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PatcherComme je l'ai mentionné auparavant, certains anglicismes sont entrés dans le vocabulaire fransaskois à cause de notre isolement de la mère patrie. À l'époque de la colonisation, le gouvernement du Canada n'avait pas encore reconnu le bilinguisme officiel et il n'y avait pas ce qu'on connait aujourd'hui comme l'affichage bilingue. À cause de cet isolement, les colons empruntaient souvent des mots de l'anglais. Le docteur Rosario Morin me suggère souvent des anglicismes et dans cette chronique je voudrais en explorer trois. Le docteur Morin écrit: «Je suis bâdré par le terme dispatcher. Je ne connaissais pas le terme français pour ce mot. J'ai appelé télécommunication CNCP qui traduit par répartiteur. Sur le chemin de fer, le dispatcher donnait un message à l'ingénieur au vol, sans que le train s'arrête! C'était au moyen d'un panier ou d'un net, un filet que l'ingénieur poignait comme on capte un papillon.» Selon le dictionnaire anglais-français Harrap, le terme dispatcher est traduit par régulateur ou contrôleur – celui qui s'occupe du mouvement des trains, des avions, etc. Dans le Petit Robert, on trouve le terme «répartiteur: n.m. (1973) technologique, responsable du mouvement des produits pétroliers. (Recommandation officielle pour remplacer dispatcher.)» Toujours dans le Petit Robert, on trouve le mot «dispatcher: n.m. (1945) mot anglais. Celui qui s'occupe d'un «dispatching». Recommandation officielle – régulateur. On peut alors utiliser un des trois mots suivants pour remplacer dispatcher – régulateur, contrôleur ou répartiteur. Le docteur Morin poursuit son histoire des dispatchers en nous racontant l'histoire suivante. «Alors que John Diefenbaker était un jeune avocat, il défendit un employé du chemin de fer qui avait omis de faire le message ou qui avait donné le mauvais message. Il s'en est suivi un accident et une mortalité. Accusé d'homicide, l'employé avait été exonéré par le grand John.» Si je me fie aux histoires que j'ai entendues au sujet de John Diefenbaker, cet avocat saskatchewannais n'aurait jamais perdu un seul cas, comme le célèbre Perry Mason. Un autre terme anglais très commun chez les Fransaskois c'est le mot patchy ou patcher. Le terme était souvent utilisé au lieu de rapiécer ou réparer. Par exemple, on allait patcher un tube de bicyclette ou de voiture à cette époque avant l'arrivée des pneus tubeless – sans tube. Ou encore, on allait patcher la clôture pour empêcher les animaux de sortir. Gilles Colpron, dans son Dictionnaire des anglicismes, nous donne la définition suivante: «patcher, patché, patchage, repatcher – poser une pastille à (une chambre à air), rapiécer, mettre une pièce à (un pneu, un tuyau de pompe à air, etc), rapiécer (péjoratif), rapetasser (un vêtement, une surface quelconque) "des jeans vendus patchés".» En Saskatchewan, depuis quelques années, le patchage est la mesure adoptée par le gouvernement Devine pour l'entretien des grandes routes. Et, n'oublions pas la plus grande job de repatchage dans l'histoire du Canada, l'oeuvre de Brian Mulroney connue sous le nom du Lac Meech. Enfin, certains diront, surtout au Manitoba, que cette tentative de patchage est une véritable job de broche à foin. Ce terme anglais ne semble pas avoir été commun dans l'Est du pays et on le retrouve seulement dans le Dictionnaire de la langue québécoise de Léandre Bergeron. Comme je l'ai déjà mentionné, Bergeron est originaire du Manitoba et plusieurs termes dans son dictionnaire sont d'origines manitobaines et non pas québécoises. En terminant, le mot gang est généralement utilisé pour décrire des bandes de jeunes qui rôdent les rues des grandes villes. En Saskatchewan, comme nous le rappelle le docteur Morin, gang est toujours utilisé pour décrire les gens d'une région – «la gang de Ferland ou la gang de Gravelbourg». Et, comme on l'a vu lors du récent Rendez-vous Fransaskois à Régina, chez les Fransaskois nous avons les gangs d'intérêts particuliers, exemple «la gang de l'ACFC versus les communautés fransaskoises». |