Drapeau fransaskois le Musée Virtuel Francophone de la Saskatchewan
Accueil Musées Pionniers Récits Anecdotals Archives et Folklore Parlure Fransaskoise
Accueil Musées Pionniers Récits Archives Parlure
 
 

Au ras


Il y a des termes que nous utilisons fréquemment et auxquels on ne pensera jamais lorsqu'on pense à la Parlure fransaskoise. Ce sont souvent des termes que les religieuses et monsieur Antonio de Margerie se sont acharnés à essayer de rayer de notre vocabulaire lors des cours du Bon Parler Français à cette époque où l'A.C.F.C. s'occupait de l'enseignement du français plutôt que de s'occuper de petite politique.

Malgré le travail dévoué de toutes ces personnes, plusieurs de ces termes sont restés dans notre vocabulaire. Récemment, des cousins me demandèrent si je me souvenais et si je savais d'où venait le terme au ras que nos parents et grandparents utilisaient communément.

En effet, je me souviens très bien de cette expression. Quand j'étais très jeune, mon grand-père me demandait souvent de venir «s'asseoir au ras de lui.» Ou encore, je me souviens de ma tante «au ras du poêle à préparer un autre bon repas.»

Lorsque mes cousins me proposèrent ce terme, je ne l'avais jamais vu écrit auparavant. Je me dirigeai immédiatement vers un de mes nombreux dictionnaires afin de trouver une définition. Bien sûr, je cherchais sous aura.

Enfin, dans le Dictionnaire de la langue québécoise de Léandre Bergeron, j'ai trouvé le terme écrit en deux mots – au ras «loc. adv. ou prép. – Près. Près de.» Étant curieux, j'ai tourné les pages de ce dictionnaire jusqu'au «r» ou j'ai découvert ras «prep. À ras. Au ras de. Ex. Passer ras terre. En verser ras bord. À ras, au ras. Tout près. Ex. I s'tient toujours à ras. À ras, au ras, à ras de, au ras de. Près de. Ex. I reste à ras de l'église.»

En Acadie, on trouve l'épellation auras. Ephrem Boudreau, dans son Glossaire du vieux parler acadien, nous suggère les exemples suivants: «Aller auras de l'eau (près de l'eau, de la mer, etc.). Les moutons sont auras de la grange (près de la grange). Y en a ien qui pêche auras le cap La Ronde (Il y a quelqu'un qui pêche près du cap La Ronde). Assis-toi auras moi (à côté de moi).»

Le terme nous vient de l'ancien français. Le dictionnaire Larousse de l'ancien français nous dit que le mot ras est entré dans le vocabulaire vers 1256 et est issu du latin rasus – tondu de près, coupé jusqu'à la peau. Dans ce même dictionnaire on peut lire ras a ras «tout contre, au niveau de.» En laissant tomber le premier ras, on retrouve l'expression à ras qui est devenu par la suite au ras ou auras.

David Rogers, dans son superbe Dictionnaire de la langue québécoise rurale, a relevé l'expression dans le roman «Vézine» de Marcel Trudel, page 98. «Ben, viens t'asseoir à ras de moé, tu vas apprendre.»

Ayant suggéré un nouveau terme pour la Parlure fransaskoise, mes cousins décidèrent d'en soumettre une courte liste. Commençons avec le mot washdish. Je dois admettre que ce terme n'était pas utilisé chez nous; nous disions plutôt le plat à main ou le bassin.

Cependant, le terme m'est familié et je me souviens l'avoir entendu souvent durant ma jeunesse. Le mot washdish a été emprunté de l'anglais. Il s'agissait du plat ou du bassin disposé près de la porte d'entrée pour qu'on puisse se laver les mains.

Enfin, comme je l'ai déjà mentionné dans une autre chronique, les gens de Bellevue ont adopté certaines expressions métisses, et ce à cause de leur proximité de Batoche. Une de ces expressions qui est encore commune à Bellevue, comme me le rappelaient mes cousins, est le terme j'peut-ti.

Retour