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Mouche de moutardeAvant l'avènement du Medicare, des grandes routes asphaltées et des moyens de transports rapides, nos parents et grands-parents ne pouvaient pas se rendre facilement dans les grandes villes pour consulter un médecin lorsqu'ils étaient malades. Donc, la tâche de soigner les malades revenait généralement à la mère. Celle-ci avait une série de remèdes ou de trucs pour guérir tel ou tel malaise. J'espère que dans un avenir rapproché un Fransaskois fera une étude sur ces remèdes-maison qu'utilisaient nos mères et nos grands-mères. Plusieurs de ces pratiques sont issues de la France, de la Belgique et du Québec, mais bien d'autres ont leurs racines dans l'Ouest, ayant été utilisées depuis des siècles par les autochtones et les Métis. La raison pour laquelle je parle de ces remèdes-maison c'est qu'une amie vient de finir de lire le roman d'Arlette Cousture «Les filles de Caleb – Tome 1 – Le chant du coq». Dans ce roman, l'auteur parle d'une mouche de moutarde. Mon amie n'avait jamais entendu cette expression auparavant. Et heureusement que l'auteur avait ajouté un lexique. Voici la définition que Mme Cousture donne pour mouche de moutarde: «cataplasme à la moutarde que l'on mettait sur la poitrine pour faciliter la respiration.» Ce remède était utilisé chez nous quand j'étais jeune. J'ai alors demandé à ma mère de nous expliquer davantage comment on préparait une telle mouche de moutarde. Selon elle, la recette était la suivante: «On utilisait trois parties de farine pour une partie de moutarde que l'on démêlait avec un peu d'eau pour en faire une pâte. Ensuite, on étendait la pâte sur un morceau de linge (une guenille) et on le plaçait sur la poitrine ou sur le dos du malade pour quelques minutes. La mouche de moutarde servait à dégager les poumons.» Selon ma mère, le remède a été utilisé dans l'Ouest jusqu'au début des années 1960 lorsque les médecins l'ont déconseillé. Certes, ce traitement n'est pas nouveau puisqu'il a même un nom assez complexe – sinapisme «n.m. (1572; latin d'origine grammaticale sinapismus). Traitement révulsif par application d'un cataplasme à base de farine de moutarde.» (Petit Robert) Généralement, nos parents et grands-parents disaient tout simplement une mouche. David Rogers, dans son Dictionnaire de la langue québécoise rurale, a relevé l'expression dans le roman «Un homme et son péché» de Claude-Henri Grignon, page 85. «C'est de la moutarde, pour faire une mouche, de la graine de lin pour une tisane, pis cette bouteille-là, icit' c'est du sirop de navet.» Pierre DesRuisseaux, dans son Livre des expressions québécoises, relève une déviation de l'expression. Selon lui, l'expression se faire mettre les mouches voulait dire «Recevoir une correction, une semonce. Référence à la mouche de moutarde, ce cataplasme que nos mères appliquaient sur la poitrine de qui était atteint de la grippe, et qui brûlait littéralement la peau.» |