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Guetter


Lorsque je parlais la semaine dernière de notre tendance d'emprunter des mots anglais et d'ens faire des verbes, je mentionnais que Léandre Bergeron, dans son Dictionnaire de la langue québécoise en relèvait une couple. Bien sûr, je ne vous en ai présenté qu'un exemple, matcher. J'en avais trouvé un deuxième exemple.

«Originer v. intr. Avoir son origine. Ex. Ce mot origine de l'anglais.»

Gérard Dagenais, dans son Dictionnaire des difficultés de la langue française au Canada, nous dit que l'adjectif originé a déjà fait partie de la langue française, mais qu'origine n'a jamais été utilisé comme verbe. «Le mot origine, qui s'emploie comme synonyme de cause, commencement, début, extraction, naissance, point de départ, provenance, source, etc. est un très vieux vocable. Au XVIe siècle, il a donné naissance à l'adjectif originé, qui n'a pas vécu longtemps.»

Toutefois, dans certaine partie du pays, on va dire originer – avoir son origine. Selon Dagenais, «c'est commettre une faute sous l'influence de l'anglais... Il ne faut pas dire le feu a originé dans le sous-sol, mais le feu a pris naissance ou a commencé dans le sous-sol.»

Dagenais soulève toutefois un élément intéressant anglo-franco dans le terme origine. Il précise que la langue anglaise a emprunté du français le mot origine pour en faire origin «qui a servi à former un verbe, to originate.» Hélas, on ne doit pas réemprunter de l'anglais pour faire un verbe français originer.

Comme je l'ai mentionné à plusieurs reprises, il y a des termes qu'on utilise couramment en Saskatchewan et dont on n'est plus certain s'ils sont corrects! ou non. Dernièrement, j'ai entendu un mot qui m'a fait bourdonner l'oreille. C'est un verbe que j'avais souvent entendu dans la région de Bellevue. Est-ce du bon français ou de la parlure fransaskoise?

Il s'agit du verbe guetter. J'ouvre mon Petit Robert et je trouve la définition suivante: «Guetter v. tr. Surveiller avec attention pour se prémunir contre un danger, pour attendre un événement que l'on prévoit ou espère.» Le terme est donc acceptable en français.

Au Canada français, toutefois, le verbe guetter a pris un autre sens, celui de barrer le chemin. Léandre Bergeron nous propose la définition suivante: «Guetter Veiller à ce que quelqu'un ou quelque chose ne passe pas. Barrer le chemin à. Ex. Mets-toué à la barrière pis guette les poules.» C'est dans ce dernier sens que j'ai entendu le terme récemment.

Une expression a vu le jour au Québec à partir de guetter. Il s'agit de l'expression guetter les sauvages qui voulait dire «attendre un enfant, être sur le point d'accoucher.» Dans le roman Marie-Didace de Germaine Guèvremont, on lit à la page 73: «Un jeune marié, faut qu'il guette les Sauvages La semaine prochaine, je vous raconte l'histoire derrière cette expression.

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