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Mêler (se):


Le parler Métis (Métchif), comme je l'ai mentionné à plusieurs reprises, a énormément influencé la parlure fransaskoise, comme l'a fait le langage populaire du Québec, celui de l'Acadie et autres. Dans une autre chronique, j'ai abordé certains termes métchifs que l'on a par la suite retrouvé dans le parler de plusieurs Fransaskois – par exemple parsonne (personne) et mainson (maison). Ayant été élevé à Bellevue, tout près de Batoche, je me souviens avoir entendu et même utilisé l'expression c'est ben sartain que, «c'est bien certain que».

En parcourant le Dictionnaire de la langue québécoise rurale de David Rogers, je me rends compte que le terme certain (sartain) est souvent mal utilisé dans le vocabulaire quotidien de nombreux Fransaskois.

Selon Rogers, certain est souvent utilisé quand on veut dire certainement, sûrement et sans aucun doute. Il relève cet exemple du roman Trente Arpents de Philippe Ringuet (page 325): «Encore une semaine de même, pi les patates vont pourrir certain Je viens de planter des patates ce soir et je trouvais cette citation appropriée. Je me demande si je l'ai fait au bon temps de la lune?

Revenons au dictionnaire de David Rogers. Il précise que les Canadiens-Français utilisent souvent le mot certain dans le sens de pour le certain (certainement). Toujours dans le roman Trente Arpents on peut lire à la page 41: «Malgré son dire, il avait pour le certain de l'argent de côté.»

Pour revenir à cette expression que je me souviens avoir entendu et utilisé durant ma jeunesse – «c'est ben sartain que» – non seulement que la prononciation de sartain avait été changée, mais nous aurions dû dire «c'est bien sûr que». Rogers a trouvé cette petite perle dans le roman Les Jours sont longs, page 57: «J'ai raison? Certain que j'ai raison.»

Déjà en 1915, l'abbé Étienne Blanchard exhortait les Québécois à corriger cette utilisation et de dire plutôt certainement.

Étant un bon Fransaskois, j'ai souvent tendance à me mêler de toutes sortes d'affaires qui ne me regardent pas. C'est dans ma nature, voyons! Quel serait le but de continuer à être Fransaskois si on ne pouvait plus se mêler de ce qui ne nous regarde pas? Je l'sais! Je l'sais! L'A.C.F.C. préférerait que je me mêle de mes affaires. C'est plus fort que moi, coudon!

On entend souvent des gens dire se mêler de ses affaires. Dans le Dictionnaire de la langue québécoise de Léandre Bergeron, on peut lire: «Mêler (se): v. pron. – s'embrouiller. Ex. J'me mêle toujours quand j'arrive à c'te ligne-là. Se mêler de ses affaires – s'occuper de ses affaires.»

En Saskatchewan, se mêler est souvent utilisé dans les deux sens cités par Bergeron. Souvent, on se mêle dans nos directions, surtout quand nous sommes en campagne et que nous arrêtons demander des directions: «Ben, tu vas deux milles au nord, jusqu'à la ligne de correction, pis ensuite tu tournes vers l'ouest – pour trois-quarts de mille. Là, t'arrives à la ferme du vieux Jos, tourne au sud, un demi mille, pis t'es là.» Où? Je n'sais même pas où est le nord!

Terminons cette chronique en citant deux exemples tirés du livre de David Rogers. La première vient du roman À la hache, page 16: «Je vole une ligne au contremaître, toute mêlée dans son chapelet, sur un clou, et me sauve au lac.» La deuxième est tirée du roman Vézine, de Marcel Trudel, page 62: «Il se vantait de connaître les chantiers d'en haut comme ses prières et il ajoutait immanquablement: – Mieux que mes prières, parce que je me mêle des fois.»

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