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Hiver


Roger Fournier, dans son roman Les Filles à Mounne écrivait: «L'hiver, c'est les quatre points cardinaux réunis par la nudité, par l'absence de fruits et par une immense blancheur froide. Entre les quatre points cardinaux ainsi réunis, comme les quatre piliers d'un astre imaginaire, il y a encore le vent. Au milieu du vent, il y a des hommes qui vont, qui viennent, le regard fixé vers quelque chose qu'on ne voit pas: ils se sont élevés au niveau de l'hiver. On ne peut plus les suivre. L'hiver, c'est la lune sur la terre.»

L'hiver s'en vient à grand pas; bientôt nous serons pris dans les tempêtes de corneilles, les vents pour écorner les boeufs et les poudreries d'hiver. Les fermiers ont terminé les travaux d'automne et ils n'aimeraient rien de mieux que de voir la terre recouverte d'un beau tapis de neige.

Dans d'autres chroniques j'ai déjà abordé des termes d'hiver: les chinooks, les poudreries, la slouche, etc. Toutefois, il y a des expressions dans notre vocabulaire qui parlent de l'hiver; qui décrivent les rigueurs que nous allons connaître au cours des prochains mois.

Monsieur Wilfrid Fortier de Chase, Colombie-Britannique me suggérait récemment l'expression il vente assez fort pour écorner les boeufs. Monsieur Fortier est originaire de Debden, mais cette même expression m'a également été suggéré par Réjeanne Geoffrion-Flichel de Regina. Semble-t-il que l'on disait cette expression dans tous les coins de la province.

Pierre DesRuisseaux, dans son Livre des expressions québécoises, définit cette expression comme «étant un vent d'une forte vélocité.» Selon DesRuisseaux, l'expression est exagérée mais toute personne ayant connu les grands vents du Sud de la Saskatchewan doit se demander si elle est tellement exagérée pour notre coin du pays.

Quand les grands vents du nord balaient la prairie dénudée d'arbres, atteignant une vélocité de quarante à cinquante kilomètres heure, nous pourrions être poussés à croire qu'il serait en mesure d'écorner le plus farouche des boeufs.

Cette expression n'est pas exclusive au Canada français quoi qu'elle diffère légèrement de celle utilisée en France – une bise pour décorner les boeufs. Mon Petit Robert me dit qu'en France bise est utilisé pour décrire «un vent sec et froid soufflant du Nord ou du Nord-Est.»

Le boeuf figure dans une autre expression canadienne-française qu'on rattache souvent à l'hiver. Par exemple, on va dire: «le ciel est traître comme un boeuf maigre» ou encore «les routes sont traîtres comme un boeuf maigre L'expression traître comme un boeuf maigre est utilisée pour signifier quelque chose d'imprévisible, de sournois. Cette expression peut être utilisée pour décrire une personne, mais ici en Saskatchewan elle semble être utilisée surtout pour parler de l'imprévisibilité du temps.

Réjeanne Geoffrion-Flichel m'a suggéré une autre expression qui était couramment utilisée par sa famille à Gravelbourg. Il s'agit d'une tempête de corneilles, c'est à dire la première grosse tempête de neige de l'année, la première grosse chute de neige de l'année. Cette expression semble être peu commune et je n'ai pu trouver aucune définition ou référence dans aucun dictionnaire.

Toutefois, une autre expression, plus commune et aussi colorée, nous est suggéré dans le Dictionnaire de la langue québécoise par Léandre Bergeron. Il s'agit de l'expression un temps de chien. Oui, mesdames et messieurs, nous devons nous préparer pour un temps de chien puisque tous les experts nous avisent que cette hiver sera dur. Maintenant, je ne suis pas certain si ces experts parlent de température ou d'économie!

En terminant, une petite correction suggéré à tous les annonceurs de Radio-Canada. Vous dites constamment qu'on peut s'attendre à une averse de neige. Dans mon Petit Robert, lorsqu'on parle d'une averse, on parle de pluie. Lorsqu'on parle de neige, on parle d'une chute. Dorénavant, on devrait dire une chute de neige et non pas une averse de neige. À moins, bien sûr, que les experts linguistiques de Radio-Canada en ait décrété autrement.

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