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Banqueroute


Les temps sont durs pour tout le monde ces jours-ci. Les banquiers se sont enrichis au cours de la dernière année avec leurs taux d'intérêts super-élevés, mais nous sommes dans une récession et la vie n'est plus belle pour le pauvre contribuable qui se voit obligé de remplir ses formulaires d'impôts après avoir dépensé une fortune sur la TPS.

En Saskatchewan, le ministre des Finances évite l'Assemblée législative pour annoncer en conférence de presse que nous allons payer plus de taxes à l'avenir afin de venir en aide aux pauvres fermiers de la province.

Tout le monde accepte qu'ils ont des problèmes, les fermiers, étant assujetis par une guerre des prix des produits agricoles. Le Théâtre Oskana de Regina est en pleine répétition d'une pièce pour le premier Festival de théâtre communautaire et leur plus gros problème est de savoir, d'une semaine à l'autre, quel est le prix d'un minot de blé. Est-ce trois piastres le minot; deux piastres et vingt-cinq ou une piastre et soixante-quinze?

Il y a certainement des problèmes dans l'industrie agricole quand le tout persécute même des pauvres comédiens amateurs. Hélas, oui! Le monde agricole vit un temps difficile et ce ne sont pas tous les fermiers qui ont les moyens divins de se payer un avocat (des avocats) pour amener la C.B.C. en cour.

Pour la plupart, la réalité quotidienne c'est la perte de leur terrain et la vente aux enchères de leurs biens les plus chers. Le nombre de faillite dans le monde agricole est constamment à la hausse et un terme qu'on entend de plus en plus en Saskatchewan est banqueroute.

Maintenant, il faut avouer que les fermiers ont des problèmes financiers, mais peut-être qu'il faudrait arrêter d'être diffamatoire envers ces hommes et ces femmes qui ont sué de leur front pour s'assurer que nous puissions avoir du pain, des légumes et de la viande sur notre table.

En effet, selon Gérard Dagenais dans le Dictionnaire des difficultés de la langue française au Canada, «il est diffamatoire (voir libelle) d'appeler banqueroutier un commerçant de bonne foi dont un tribunal constate qu'il se trouve dans l'impossibilité de payer ses créanciers sans qu'il ait commis d'actes criminels ou simplement dilecteux.»

Dagenais précise que la banqueroute est une «faillite précédée ou accompagnée d'actes fautifs au regard de la loi aggravant la situation des créanciers.» Réalisons que les fermiers ne sont pas responsables pour leurs problèmes financiers et ils n'ont certainement pas commis d'actes de fraudes.

Ayant réglé cette question, n'empêche que plusieurs fermiers sont appelés à faire faillite cette année. Malgré l'aide des contribuables et les ventes aux enchères, ces bonnes vieilles ventes à l'encan, se multiplieront ici et là en province.

Je dois avouer que je n'étais pas certain si le terme encan était acceptable en français (il l'est depuis le Moyen Âge), mais en le cherchant dans mon Petit Robert, j'ai découvert le mot fripier qui décrit la personne qui revend d'occasion des habits, du linge. On peut alors dire vente au fripier, mais seulement dans des cas comme la Salvation Army.

Puisqu'il y aura plusieurs ventes aux enchères dans la province durant la prochaine année, certaines personnes songent peut-être à s'acheter de belles bébelles de seconde main; un tracteur, peut-être, ou même des meubles pour la maison.

Revenons au dictionnaire de monsieur Dagenais pour corriger cette dernière petite erreur. Selon lui, «c'est commettre une faute que de prêter à de seconde main le sens d'occasion, usage, de revente, qu'a le terme anglais second hand. La locution adverbiale d'occasion signifie «par occasion», c'est-à-dire dans des circonstances particulièrement favorables, et elle s'emploie adjectivement au sens de «qui n'est plus neuf, qui a déjà servi» quand on parle de marchandises: j'ai acheté ce livre d'occasion et on peut acheter à bon marché de bonnes voitures d'occasion. Usagé a le même sens de «qui n'est plus neuf, qui a déjà servi», mais il s'applique à n'importe quel objet, particulièrement aux vêtements, et non seulement aux marchandises: porter des souliers usagés: cet homme est pauvre ou avare, car le seul costume qu'il porte est très usagé et acheter une voiture usagée... Brocanter signifie «faire commerce d'objets achetés d'occasion». Celui qui fait ce commerce est un brocanteur et son commerce est la brocante.»

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