui comprendra quatre grandes institutions avec plus de 25 maîtres et maîtresses lorsqu'il quittera son poste à regret en 1956. Jules Casgrain est d'ailleurs l'un de ceux qui ont encouragé avec le plus de fermeté et de constance le programme de français de l'A.C.F.C.

Jules S. Casgrain meurt en novembre 1959 et ses funérailles ont lieu à la cathédrale de Prince-Albert.

(citations: Le Patriote de l'Ouest, 16 juin 1914, p. 4 et 11 avril 1923, p. 4; renseignements: Patriote, 11 juin 1914, p. 8 et 16 juin 1914 (encart) p. 6, 23 septembre 1915, p. 4, 21 février 1923, p. 2, La Liberté et le Patriote, 20 novembre 1959; dossier assemblé par M. Maurice Casgrain de Prince-Albert)

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