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MétchifRécemment, le Théâtre de l'Épinette de Prince Albert présentait une traduction d'une pièce de Geoff Ursell et Barbara Sapergia, Le géant Beaupré. Cette traduction est de Solange Lavigne de Prince Albert. Le texte français me semble plus intéressant que la version originale puisque la traductrice a choisi d'y ajouter des mots et des expressions tirés du dialecte Métis. Edouard Beaupré, le géant de Willow Bunch, était d'origine Métisse. Puisque le dialecte Métis (ou métchif) est difficile à traduire en anglais et que de moins en moins de jeunes Métis parlent le français, le dialecte est en voie de disparition. Dans la traduction de cette oeuvre, Mme Lavigne a fait appel à deux vieux Métis de la région St-Louis–Duck Lake, Méderic Macdougall et Marie Pelletier. Le travail de Mme Lavigne vient s'ajouter aux recherches qu'a effectué Robert Papen sur la langue métisse. La plupart des mots dans la langue métchif proviennent du français et c'est surtout au niveau de la prononciation qu'il y a différence. Par exemple, dans ce dialecte, les «ti» sont prononcés avec un son «tchi». Donc, Métis devient métchif et petit devient p'tchi. Il faut noter que dans plusieurs des communautés fransaskoises situées près d'une communauté métisse, la prononciation fransaskoise de plusieurs mots a pris celle du dialecte métchif. Ainsi, dans des communautés comme Bellevue et Duck Lake, on entend souvent les gens dire se coltoyer au lieu de dire se battre ou se tirailler, quarreck au lieu de très bien, awouère à la place d'avoir et ienque remplace souvent rien que. Les Fransaskois semblent avoir emprunté d'autres prononciations au dialecte métchif – parsonne (personne), saleil (soleil) et mainson (maison). Le dialecte métchif, comme la parlure fransaskoise, a été influencé par l'anglais. Donc, on retrouve dans ce dialecte des mots comme ouawtchi (to watch) pour surveiller et outfit pour attirail. Dans ce dernier cas, les Métis disaient souvent bastringue quand ils parlaient de leur moyen de transport. La bastringue comprenait le team de chevaux ou un seul jouel (ou joual) et la waggine ou le wagon. Les Métis sont apparentés aux tribus autochtones du Nord-Ouest et dans le dialecte métchif, lorsqu'on parlait des cousins Indiens on faisait référence aux shavages (sauvages). Toutefois, le mot shavage n'était pas utilisé de façon dénigrante par les Métis comme fut le cas avec les Français ou même les Anglais. Il était même utilisé avec affection: nos frères les shavages. Les Fransaskois prononcent aussi certains mots comme les métchifs. Comme ces derniers, les Fransaskois disent encore alentour d'icitte quand ils parlent des environs, du voisinage; on va dire l'affaire (les Métis disent affire) pour la chose et têt' ben au lieu de peut-être. En terminant cette semaine, voici un petit test du parler métchif. Il faut trouver la bonne réponse:
Les réponses: 1-d; 2-g; 3-f; 4-h; 5-c; 6-b; 7-a; 8-e. Le Théâtre de l'Épinette, en produisant la pièce Le géant Beaupré, est en train de nous transmettre l'héritage métis et nous pousse à repenser à l'origine ou à la prononciation de certains mots qu'on utilise couramment. |