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Couillons


Une lectrice de Willow Bunch, madame Louise Boisvert, écrit: «Il y a trois mots qui m'ont toujours un peu intrigué. Couillons, on dit parfois «espèce de couillons», un autre est pantoute et quasiment. Je ne sais pas si je les épelle comme il faut.»

Commençons avec le premier des termes proposés par madame Boisvert, couillon. Le terme n'est plus tellement usuel chez les Fransaskois, mais au temps de ma jeunesse, à l'École élémentaire de Bellevue et au Collège Mathieu durant les années 1960, couillon figurait souvent dans le langage coloré des jeunes hommes.

Léandre Bergeron, dans son Dictionnaire de la langue québécoise, nous offre la définition suivante: «Couillon, onne adj. Lâche, peureux. Faire le couillon – Se masturber.»

D'autre part, Bélisle, dans son Dictionnaire nord-américain de la langue française, ajoute que le mot couillon est un terme de mépris – un paresseux, un traître.

Bergeron et Bélisle offre également les termes couilles (testicules), couillonnade (lâcheté, traîtrise), couillonnage (acte d'un couillon) et couillonner (trahir, duper).

Couillon semble être issu du mot couille (testicule). Dans les Trésors de la langue française au Canada, dictionnaire du français québécois, volume de présentation, on trouve sous le mot gosse, la définition suivante: «Gosse: (vulgaire) Chacune des glandes sexuelles mâles enveloppées par le scrotum, productrice des spermatozoïdes; testicule. Synonymie: Québ. chenolle, noix, grelot, boule, amourette (vieilli), glagne (id), marbre (id); fr. testicule (souvent fém. au Québec). Couille est connu mais paraît peu courant.»

On sait que l'organe sexuel d'un homme a souvent été utilisé, dans plusieurs langages, comme base de la preuve du courage de l'homme: en anglais, l'expression «he's got balls» veut dire que la personne a du courage. «Espèce de couillon» reprend cette idée, mais la tourne pour signifier un manque de courage – lâcheté, traîtrise, etc.

Pantoute ou pentoute: ce terme s'explique assez facilement. Il s'agit d'une déformation de l'expression «pas du tout». Le mot est assez commun, tant au Québec que dans les régions francophones hors Québec.

David Rogers, dans son Dictionnaire de la langue québécoise rurale, a relevé le terme dans le roman Marie-Calumet de Rodolphe Girard, page 102. «I est après se pardre! J'ai beau i dire, i veut pas m'écouter pentoute

Quasiment: Cet adjectif veut dire «presque»; être quasiment prêt – être presque prêt. Une autre fois, je cède la parole à David Rogers qui a trouvé l'extrait suivant dans le roman Marie-Didace de Germaine Guèvremont, page 57. «Ce que tu vois là-bas, vieille, c'est l'île Plate, avec ses arbres, quasiment tous des saules, couchés par la glace.»

Madame Boisvert terminait sa lettre en écrivant: «Je ne sais pas si je les épelle comme il faut.» Je tiens à la rassurer que dans l'écriture d'un langage populaire, il n'y a souvent pas de règles sévères quand ça vient à l'épellation d'un mot. Par exemple, Léandre Bergeron écrit pantoute avec un «a» tandis que David Rogers l'a écrit avec un «e», pentoute. Puisqu'il existe peu de dictionnaire sur le langage populaire, l'auteur doit souvent se servir de son bon jugement et d'écrire phonétiquement.

Plusieurs de mes pièces de théâtre ont été écrites dans un langage populaire de l'Ouest et il arrive souvent que des comédiens et des metteurs en scène s'arrêtent sur un mot ou un autre et ne savent pas ce que ça veut dire. C'est que j'ai essayé de l'écrire phonétiquement. Par exemple, comment écririons-nous «je suis» de la façon que les gens d'ici le prononce? J'sus ou chus.

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