| ||||||||||||
| ||||||||||||
Azarie GareauLes premiers habitants de la région de Saint-Isidore-de-Bellevue étaient des Métis venus de la Rivière-Rouge; ils n'ont toutefois laissé que des traces imprécises. Le premier Blanc à s'y établir de façon permanente et à y laisser une marque plus visible était un Canadien français du nom d'Azarie Gareau.
Azarie Gareau est probablement né au tout début de l'année 1854 au Québec. Ses frères Ludger et Napoléon travaillent comme menuisiers à Winnipeg au début des années 1880. La spéculation foncière et la fièvre de la construction ont fait augmenter les salaires en flèche dans la métropole de l'Ouest et les artisans y gagnent largement leur vie. La congrégation des Oblats les embauche pour construire l'église de Batoche en 1882. Comme l'ouvrage ne manque pas, ils font venir leur frère Azarie, père de famille, alors apparemment établi aux États-Unis. Azarie ne travaille pas longtemps à la construction, puisqu'il prend du service comme commis chez Batoche Letendre, le plus important marchand et traiteur de la région. Il se réserve aussi un homestead, le NW 10-44-28 W2, un peu au nord-est de Batoche. L'année suivante, il va chercher – ou il fait venir – sa femme et ses trois enfants. Lors du soulèvement de Batoche en 1885, il est gardé à vue par les soldats de Middleton, car on le soupçonne d'accorder son appui aux Métis. On va même jusqu'à vérifier si un tunnel pouvant abriter des «rebelles» n'a pas été creusé dans la paroi de son puits! Pendant trois jours, ce sont les soldats qui font le train et s'occupent de la basse-cour; Azarie se passerait bien d'une main d'oeuvre si encombrante... Enfin, la tourmente passe. Les deux frères d'Azarie sont entre temps partis pour l'Alberta et pas une autre famille blanche n'est encore venue s'installer dans le district. Afin que ses enfants et les petits Métis des environs ne grandissent pas sans savoir lire et écrire, Azarie s'improvise instituteur en 1889. Mais la tâche est trop lourde, car il ne faut pas non plus négliger la ferme. Il lance donc un appel à l'aide à sa jeune soeur Rose-Anna, qui vient faire la classe en 1890 et 1891. Comme bien d'autres institutrices qui viendront après elle, Rose-Anna se marie bientôt et abandonne l'enseignement. L'école, semble-t-il, demeure ensuite fermée pendant plusieurs années.
Durant l'hiver de 1892, Azarie reçoit un laissez-passer du Canadien Pacifique afin d'aller faire du recrutement dans l'Est. Il réussit, après bien des péripéties, à attirer quelques parents de son épouse. Le district continue donc à se peupler lentement. En 1897, il sollicite l'établissement d'un bureau de poste et est alors nommé premier maître de poste de Garonne, le bureau étant situé à quelques kilomètres à l'ouest du site actuel de Saint-Isidore-de-Bellevue. Il conservera la position jusqu'au printemps de 1915. Lorsque l'abbé P.-É. Myre fonde officiellement la paroisse de Saint-Isidore en 1903, Azarie est élu marguillier pour trois ans. Beaucoup plus tard, entre 1920 et 1925, il sera encore une fois marguillier. Pendant toute sa vie, il exploita sa ferme, jusqu'à ce que l'âge le force à prendre sa retraite. «Monsieur Azarie Gareau demeura longtemps le patriarche de la paroisse, et à toutes célébrations, c'est à l'entour de lui que se réunissait sa nombreuse progéniture». Il décéda le 17 août 1938, à l'âge de 84 ans. (citation: dossier «Généalogie des familles de la paroisse St-Isidore de Bellevue, Sask.» aux Archives provinciales, p. 21; renseignements: Le Patriote de l'Ouest, 31 août 1938, p. 8; Roland Gaudet (?), St. Isidore de Bellevue, 1902-1977, s.l.n.d., passim) |