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Mitaine protestante


Il y a plusieurs semaines, je vous ai proposé le test suivant où vous deviez trouver la réponse à l'expression dans la laquelle le terme queue était utilisé.

  1. Queue de rat
  2. Queue-de-poêlon
  3. En queue de chemise
  4. Queue de pipe
  5. La queue sur le dos
  1. talon de pipe
  2. aller vite
  3. lime pour aiguiser les couteaux
  4. larve de moustique
  5. en chemise de nuit

Réponse: a-3, b-4, c-5, d-1, e-2.

L'expression queue de rat m'avait été suggérée il y a plusieurs mois. La personne qui m'avait soumis le terme m'avait dit que chez-eux on disait une queue de rat pour parler de la lime utilisée pour aiguiser les couteaux.

Semblerait-il que cette expression est vieillie et souvent utilisée dans le mauvais contexte. Selon Louis-Alexandre Bélisle, dans son Dictionnaire nord-américain de la langue française, «queue-de-rat est un terme au féminin pour parler de la lime ronde et effilée pour agrandir les orifices.» Ce n'est pas cette lime qu'on utilise pour aiguiser les couteaux.

Par contre, dans le Dictionnaire général de la langue française (1924), Hatzfeld et Darmesteter propose le terme queux qui, selon eux, veut dire: «pierre à aiguiser.»

Le Petit Robert nous aide à trouver la racine du terme queux – «n.f. XIIe siècle; latin cos.» En fouillant dans mon vieux dictionnaire Latin-Français (un des rares livres que j'ai conservé de mes années d'études au Collège Mathieu), j'ai trouvé la définition suivante: «cos, cotis: f. pierre dure, caillou, pierre à aiguiser.»

Dans le dictionnaire Larousse de l'ancien français, on m'informe que «coe, cue f. (1080 du latin populaire coda pour queue

Donc, si monsieur Bélisle a raison, on ne devrait pas dire une queue de rat pour décrire la lime pour aiguiser des couteaux, mais tout simplement la queux ou la queue.

Le père Deshayes des Oblats de Marie-Immaculée vient de m'écrire pour me proposer trois termes. Il écrit: «Ton texte dans l'Eau Vive m'intéresse et me fait revivre un passé intéressant. Voici trois mots que nous comme petits gars nous nous servions chez-nous. La mitaine protestante, la bécosse et le wopille

Si j'arrêtais maintenant, combien de ces termes pourriez-vous identifier? Pour être honnête avec vous, je n'en connaissais qu'un seul – la bécosse que j'ai déjà utilisé dans une autre chronique.

La mitaine protestante est une belle expression qui, selon le père Deshayes, veut dire un «meeting». Mettons-nous tous d'accord pour dire que l'A.C.F.C. fait beaucoup trop de mitaine protestante. Ce n'est vraiment pas catholique de leur part.

L'expression est-elle une invention du père Deshayes? Selon Bélisle, «Figuratif pour l'Église protestante; il va à la mitaine. Office du culte protestant. (De l'anglais meeting.)»

Au XIVe siècle, le terme mite voulait dire «un grand assemblée.» Mite est devenu mitaine par la suite.

En terminant, wopille était le terme qu'utilisait les Deshayes pour identifier le «wood pile» ou le tas de bois. Enfin, chez les Canadiens-français on disait parfois wop ou wops. Il s'agissait d'une déformation phonétique et sémantique de wasp, abbréviation de «White Anglo-Saxon Protestant».

Avec la mitaine protestante et le wopille, essayerions-nous de dire que l'A.C.F.C. passe trop de temps derrière le tas de bois à se préoccuper des pauvres Anglo-Saxon?

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