| ||||||||||||
| ||||||||||||
BarlanderJ'ai terminé la dernière chronique de la Parlure fransaskoise en vous proposant deux mots suggérés par madame Berthe Lalonde d'Assiniboia – barlander et raboudiner. J'aimerais revenir sur ces deux mots et explorer un peu leurs origines. Barlander: dans son Dictionnaire de la langue québécoise, Léandre Bergeron nous dit que barlander est un verbe intransitif et qu'on dit plutôt berlander au Québec. Avec cette référence, on peut consulter le Dictionnaire du bon langage de l'abbé Étienne Blanchard où on peut lire: «Berlander: Il n'y a pas à hésiter, traîner, piétiner sur place, languir, m. q. à berlander, flâner, lambiner, fainéanter, baguenauder, m. q. berlander du matin au soir.» Enfin, c'est dans le Dictionnaire Larousse de l'ancien français qu'on trouve une souche au mot barlander. Dans ce document, on trouve le mot «berlanc, n.m. table de jeu.» Puisque nos ancêtres étaient de grands travailleurs, et, que ceux qui s'adonnaient aux jeux au hasard étaient considérés des flâneurs, il est fort possible que le verbe barlander ou berlander soit venu du mot berlanc – flâner à la table de jeu. Raboudiner: commençons encore une fois avec le Dictionnaire de la langue québécoise de Léandre Bergeron. Dans ce bouquin on peut lire: «raboudiner, verbe transitif – mal rapiécer, mal raccommoder. – bafouiller.» et «raboudinage, n.m. – ouvrage mal fait.» Dans le Dictionnaire du bon langage de l'abbé Blanchard, on trouve «raboudiner – réparer en diable.» Raboudiner vient peut-être de rabee. Dans le Dictionnaire Larousse de l'ancien français on nous dit «rabee, n.f. (XIIIe s.) vol rapide et impétueux.» Chez nous, je ne me souviens pas qu'on utilisait le mot raboudineux. Toutefois, il était commun d'entendre l'expression broche-à-foin pour décrire un travail mal fait. La personne pouvait être broche-à-foin pour avoir mal fait un travail ou le travail même pouvait être broche-à-foin. Chose intéressante, les fermiers utilisaient souvent des bouts de broche-à-foin pour réparer l'équipement de la ferme. En fin de semaine dernière, à Gravelbourg, la Parlure fransaskoise a fait l'objet d'une discussion. Les gens avaient surtout aimé la récente chronique qui traitait des sacres canadiens français. Lors de cette discussion, Cléophas Bouvier de Gravelbourg a suggéré un terme que je n'avais jamais entendu auparavant – pied de roi. Monsieur Bouvier m'expliquait que c'est le nom qu'on donnait à la règle en bois qui était pliante. Je ne sais pas si on en fait encore de ces règles pliantes, mais je me souviens que mon père en avait une quand j'étais plus jeune. C'était une règle de cinq pieds qui se pliait en dix. Dans le Dictionnaire de la langue québécoise j'ai réussi à trouver une définition de ce terme. Bergeron nous dit: «Pied-de-roi – règle pliante de vingt-quatre pouces.» Dans le Petit Robert, on nous dit: «Pied-de-roi, n.m. (1894; mesure de 12 pouces.) (Au Canada) Règle pliante graduée en pieds, en pouces et en lignes, mesurant habituellement deux pieds.» Au Manitoba et au Québec, ces règles pliantes étaient peut-être limitées à vingt-quatre pouces, mais en Saskatchewan nous en avions de soixante pouces. En cherchant dans d'autres dictionnaires pour une définition de pied-de-roi, j'ai trouvé cette définition de patte dans le Dictionnaire des difficultés de la langue française au Canada de Gérard Dagenais. Selon lui, «le mot patte se dit de façon générale des membres ou appendices des animaux qui leur permettent de se déplacer sur terre. Il se dit aussi, dans le langage populaire et dans certaines expressions consacrées du langage familier, des mains, des jambes et des pieds de l'homme: traîner la patte, montrer patte blanche, marcher à quatre pattes, etc. Mais, il ne doit jamais se dire de la partie ou d'une partie d'un objet par laquelle il repose sur le sol ou qui lui sert de support. C'est commettre une faute que de parler, par exemple, des pattes d'un meuble ou de la patte d'un verre. Pour les objets inanimés, il faut employer le mot pied et dire les pieds de la table, les pieds de la chaise, le pied de la coupe, etc.» |