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ChenaillerDans la dernière chronique de la Parlurefransaskoise, j'ai exploré une expression typiquement fransaskoise que m'avait suggérée Rolland Pinsonneault, c't'amanchure-là. Cette expression m'a poussé à aller retrouver un petit bouquin que j'avais acheté il y a quelques années lors d'un salon du livre de l'A.C.E.L.F. Il s'agit du Livre des expressions québécoises de Pierre DesRuisseaux, publié il y a 10 ans aux éditions Hurtubise HMH. Dans ce bouquin, on retrouve plusieurs expressions qui sont utilisées couramment par les Fransaskois. Dès la première page, on découvre l'expression accouche qu'on bâtisse! c'est-à-dire dépêche-toi, on a du travail à faire. Selon Pierre DesRuisseaux, cette expression qui indique l'impatience est toujours utilisée à la forme impérative. Combien de fois avons-nous été pris dans une réunion de la francophonie et que nous voulions dire à quelqu'un qui s'éternisait sur un détail insignifiant: «Vas-y! Accouche qu'on puisse continuer!» Sans plus tarder, accouchons et passons à une prochaine expression. DesRuisseaux suggère l'expression: savoir chenailler son affaire, c'est-à-dire savoir faire en vitesse. Cette expression se dit d'une personne débrouillarde et rapide; une personne qui n'a pas les deux pieds dans la même bottine. En Saskatchewan, le mot chenaille est souvent utilisé pour inciter une personne à partir en hâte! «Chenaille d'icitte» était souvent utilisé chez nous pour dire décampe, déguerpis, pousse-toi. Dans son sens etymologique, DesRuisseaux nous rappelle que le verbe chenailler nous vient probablement de chienaille (XIIe siècle: troupe de chien). Chercher une aiguille dans un voyage de foin est une expression qu'on retrouve partout et dans plusieurs langues. Il y a plusieurs variantes à cette expression, comme chercher une aiguille dans une botte de foin. À cause de l'influence de l'anglais, la variante fransaskoise est chercher une aiguille dans un tas de foin (haystack). Chez nous, une botte de foin est une bale de foin, tandis que le «haystack» est un tas de foin. Peu importe la variante, l'expression veut dire chercher quelque chose, ou quelqu'un dans un ensemble très vaste. N'avoir plus que l'air d'aller, c'est-à-dire n'avoir plus que l'impulsion, n'avoir plus grand force. Pierre DesRuisseaux nous rappelle qu'autrefois, la coutume voulait que le père, âgé et souffrant d'épuisement, se «donne» à son fils et lui lègue sa ferme. On pouvait donc dire, à la suite de cet abandon volontaire, que le vieillard n'avait plus alors que l'air d'aller. L'expression fut changée quelque peu en Saskatchewan. Chez nous, je me souviens, mon père venait nous demander de venir lui donner un air d'aller lorsque la voiture ou le camion ne voulait pas partir. Se faire donner un air d'aller voulait dire se faire pousser dans le but de démarrer la voiture. On utilisait aussi l'expression se donner un air d'aller, c'est-à-dire donner un dernier coup de coeur pour terminer ou débuter un travail qui ne plaisait pas trop. Ne pas être dans son assiette est une expression qui n'a pas tellement évolué entre le Québec et la Saskatchewan. On va utiliser cette expression pour décrire une personne qui est momentanément dans une mauvaise disposition. Par ici, on utilise aussi des variantes de cette expression, comme ne pas être d'équerre ou encore être en beau maudit. Manger de l'avoine, c'est-à-dire essuyer un échec. Cette expression est utilisée plus particulièrement pour parler d'un échec amoureux. Selon Pierre DesRuisseaux, il existait autrefois une amusante coutume dans certaines provinces françaises; quand une jeune fille ne désirait plus rencontrer un jeune homme, elle déposait à la dérobée dans une de ses poches une poignée d'avoine, à la suite de quoi celui-ci, comprenant le message, cessait de lui faire sa cour. DesRuisseaux a trouvé un exemple de cette expression dans la littérature québécoise. Dans «La Scouine» d'Albert Laberge, on peut lire: «Découragé par cet échec, Charlot résolut de ne plus s'exposer à manger d'avoine.» |