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BinderPlus tôt, j'ai parlé de la combine, cette machine de la ferme qu'on devrait plutôt appeler une moissonneuse-batteuse. Puisque la grande majorité de nos ancêtres Fransaskois étaient des fermiers, c'est dans ce domaine que nous allons trouver plusieurs des mots et des expressions typiquement fransaskois. Le premier des noms de machines qui me vient à l'idée c'est le binder. Ce nom fut emprunté de l'anglais et décrit la machine agricole utilisée pour couper le grain, le lier avec une corde (to bind) et le placer en javelle (swath) avec les épis disposés dans le même sens. En français on aurait dû dire «la lieuse» ou encore «la moissonneuse-lieuse», mais les fermiers francophones utilisaient plus couramment le mot anglais binder. Le binder, comme la combine, est un instrument agricole qui nous vient des États-Unis et il est fort possible que la majorité des agriculteurs ne connaissait pas le bon mot français. Ou encore, il est possible qu'on préférait le mot anglais binder à l'équivalent français lieuse. Quel que soit la raison, le fermier coupait son grain avec un binder. Et du binder sortait les gerbes de grain qu'on appelait les sheaves. Au début, les premiers binders attachaient le grain avec un fil de fer, mais par la suite on se mit à utiliser une corde de chanvre (hemp). Avant l'arrivée dans l'Ouest canadien des binders, le grain était coupé à la main avec une faux. Des moissonneurs suivaient pour attacher le grain en gerbe. Cette machine éliminait alors cette tâche et rendait le travail des moissons plus facile. Une fois que le grain était coupé et lié en gerbe ou sheaves, il fallait procéder à placer ces gerbes de grain en «meulottes» ou «meulons». Dans plusieurs coins de la province, on utilisait encore une fois le mot anglais, stouques, au lieu de l'équivalent français «meulottes». Une stouque c'était plusieurs gerbes de grain appuyées les unes contre les autres, tête en l'air, afin de minimiser les pertes lorsqu'on ne pouvait procéder immédiatement aux battages. De stouque nous vient une série d'autres mots tels que le stouqueur (la personne qui place les gerbes en meulottes); ou encore stouquer et faire les stouquages (l'action de placer les gerbes en meulottes). Combien de vos grands-mères se souviendront des heures qu'elles ont passé dans les champs à bâtir une stouque après l'autre, puisque cette tâche était souvent réservée aux femmes. |