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Berchmans Rio


Berchmans Rio est né le 23 janvier 1888 à Kervignac, dans le Morbihan. Il s'embarque pour le Canada à la fin d'avril 1906, avec son oncle missionnaire, le père Auguste Lecorre, o.m.i. Ce dernier entretient l'espoir que son neveu l'accompagnera et lui prêtera main forte dans les missions du Nord. Ils arrivent à Duck Lake au début de mai et se reposent quelque temps à l'école indienne Saint Michel.

Le père Lecorre continue toutefois seul sa route vers le Nord, car son neveu ne se sent pas la résistance physique nécessaire pour être bien utile dans ces dures contrées. Berchmans Rio trouve un emploi sur la ferme d'un autre immigrant français, M. Mièvre; il faut dire qu'après avoir passé toute sa jeunesse à l'école et au collège de Ste-Anne d'Auray, la santé du jeune homme n'est pas des meilleures; d'ailleurs il ne connaît presque rien à l'agriculture, et encore moins aux méthodes pratiquées dans les fermes de l'Ouest canadien. Après quelques semaines, il prend du service comme jardinier chez un important commerçant de l'endroit, Hilliard Mitchell.

En 1909, il épouse Marguerite Couet, arrivée de France en 1896; le jeune couple s'installe alors sur une ferme, à l'ouest de Duck Lake, ayant appartenu à la mère de la mariée.

Berchmans Rio dévoue sa vie à son église, sa famille et l'A.C.F.C. Il est organiste pendant 52 ans, d'abord à Duck Lake et ensuite dans sa paroisse de Ste-Anne à Titanic. Combien de fois abandonne-t-il les travaux de la ferme, si pressants soient-ils, pour jouer la messe d'enterrement ou de mariage à Duck Lake, à Titanic, à Marcelin ou à Blaine Lake? Pendant bien des années, il organise aussi le choeur de chant à la messe du pèlerinage de Saint-Laurent.

D'esprit foncièrement chrétien, il apprend à sa famille le respect de la religion, la sienne et celle des autres. Il a ses saints préférés: sainte Anne, patronne de la Bretagne et de sa paroisse; saint Antoine, souvent invoqué pour retrouver les objets perdus. La Liberté et le Patriote résume ainsi sa longue carrière au service de la population franco-catholique de la région:

«M. Rio joua un rôle considérable dans la paroisse. Il fut correspondant du journal la Liberté et le Patriote* durant une trentaine d'années. Il fut président du cercle paroissial de l'A.C.F.C. depuis sa fondation en 1921 jusqu'en 1962 lorsque pour cause de dépopulation de la région ce cercle fut fusionné à celui de Duck Lake. Durant de nombreuses années ce cercle fut des plus actifs. Son chef avait l'amour du théâtre, aussi forma-t-il une équipe d'acteurs et d'actrices locaux qui donnèrent des représentations dans la paroisse et les centres environnants. Ils eurent toujours du succès.

«M. Rio ne comptait jamais son temps lorsqu'il s'agissait de rendre service, aussi nombreuses sont les fois, même en hiver, où il se rendait en voiture à chevaux donner ses services comme organiste ou chantre dans d'autres paroisses à l'occasion de services funèbres. Et qui ne se souvient pas de sa voix vibrante lors des processions paroissiales et aux pèlerinages à Notre-Dame-de-Lourdes et à St-Laurent-de-Grandin?

«Une de ses dernières joies fut probablement celle de ce grand jour de fête en 1959 lorsque furent célébrées conjointement, en la salle paroissiale, ses cinquantièmes anniversaires comme organiste de la paroisse et de son mariage, surtout lorsque M. l'abbé G. Aumont, alors curé, y lut une bénédiction papale.»

Après plusieurs années de maladie, Berchmans Rio disparaît le dimanche 27 septembre 1964.

* et de son prédécesseur jusqu'en 1941, Le Patriote de l'Ouest

(citation: La Liberté et le Patriote, 9 octobre 1964, p. 13; renseignements: dossier fourni par Mme Adèle Périllat, Duck Lake)

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