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Péquat


En fin de semaine, de passage à Saskatoon, je me suis fait arrêter par la police municipale de cette ville. Rien de sérieux! Comme tant d'autres je participais à ce rituel annuel qu'on connaît si bien par son nom anglais, le «check-stop». C'est le temps des soirées de Noël et les policiers de la province arrêtent, au hasard, des automobilistes afin de savoir si ceux-ci ont trop consommé d'alcool pendant la soirée.

J'étais chanceux. Je revenais de la grande première de la pièce, Prairie Vaudeville au théâtre Twenty-fifth Street, mais contrairement à mes habitudes je n'étais pas resté pour le «party» qui suit généralement ces premières. Je n'avais donc pas consommé d'alcool. Après quelques questions, les policiers m'ont permis de repartir.

Cet épisode m'a fait penser à une lettre que j'ai reçu en octobre de Marie-Louise Perron, archiviste francophone aux Archives de la Saskatchewan. Mme Perron écrit: «un client des Archives m'a écrit il y a quelque temps au sujet de la généalogie de plusieurs familles dans son coin de pays. La description des activités qui eurent lieu à cette époque-là comprenait la fabrication de péquat, une boisson fermentée. J'aimerais savoir si d'autres personnes dans la province connaissent ce mot.»

Par le truchement de cette chronique, nous vous invitons à nous écrire un mot si vous avez déjà entendu ce terme auparavant. Et puisque les fêtes arrivent à grands pas et que la plupart d'entre nous allons fêter Noël et l'arrivée de la nouvelle année avec un petit verre, profitons de l'occasion pour parler d'expressions fransaskoises rattachées à la consommation et à la fabrication d'alcool.

Ceux d'entre nous qui sommes d'origine québécoise connaissons le gin blanc, un alcool pur de fabrication domestique. Et, même si on ne connaît pas le terme péquat, on a sans doute entendu parler de la piquette, du homebrew, du moonshine et des vins maisons – vin de pissenlit et vin de patate. Nos ancêtres canadiens-français n'étaient pas contre la fabrication illégale et de la consommation d'un peu d'alcool.

Saviez-vous que la Saskatchewan a déjà eu un référendum sur la prohibition de la vente et de la consommation d'alcool? En effet, la plupart des provinces ont tenu des référendums sur cette question entre 1912 et 1920. Ceux qui favorisaient la prohibition étaient les dry; les imbibeux de l'autre côté de la clôture étaient les wet. En Saskatchewan, comme en Alberta, les communautés de langue française se rangeaient généralement du côté des wet. Le mouvement de tempérance n'a jamais établi de racine dans nos villages canadiens-français de l'époque.

Durant la Prohibition américaine, pendant la grande dépression, la Saskatchewan fut célèbre pour ses bootleggers. La famille Bronfman de Montréal a commencé son empire «Seagrams» en fabricant et en transportant illégalement du whiskey aux États-Unis. La rumeur populaire veut même que l'un des grands chefs de la Mafia américaine, Al Capone, ait eu un pied-à-terre à Moose Jaw – dans des tunnels sous-terrains.

Combien d'entre nous n'avons jamais entendu les expressions suivantes: pacté comme un oeuf, avoir mal aux cheveux, c'est le lendemain de la veille, passer la nuit sur la corde à linge, et même avoir un p'tit coup dans l'corps.

Pendant la saison des fêtes, si vous avez un p'tit coup dans l'corps, puis-je vous recommander d'appeler un taxi. Les «check-stops» se poursuivront jusqu'au mois de janvier. Joyeux Noël et bonne et heureuse année.

NOTE: Plusieurs des termes et expressions utilisés dans la Parlure fransaskoise sont tirés de Histoire des Franco-canadiens de la Saskatchewan de Richard Lapointe et Lucille Tessier. C'est un livre que je recommande fortement comme cadeau de Noël.

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