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Écornifler


Il arrive parfois, dans l'évolution d'une langue, qu'un terme prend un nouveau sens ou que l'ortohographe change au cours des années. Il y a déjà plusieurs mois, l'abbé Roland Gaudet de Wakaw m'a suggéré le mot ripousse qu'on utilisait dans la région de Bellevue pour suggérer une représaille.

Le terme ripousse est probablement une déformation du mot «riposte: n.f. (1527). Vive réaction de défense, contre-attaque vigoureuse.»

Donc, le mot était utilisé pour décrire une réaction vive à une accusation: «Ça ripousse! Il n'avait rien à voir avec le vase brisé.» L'abbé Étienne Blanchard, dans son Dictionnaire du bon langage nous donne la définition suivante: «Ripousse – partir en ripousse (partir en coup de vent).» Le mot est dans notre vocabulaire depuis bien des années et le sens est toujours celui de riposte ou de réaction vive.

Écornifler par contre est accepté dans la plupart des dictionnaires, mais le sens de ce mot a changé au cours des années. Selon le Petit Robert, écornifler veut dire «se procurer ça et là aux dépens d'autrui (quelques aubaines, de l'argent, un bon repas.)» Le Petit Robert précise que le terme est un croisement de écorner (décorner) et de l'ancien français nifler (renifler).

L'abbé Blanchard concorde avec la définition du Petit Robert, puisque le bon curé écrit: «écornifler signifie vivre, manger aux dépens d'autrui.» Toutefois, il précise que le terme «n'a pas le sens de espionner, moucharder, fureter, épier.»

Toutefois, chez-nous, comme au Québec et en Acadie, le mot écornifler a pris le sens d'espionner. Selon Léandre Bergeron, écornifler est un verbe transitif voulant dire «chercher à voir ce qui se passe chez les autres.»

Dans le Glossaire du vieux parler acadien, Ephrem Boudreau propose: «écornifler v. intr. Se faufiler parmi les gens pour saisir, en espion, ce qu'ils disent; moucharder.» C'est bien avec ce sens du mot en tête que certains Fransaskois se rendront au Rendez-vous Fransaskois les 10, 11 et 12 novembre prochain à Régina. Leur but, d'écornifler les conversations des autres afin d'avoir un meilleur sens de l'avenir de la francophonie en Saskatchewan.

Allain St-Cyr du Service fransaskois d'éducation aux adultes me téléphone il y a quelques semaines pour suggérer l'expression une bonne beurrée. Cette expression était plutôt courante dans nos foyers canadiens-français il y a une vingtaine d'années, à une époque où nous n'avions pas encore été vendus sur les malheurs du beurre pour la santé; à un moment où la margarine n'avait pas encore fait une percée monstre dans nos vies. Une bonne beurrée c'était une belle grosse tranche de pain bien couverte de beurre de la ferme.

Comme Allain St-Cyr, j'étais persuadé que c'était une expression bien régionale, alors que je découvre dans le Dictionnaire du bon langage que cette expression est juste. Selon l'abbé Blanchard, une beurrée est utilisée lorsqu'on parle d'une tranche de pain recouverte de beurre.

C'est plutôt lorsqu'on parle d'une beurrée de confiture qu'on fait erreur selon l'abbé Blanchard. Selon lui, on devrait dire une tartine de confiture, de miel, etc. au lieu d'une beurrée. Le Petit Robert précise que le terme beurrée est utilisé depuis 1585 pour décrire la tartine de beurre.

David Rogers, dans son Dictionnaire de la langue québécoise rurale, relève un exemple de l'utilisation d'une beurrée dans la littérature québécoise. «Beurrée (beulée): tartiner de beurre et de confiture. "Berlouin, l'estomac secoué par la marche et dilaté par le grand air, regrette un peu de n'avoir pas demandé une beurrée, à la belle forestière."» La Terre du huitième, page 23.

Enfin, Léandre Bergeron ajoute un autre sens au mot beurrée. Dans son Dictionnaire de la langue québécoise il écrit: «Une beurrée. Beaucoup, cher. Ça va lui coûter une beurrée Dans ce sens, on peut dire avec toute honnêteté que la nouvelle taxe sur les biens et les services que propose de nous imposer Michael Wilson va nous coûter une beurrée. Il est alors peut-être le temps de faire une bonne beurrée de tous les politiciens, surtout qu'ils semblent déjà avoir la tête en confiture.

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