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Joseph-Antoine ThériaultDès qu'ils étaient suffisamment nombreux dans un district, les nouveaux arrivants franco-catholiques adressaient à Monseigneur l'évêque une requête en vue d'obtenir un curé résidant. La présence du prêtre constituait un signe réconfortant de la permanence du nouveau cadre de vie, en même temps qu'un rappel de celui que l'on avait dû quitter au Québec ou en France. Le premier curé de la paroisse du Sacré-Coeur de Montmartre, Mgr J.-A. Thériault, a personnifié la stabilité de la nouvelle colonie et la pérennité de ses institutions en servant pendant 45 années consécutives. «Joseph-Antoine Thériault naquit à St-Modeste, Rivière-du-Loup, Qué. en 1877. En 1899 après avoir achevé ses études classiques au Petit Séminaire de Rimouski, Antoine entra au Grand Séminaire où il commença ses études théologiques. Sa santé trop précaire l'obligea à quitter Québec en 1902; il vint à St-Boniface, où il acheva ses études.»1 «Il fut ordonné prêtre par S. Exe. Mgr A. Langevin, O.M.I., à St-Boniface, le 1er mars 1903. Immédiatement après, Sa Grandeur accompagna le jeune prêtre prendre possession de la Mission de Montmartre, érigée en paroisse vers le même temps. Le groupe de catholiques qui la composait était formé de Français, venus des centres industriels et organisés en colonie; de quelques familles du Montana, du Minnesota et de l'Est des Etats-Unis; de Flamands et de colons venus de l'Île Verte, des Trois-Pistoles, de St-Pascal et d'autres paroisses de la province de Québec. Les débuts furent rudes et pauvres, mais le nouveau curé se mit résolument à l'oeuvre, d'abord pour concilier les esprits sur le choix du site de la chapelle, et ensuite pour résoudre les nombreux problèmes religieux, scolaires et financiers.»2 «De l'argent il n'y en avait pas! On résout la question du support du prêtre. Le dimanche, chaque famille apportera fidèlement à tour de rôle un panier qui contiendra l'approvisionnement de M. le curé pour toute la semaine. Inutile de vous dire que le jeune curé y trouvait de la variété de semaine en semaine, selon la fortune des donateurs. En même temps il maintenait une correspondance acharnée avec ses parents et ses amis du vieux Québec pour les amener à s'établir en cette paroisse. Nous savons qu'il a été heureux dans le choix de ses sujets et que ces derniers ont fait leur grande part pour le développement matériel et pour l'honneur de notre paroisse.»3 «En juin 1903, il retourna à Québec puis revint à Montmartre avec sa mère qui vécut près de lui jusqu'en 1925. En 1906, Mgr Thériault fit ériger une nouvelle église et une plus grande encore 12 ans plus tard, l'église du Sacré-Coeur. Des vicaires lui furent envoyés successivement, car sa santé ne lui permettait plus de faire face aux exigences du ministère. «Le 18 juillet 1928 fut célébré le 25e anniversaire de son sacerdoce et de sa paroisse. À cette occasion, le vénéré jubilaire fit un touchant sermon en présence de distingués visiteurs.»4 Il exprima ses plus sincères remerciements à la population venue l'écouter. «Depuis les cheveux blancs jusqu'à la tête blonde, affirma-t-il, intime ami de tous, je connais tout le monde; fier de mon rôle obscur, de ma tâche jaloux, j'ai baptisé l'enfant, j'ai béni les époux, j'ai – fardeau le plus lourd de ma carrière – conduit bien des défunts au cimetière et parmi ceux-là ma très regrettée mère. Puis, dans les jours de liesse, j'ai de mes paroissiens partagé l'allégresse, et l'oreille tendue à leur joie, à leurs pleurs, j'ai ri de leur gaité, pleuré de leurs douleurs.»5 «Dix ans plus tard, le 18 mai 1938, le Pape conféra le titre de Prélat Domestique à Mgr Thériault. L'investiture eut lieu lors d'une messe pontificale célébrée par Mgr Monahan, archevêque de Régina. En 1948, après 45 ans d'un dévouement inlassable, Mgr Thériault dit adieu à sa paroisse et se retira à Rimouski, pour un repos bien mérité.»6 C'est là qu'il mourut le 15 février 1963, à l'âge de 86 ans. (citations: 1 La Liberté et le Patriote, 8 mars 1963, p. 11; 2 ibid., 30 juillet 1948, p. 1; 3 Fonds A.-J. Boyer aux Archives provinciales; 4 Liberté, 8 mars 1963, p. 11; 5 Fonds de la paroisse du Sacré-Coeur de Montmartre, vol. 14, aux Archives provinciales; 6 Liberté, 8 mars 1963, p. 11) |