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Louis Demay


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Dr Demay, Radio-Saskatchewan (Archives de la Saskatchewan) 8.9 Kb

Les conditions d'établissement dans les districts de Saint-Brieux, Kermaria et Le Folgoët ont été particulièrement dures; outre le fait que les terres étaient fortement boisées, le sol était par endroits rocailleux, sablonneux et mal draîné. Néanmoins, la colonie bretonne s'est maintenue et a prospéré. Foyer important de la présence française en Saskatchewan, elle a même fourni un des grands présidents de l'Association Catholique Franco-Canadienne, M. Louis Demay.

Louis Demay est né à Bordeaux le 20 juillet 1889. Après ses études dans un lycée de la ville, il part pour le Canada en 1906 avec un contingent formé des familles Carbasse et Demay. Louis est déjà orphelin de mère et il semble bien que son père ne se fait pas à ce nouveau pays et qu'il n'y reste pas longtemps. Le jeune homme travaille d'abord à Bellegarde et Antler, puis il s'initie au commerce en prenant du service comme commis dans un magasin général de Melfort.

En 1912, le Canadian Northern lance un embranchement vers le sud à partir de Melfort et achète une section de terre pour créer le village de Saint-Brieux. Bientôt, plusieurs magasins se construisent le long de la rue principale. Louis Demay, fort de l'expérience acquise à Melfort, s'associe à son beau-frère Charles Esbrayat pour ouvrir un magasin général. Les affaires marchent bien. Saint-Brieux est le terminus de la ligne pendant quelque temps, ce qui donne au village un avantage commercial considérable car on vient de plusieurs lieues à la ronde pour livrer le grain. Les fermiers défrichent et cassent quelques acres de plus chaque année, avec le résultat que les livraisons de grain augmentent régulièrement. À l'automne, leur «ticket d'élévateur» à la main – c'est comme de l'argent comptant –, ils s'approvisionnent en grand nombre au magasin. De plus, on a installé un centre de villégiature sur les bords du lac, non loin du village; l'endroit est bondé en été.

Maintenant que le commerce est solidement établi, Louis peut songer à fonder un foyer. À la mi-juin 1914, il épouse Jeanne Ferré, fille d'un autre Breton de la région. Quelques mois plus tard, quand éclate la Première Guerre mondiale, Charles Esbrayat est l'un des premiers à partir rejoindre son unité en France. Il est aussi l'un des premiers à mourir au front. Sa veuve prend la décision de vendre sa part à son frère Louis; c'est ce même magasin que ce dernier exploitera jusqu'en 1946.

Louis Demay s'est aussi réservé un homestead en juillet 1913, à un kilomètre au nord du nouveau village et le long du tracé de la voie ferrée. Le printemps suivant, il y construit une maison et s'y installe; il obtiendra les lettres patentes de la concession en 1918. De toute évidence, il n'a pas l'âme d'un cultivateur et il vend sa terre vers 1921.

M. Demay s'intéresse à la vie publique de son village et au sort de ses compatriotes. Comme le rappelle La Liberté et le Patriote, «quand on tourne les pages de l'histoire de St-Brieux et qu'on se rappelle la réalisation de plusieurs projets, par exemple la construction de l'église et de l'école; érection du monument-calvaire près du lac Lenore à la mémoire des pionniers bretons de 1904; célébrations de bienvenue en l'honneur des combattants de retour de la guerre 1914-18; jubilé d'argent de la paroisse; érection d'un monument pour le bon Père Barbier; construction d'une école secondaire, etc., c'est toujours l'image de M. Demay à l'oeuvre qui vient à la mémoire.»

Secrétaire-trésorier de la municipalité rurale de Lac Lenore et commissaire d'école pendant de nombreuses années, il est en plus secrétaire-trésorier de l'arrondissement scolaire. C'est ce qui l'amène à s'intéresser à l'Association des Commissaires d'École Franco-Canadiens de la Saskatchewan; longtemps membre adhérent, il est secrétaire, puis président de 1945 à 1952. Presque depuis les débuts, il appartient aussi à l'Association Catholique Franco-Canadienne; membre de son conseil exécutif pendant plusieurs années, il est élu président de l'association en 1948, succédant ainsi au Dr Laurent Roy de Régina.

La minorité française de la Saskatchewan vit un moment critique de son histoire: le grand dossier qui accapare presque toutes les énergies est l'obtention des permis et le financement de stations de radio française à Prince-Albert (plus tard Saskatoon) et à Gravelbourg. La lutte est longue, ardue; elle nécessite d'instantes représentations auprès des autorités fédérales; Louis Demay sera de toutes les luttes. Finalement, C.F.R.G. d'abord, puis C.F.N.S. seront construits. Mais lorsque C.F.R.G. entre en ondes le 1er juin 1952, M. Demay n'est pas là pour célébrer la victoire. Il vient de démissionner, en avril, pour des raisons qui mettent en cause d'autres fortes personnalités du mouvement de langue française. Il se retire ensuite presque entièrement des luttes nationales et il s'éteint le 19 mai 1964 à l'âge de 75 ans.

(citation: La Liberté et le Patriote, 19 juin 1964, p. 13; renseignements: Historique de Saint-Brieux, 1904-1979, Saint-Boniface, 1981, pp. 80-81; Denys Bergot, Réminiscences d'un pionnier, Saint-Brieux, 1929, passim; Liberté, 29 mai 1964, p. 11)

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