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Piastre


J'ai l'habitude de griffonner sur des bouts de papiers les mots et les expressions que me suggèrent les gens. Hélas, il m'arrive d'oublier d'inclure certaines de ces suggestions dans mes chroniques. J'ai alors décidé de ressortir tous les bouts de papiers et toutes les lettres que j'ai reçu pour m'assurer que je n'oublierais pas aucun des mots suggérés. Au cours des prochaines semaines, je vais m'attarder à ces suggestions avant de passer aux plus récentes lettres.

Le 11 novembre dernier, madame Thérèse Lefebvre-Prince de Yorkton me suggérait le mot piastre. Elle écrit: «Au début de la colonisation de la Nouvelle France le mot livre était l'unité monétaire d'usage, plus tard remplacé en France par le franc. Avec le passage du temps au Canada, on remplaçait livre par le mot piastre, d'origine italienne, durant l'époque de commerce avec le Mexique. Ce fut l'unité monétaire transplantée dans l'Ouest Canadien-français. Les États-Unis adoptèrent le terme dollar qui fut accepté aussi comme traduction française. Piastre qui était traduit en anglais piaster semble s'être perdu comme mot acceptable après la conquête. On le trouve dans plusieurs anciens livres d'histoire, comme "Tabeau's Narrative of Loisel's Expedition to the Upper Missouri" edited by Annie Heloise Abel – translation from the French by Rose Abel Wright, University of Oklahoma Press, Norman 1939.»

Madame Lefebvre-Prince ajoute qu'elle a l'intention d'utiliser le terme piastre comme traduction de dollar dans son étude historique bilingue de Dollard qu'elle est en train d'écrire.

Madame Lefebvre-Prince a raison quand elle mentionne qu'au début de la colonisation, le terme communément utilisé était livre. À cette époque, les gens étaient réticents d'accepter de l'argent imprimé sur du papier. Ils voulaient être payés en or, en argent ou en cuivre. Toutefois, l'or et l'argent se faisaient rare à cette époque et en 1685, l'Intendant Jacques de Meulles crée son propre argent en prenant un jeu de cartes, en y écrivant la dénomination quatre livres et en signant la carte. (Source: Horizon Canada, numéro 43)

Anciennement, le terme piastre était utilisé pour désigner l'unité monétaire de plusieurs pays. Aujourd'hui, piastre est toujours en usage dans des pays comme le Liban, l'Égypte et l'Indochine. Madame Lefebvre-Prince a sans doute raison quand elle dit que le mot est entré dans notre vocabulaire via le Mexique ou l'Espagne.

Aujourd'hui, le terme est encore utilisé couramment, tant au Québec que dans l'Ouest. David Rogers, dans son Dictionnaire de la langue québécoise rurale, a relevé l'utilisation suivante du mot piastre dans la littérature québécoise: «Il comptait bien faire un autre mille piastres avant le printemps.» La Forêt, page 108.

Toutefois, il relève aussi une autre épellation pour le mot, soit piasse: «S'il était content! Il m'a donné quinze piasse de cadeau.» Les Jours sont longs, page 20.

La Parlure fransaskoise se veut une chronique qui vous présente des mots de deux piastres et quart. C'est la première fois que vous entendez cette expression? Dans le Livre des expressions québécoises, Pierre DesRuisseaux nous propose, entre autre, cette expression. Un mot de deux piastres et quart, c'est un mot ou un terme recherché.

L'autre expression que nous suggère DesRuisseaux: avoir les yeux grands comme des piastres. Traduction: «avoir les yeux démesurément grands». Selon l'auteur du Livre des expressions québécoises, il y avait aussi une variante à cette expression, soit «avoir les yeux grands comme des trente sous.»

En terminant, revenons au Dictionnaire de la langue québécoise rurale pour y trouver la citation suivante: «Y'me semble la voir devant moé, avec ses beaux yeux bruns grands comme des piastres La Terre du huitième, page 36.

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