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Joseph-Eldedge Morrier


Joseph-Eldedge (ou Eldège) Morrier naît à Montréal le 29 août 1874. Il effectue des études commerciales dans sa ville natale avant d'entreprendre un cours en génie civil à l'université d'Ottawa. À l'emploi du ministère de l'Intérieur, il suit des cours particuliers de mathématiques et de géométrie en vue d'obtenir un brevet d'arpenteur fédéral. Reçu arpenteur à l'âge relativement avancé de 33 ans, il est dépêché par son ministère pour effectuer le levé de Churchill, sur la baie d'Hudson, où l'on prévoit la construction d'un port de mer. Le projet n'est pas une sinécure, car Morrier doit parcourir près de 1500 kilomètres, en raquettes et par des températures sibériennes, pour mener le projet à terme. Puis, de 1909 à 1911, il dirige plusieurs travaux d'arpentage dans les provinces de l'Ouest; ces travaux, pour la plupart, préparent l'ouverture de nouveaux cantons à la prise de homesteads. La région se peuple rapidement et Morrier, entrevoyant des possibilités intéressantes, prend la décision de s'y fixer. Il obtient alors son brevet d'arpenteur provincial et s'installe à Prince-Albert avec son épouse, Emma Arcand-Gravel.

Il s'intéresse déjà aux luttes que mène l'élément franco-catholique pour la reconnaissance de ses droits. En 1914, il est élu président de l'Association Catholique Franco-Canadienne pour un mandat de deux ans. Lorsque les dissensions menacent de faire éclater l'A.C.F.C. lors du congrès tumultueux de Prince-Albert en 1923, il est encore une fois choisi comme président, car sa candidature est la seule qui soit acceptable par les différentes factions. Élu secrétaire-général de l'A.C.F.C. une fois son premier mandat de président terminé, il occupe ce poste jusqu'en 1927. Il devient aussi le premier chef du secrétariat permanent de l'A.C.F.C., entre 1925 et 1928. De plus, il occupe pendant bon nombre d'années le fauteuil de président du cercle local de l'A.C.F.C. à Prince-Albert.

La presse constitue son premier et principal intérêt. Dès 1915, il devient président de la compagnie La Bonne Presse, qui publie le journal Le Patriote de l'Ouest, dont il sera d'ailleurs l'administrateur pendant treize années consécutives. Son travail d'arpenteur nécessite néanmoins de longues absences. En décembre 1915, par exemple, Le Patriote signale son retour à Prince-Albert. «Parti vers la fin de septembre dernier pour faire le relevé de travaux d'arpentage que le gouvernement fédéral fait exécuter dans la région du lac Athabasca, à plus de 400 milles au nord d'Edmonton, M. Morrier avait la haute direction de trois groupes d'arpenteurs et il a mené à bonne fin la rude tâche qui lui était confiée».

Son influence se fait également sentir dans le domaine de l'éducation. «La population de Prince-Albert doit aussi beaucoup à M. Morrier pour le dévouement inlassable qu'il a prodigué aux intérêts de notre école catholique comme secrétaire de la commission scolaire. C'est grâce à lui qu'un nombre considérable de propriétés de la ville dont les taxes allaient jusqu'ici aux écoles publiques ont été rétablies cette année sur la liste des contribuables à l'école catholique séparée.»

En novembre 1916, le gouvernement provincial nomme J.-E. Morrier au poste d'inspecteur des écoles. Pour des raisons dont on ne connaît pas la nature de façon certaine mais qui ont probablement à voir avec quelque tracasserie administrative, il abandonne bientôt le poste. On sait par ailleurs qu'il fait partie pendant plusieurs années du directorat de l'Association Interprovinciale, organisme voué au recrutement et à la formation d'enseignants et d'enseignantes bilingues en Saskatchewan.

«Nommé Commandeur chevalier de l'ordre de Saint-Grégoire le Grand par Sa Sainteté Pie XI, le 11 mars 1925, en reconnaissance de ses services à la tête des oeuvres franco-catholiques et particulièrement à la présidence de la Bonne Presse, il organise, cette même année, le premier voyage de la Survivance française des provinces de l'Ouest à la province de Québec.» Ces excursions – il y en aura une chaque année jusqu'à la crise – mènent les Franco-Canadiens de l'Ouest, par trains entiers, vers les villes et les centres de dévotion du Québec. C'est l'occasion de renouer les liens avec le berceau de la vie française en Amérique et, de façon toute aussi importante, de rappeller aux gens du Bas-Canada que des centaines de milliers de leurs compatriotes vivent là-bas, dans les grandes plaines.

«En 1928, il reçoit du gouvernement de la République française la décoration d'Officier de l'Instruction publique». C'est à cette époque qu'il part s'installer à Montréal. Il y demeure quatre ans, avant de revenir dans l'Ouest pour prendre en main l'administration du journal La Survivance, à Edmonton. Il meurt dans la capitale albertaine le 12 avril 1940.

(citations: deux premières, Le Patriote de l'Ouest, 2 décembre 1915; dernières, ibid., 17 avril 1940)

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