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PonceL'histoire de l'alcool, ou plutôt de la prohibition de l'alcool, au Canada et aux États-Unis est une partie excitante de notre passé. La Saskatchewan, par exemple, fut la première des provinces canadiennes à adopter une loi de la prohibition en 1915. Les autres provinces ont suivi notre exemple, à l'exception du Québec. Cette dernière a adopté une loi semblable aux autres provinces en 1918, mais elle amenda sa loi pour la rendre neutre avant même qu'elle soit entrée en vigueur. Même si la Saskatchewan fut la première des provinces à adopter une loi de la prohibition, cela ne veut pas dire qu'il y avait unanimité de la part de ses concitoyens pour abandonner la consommation de dame alcool. En Saskatchewan, comme ailleurs, on tenait des référendums pour savoir si le public était d'accord ou non avec l'idée de prohibition. Invariablement, les communautés francophones votaient «non» à ces référendums. Serait-ce que les Canadiens-français aimaient leur piquette plus que les anglophones? Les lois de prohibition furent abolies au Canada vers la fin des années 20, justement au moment où les États-Unis s'embarquèrent dans la même grande aventure. Où les trafiqueurs d'alcools américains allaient-ils prendre leur «booze»? Au Canada, bien sûr, et surtout en Saskatchewan. La famille Bronfman a commencé à amasser sa fortune dans cette province. Dans une chronique précédente j'avais parlé de termes communément utilisés en Saskatchewan pour parler de l'alcool – la piquette, le homebrew, le moonshine et le péquat. Un terme commun que j'avais négligé de mentionner dans cet article est la ponce. Ma mère et mon père se faisaient une bonne ponce lorsqu'ils avaient un rhume, ou même juste un petit froid. Cette ponce comprenait une bonne «dose» de rye ou de scotch dans un verre d'eau chaude et une cuillère à thé de miel. Et penser qu'aujourd'hui on se contente de Neo Citran. Le Dictionnaire du français québécois, préparé par une équipe de chercheurs sous la direction de Claude Poirier, nous apprend que le terme ponce est commun au Canada depuis 1764, tandis qu'on trouve des variantes du mot (ponse, ponge, ponje et ponche) depuis 1796. La première définition qu'on donne au mot ponce est: «Boisson d'origine anglaise faite d'un mélange variable de liqueur ou d'eau-de-vie, d'eau ou de thé, de sucre, de jus de citron, etc.» Deux références à ponce ont été trouvées dans la Gazette de Québec. Le 12 juin 1766, on parle de «culiers pour verser de la ponce et des salières d'argent...», tandis que le 14 juillet 1766 ont lit: «il but à la prospérité de l'Amérique dans une grande bole de ponce qu'on avait préparée...». Le terme ponce était utilisé partout au Canada, mais est moins connus des jeunes de nos jours. Le verbe poncer, c'est-à-dire donner une ponce à quelqu'un ou soigner quelqu'un au moyen de ponces, est également commun partout au Canada. J'ai mentionné que des variantes du mot ponce ont aussi été utilisées au Canada, telle que ponche. Cette variante nous offre probablement la meilleure source d'origine du mot ponce «punch». Selon le Dictionnaire du français québécois, l'emprunt du mot «punch» à l'anglais au XVIIe siècle paraît avoir été fait aux Antilles ou en Afrique Occidentale par les marins français. La variante ponce, peu attestée en français, est pourtant celle qui s'est implantée au Québec (ou ponche est marginal). C'est seulement vers le XIXe siècle que le mot ponce a commencé à être utilisé pour décrire un remède à base d'alcool, plutôt que l'équivalent anglais de «punch». En France, c'est plutôt le mot grog qui a assumé en français le rôle joué par ponce en québécois, soit celui d'un remède. |