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Bavasser


Le langage d'un peuple est constamment en voie d'évolution. Les Fransaskois sont souvent accusés d'être trop influencés par leurs voisins américains. Plusieurs mots et expressions que j'ai présentés dans cette chronique sont des américanismes (ou si vous préférez, des anglicismes) comme les mots swather, stampede et slush.

Toutefois, plusieurs mots et expressions qui sont entrés dans notre vocabulaire proviennent de sources autres que les contacts des Fransaskois avec les anglophones et les Américains. Il y a eu, entre autre, l'influence des Métis dont la langue est en voie de disparition. Je traiterai à un autre moment des mots et des expressions que les Fransaskois ont empruntés des Métis.

Je veux m'attarder sur des mots et des expressions qui proviennent du Québec et qu'on entend encore souvent par ici. Il s'agit de termes qui étaient utilisés au Québec à la fin du siècle dernier. Les exemples sont tirés du Dictionnaire de Bon Langage de l'abbé Étienne Blanchard publié à Montréal en 1915.

Dans l'avant-propos de ce dictionnaire, l'abbé Blanchard écrit: «Je ne me pose pas donc en juge des mots et je ne voudrais pas qu'on crût que tout mot sur lequel des observations sont faites n'est pas français. Il peut l'être, mais non d'un usage courant, il peut être vieux et démodé, ce peut être un terme anglais même accepté par le dictionnaire, mais auquel il faut toujours préférer le terme français, quand il existe. Par le fait que je cite tel canadianisme, tel archaïsme, tel mot anglais francisé, je ne le condamne pas, mais j'essaie de donner autant que possible l'équivalent bien français de ces sortes de mots.»

La chronique, la parlure fransaskoise, ne veut pas justifier les anglicismes, mais plutôt essayer de trouver leurs origines. Donc, je veux commencer avec des mots que j'ai trouvé dans le dictionnaire de l'abbé Blanchard, des erreurs que l'abbé avait identifié au début du siècle et qu'on retrouve toujours dans notre vocabulaire.

Examinons d'abord le mot bavasseux. Les Fransaskois ne sont pas nécessairement les plus bavards au monde, mais ils n'échappent pas à être des moulins à parole. Afin de corriger cette erreur, l'abbé Blanchard suggère plusieurs autres mots ou expressions qui seraient plus justes, plus correctes. Pour remplacer bavasseux, il nous suggère «bavard, babillard, colporteur de nouvelles, délateur, dénonciateur, caquet bon bec, caquet bien affilé, phonographe et moulin à parole.»

Un autre mot, issu de bavasseux, qu'on entend toujours communément en Saskatchewan est bavasser, qui veut dire bavarder, jacasser. Pour remplacer ce mot, l'abbé Blanchard nous suggère plusieurs expressions savoureuses: «défiler son chapelet, se faire l'organe, corner les nouvelles et casser du sucre sur le dos du prochain.»

Enfin, si on parle des bavasseux qui bavassent, il va sans dire que ce qu'ils font c'est du bavassage. Notre cher abbé suggère de remplacer bavassage par «bavardage, verbiage, babillage, bavarderie, commérage, ou bagout.» En passant, je peux vous éviter de courir au dictionnaire pour vérifier le mot «bagout» (ou «bagou)». Ce n'est pas un anglicisme. Le Petit Robert dit de bagout: «nom masculin du XVIIIe siècle, de bagouler ou parler inconsidérément.»

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