Drapeau fransaskois le Musée Virtuel Francophone de la Saskatchewan
Accueil Musées Pionniers Récits Anecdotals Archives et Folklore Parlure Fransaskoise
Accueil Musées Pionniers Récits Archives Parlure
 
 

Adélard Roy


Le journal Le Patriote de l'Ouest fut publié à Prince-Albert jusqu'en 1941, alors qu'il le fusionna avec La Liberté de Saint-Boniface pour devenir La Liberté et le Patriote. Le journal devait compter sur les contributions de correspondants réguliers ou occasionnels pour remplir les colonnes réservées aux événements plus ou moins importants – y compris les potins, les allées et venues et la chronique mondaine – survenus dans les différents villages et bourgs de langue française. Le décès des pionniers était habituellement signalé par une très brève notice nécrologique. Néanmoins, dans plusieurs cas, le défunt ou la défunte jouissait d'une telle estime dans sa communauté qu'on lui consacrait plusieurs colonnes. Ainsi les qualités de M. Adélard Roy, pionnier de Valroy, village qui prit plus tard le nom de Dollard en l'honneur du héros Dollard des Ormeaux, furent rappelées en ces termes par le correspondant du journal:

«M. Adélard Roy naquit à St-Isidore, Québec, en 1881. Le 27 septembre 1904, il épousa Mlle Anna Bouffard et, en 1910, sous la direction de son oncle, M. Léon Roy, agent du gouvernement (père de Gabrielle Roy), il vint prendre définitivement homestead à Dollard, terre qu'il cultiva pour une cinquantaine d'années et qu'il vendit à une compagnie d'huile pour aller demeurer au village.

«Avant que le village fut bâti, les fermiers charroyaient le grain à Gull Lake quelque 40 milles au nord. Il fallait plusieurs jours pour le voyage à boeufs et même à chevaux. La maison d'Adélard servait de pied-à-terre pour les fermiers plus à l'Ouest. Ils étaient en majorité des Norvégiens et des Suédois qui ne savaient pas un mot de français – ce qui compliquait les choses quand Mme Roy était seule pour leur donner l'hospitalité pour la nuit. Les premiers mots qu'elle apprit en anglais furent «Thank you – very much obliged».

«La maison «Adélard» ne fut pas seulement le «stopping place» pour les charroyeurs de blé. M. le curé Dufresne y célébrait la messe le dimanche. Groupés près de l'autel, les participants puisaient la foi et la force de tenir. Homme de foi, M. Roy l'était. Il a toujours secondé le prêtre qu'on respectait à la maison. Il n'aurait pas fallu qu'on le critique d'aucune façon. Les enfants ne se souviennent pas d'avoir connu leur père autrement que bedeau et placier dans l'église. Il n'y avait que les grosses tempêtes d'hiver qui l'empêchaient d'assister à la messe du dimanche. On se rappelle de sa fidélité à la prière du soir en famille et de sa prière du matin qu'il récitait au rythme régulier de sa berceuse où il s'appuyait.

«Cette chaise, l'avait-il apportée de Québec, c'est possible. Ce qui est certain, c'est que M. Roy s'est bercé dans cette chaise avant sa dernière randonnée dans le village le mercredi matin 21 septembre. Le long des années, il en a souvent changé les berceaux et quelquefois la peinture. Cette berceuse a une âme qu'il faut consulter pour connaître un peu plus celle du père.

«M. Roy était un homme industrieux. Il ne connaissait pas l'oisiveté. Quand les travaux de la terre lui en laissaient le loisir, il frappait de l'enclume, faisait des meubles, fumait de la viande, raccommodait les harnais et les souliers, fabriquait des traîneaux pour les enfants qui passaient des heures dans les côtes. En vrai fermier, il connaissait tous les métiers. Il était l'ennemi mortel des dettes. Il préférait se priver plutôt que d'acheter à crédit. Aussi souffrit-il terriblement quand au temps de la dépression il dut accepter l'aide du gouvernement. Sa qualité caractéristique était l'ordre – il fallait que chaque chose soit à sa place. Il fallait aussi partir pour arriver à temps – surtout à la messe le dimanche. Non seulement il soutenait le curé mais aussi la maîtresse d'école. Elle avait toujours raison auprès des enfants qu'il voulait assidus et vigilants en classe. Il était sociable. Il aimait la compagnie, les veillées d'hiver – son franc rire était communicatif. Il aimait chanter. Il aimait les chants d'église. La messe que le choeur de chant de Shaunavon a chantée à ses funérailles, la piété du célébrant et les paroles émues du lecteur et commentateur, Robert, son fils cadet, ont dû le réjouir.»

(citation: La Liberté et le Patriote, 6 octobre 1966, p. 11; renseignements: Historique de la Paroisse de Sainte Jeanne d'Arc de Dollard, Fonds Dollard aux Archives provinciales, passim)

Retour